
Donald Trump à nouveau menacé de destitution

Donald Trump est poussé vers la sortie. Suite à l’assaut du Capitole, qui a fait cinq morts mercredi, la présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi s’est dite prête, dimanche 10 janvier, à lancer plusieurs actions rapides pour obtenir le départ du président sortant, dont une deuxième procédure de destitution. Ce dernier est en effet accusé d'avoir encouragé ses partisans à marcher sur le siège du Congrès américain, où se déroulait la traditionnelle cérémonie de certification des résultats électoraux… et donc de sa défaite qu'il n'a jamais voulu accepter.
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Il est « absolument essentiel que les responsables de l'attaque contre notre démocratie soient tenus responsables », a insisté Nancy Pelosi, dans une lettre aux parlementaires. « Il doit être établi que cette profanation a été incitée par le président. »
Un ultimatum lancé à Mike Pence
Dans un premier temps, les démocrates vont en appeler à Mike Pence. Un vote sera d'abord organisé ce lundi ou mardi sur une résolution demandant au vice-président d’invoquer le 25e amendement de la Constitution des Etats-Unis, lequel permet de révoquer un président considéré inapte à remplir ses fonctions. Il disposera ensuite de vingt-quatre heures pour répondre à l’injonction de la Chambre qui reviendrait à lui faire endosser les pouvoirs exécutifs pour les derniers jours du mandat Trump.
Mike Pence et Nancy Pelosi, le 6 janvier au Congrès. -AFP
Les appels à la démission du président sortant se sont multipliés ces derniers jours, y compris dans le camp républicain. « La meilleure chose pour l'unité du pays, ce serait qu'il démissionne », a affirmé dimanche le républicain Alan Kitzinger sur ABC. Ce « serait la meilleure option », a renchéri sur CNN le sénateur Pat Toomey. Depuis le scrutin présidentiel du 3 novembre qu'il a perdu, le milliardaire « a sombré dans un niveau de folie et a commis des actes absolument impensables et impardonnables ».
Privé de son porte-voix favori - Twitter - et lâché dans ses rangs, le républicain s'en retrouve isolé comme jamais. Selon la presse américaine, il serait même en froid avec son fidèle bras droit depuis les événements du 6 janvier. Ceci ne devrait toutefois pas influencer la décision du vice-président, jusqu'ici opposé au recours au 25e amendement.
Destitution 2.0
Si Mike Pence ne répond pas à la demande des démocrates, un nouvel impeachment pourrait être enclenché, moins d'un an après l'échec du premier. « Pour protéger notre Constitution et notre démocratie, nous allons agir dans l'urgence, parce que ce président représente une menace immédiate pour les deux », a écrit Nancy Pelosi dans sa lettre. L’article de mise en accusation est déjà rédigé. Donald Trump pourrait ainsi devenir le seul président américain de l'histoire mis en accusation à deux reprises dans une telle procédure de destitution.
Pour que la deuxième aboutisse cette fois à une condamnation, il faudra recueillir le vote de la Chambre, à majorité démocrate, avant de transmettre le dossier au Sénat. C'est là que la situation pourrait se compliquer. Alors que les démocrates y bénéficieront bientôt d'une très courte avance, ils devront convaincre 17 républicains pour réunir deux tiers des voix nécessaires pour une condamnation. Ce qui n'est pas gagné.
Un panneau condamnant l'insurrection au Capitole. - AFP
Le timing fait également débat. Compte tenu des règles de la chambre haute, un procès ne pourrait commencer avant le 19 janvier, soit la veille de l’investiture de Joe Biden, au risque de pourrir le début de son mandat, alors que le président élu veut faire de la lutte contre le coronavirus sa priorité. Pour éviter un tel scénario, certains proposent de voter l’acte d’accusation dès cette semaine, mais de ne l'adresser au Sénat que dans quelques mois.
De vraies conséquences pour Trump
L'utilité d'une telle procédure - longue et compliquée - peut sans doute en laisser plus d'un perplexes, alors que Donald Trump doit quitter la Maison-Blanche dans moins de dix jours. Quel est l'intérêt de le destituer si proche - voire même après - son départ?
Les démocrates veulent marquer l'Histoire, laisser une tache indélébile sur son mandat. « Nous devons préciser qu'aucun président ne peut mener une insurrection contre le gouvernement américain. Ce que nous faisons aujourd'hui importera pour le reste de l'histoire de cette nation », a résumé l'élue démocrate à la Chambre Ilhan Omar.
Mais l'aspect historique, hautement symbolique, n'est pas leur seule motivation. Les démocrates veulent avant tout ruiner ses projets politiques. Si Donald Trump est reconnu coupable et destitué, le Sénat pourrait voter son inéligibilité, l'empêchant de se représenter en 2024.