
Donald Trump: une fin de mandat qui lui coûte cher

Donald Trump quittera la Maison Blanche mercredi, destination la Floride. Mais, même sous le soleil du Sunshine State, loin de Washington, sa retraite présidentielle ne s'annonce pas tranquille. Visé par une deuxième procédure de destitution, qui pourrait ruiner ses projets politiques, le milliardaire autoproclamé devra également faire face à des difficultés financières.
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Celui qui a bâti son empire sur son nom est lâché de toutes parts depuis l'attaque du Capitole, que les démocrates et certains républicains l'accusent d'avoir incitée. Autrefois symbole de luxe et de réussite, la marque Trump est désormais synonyme de tous les extrêmes. De quoi faire fuir de nombreux partenaires commerciaux.
Persona non grata
À commencer par la Deutsche Bank. Considérée comme le principal créancier de Trump, la banque allemande a décidé qu'elle ne ferait plus affaire à l'avenir avec le futur-ex président américain ou avec ses entreprises, autrement que pour le remboursement des plus de 300 millions de dollars qu'il doit encore à l'établissement. Cette annonce met ainsi fin à une relation de plus vingt ans, qui avait pourtant survécu à d'autres moments critiques, comme la faillite de certains casinos du magnat de l'immobilier dans les années 90 ou encore sa première mise en accusation dans l'affaire du Russiagate.
Signature Bank, aussi, prend ses distances. La banque américaine où siégeait autrefois la fille de Donald Trump, Ivanka, a commencé à fermer les comptes personnels du républicain qu'elle gère, représentant un montant de 5,3 millions de dollars au dernier rapport officiel. L'institution s'est également engagée à ne plus collaborer à l'avenir avec aucun des membres du Congrès ayant voté contre la certification de l'élection de Joe Biden.
Les banques ne sont pas les seules à tirer un trait sur la marque Trump. Mercredi 13 janvier, le maire de New York Bill de Blasio a annoncé que la ville natale de l'homme d'affaires mettait fin aux contrats de la Trump Organization, qui confiaient jusqu'ici la gestion deux patinoires de Central Park à Manhattan et un terrain de golf du Bronx. Des contrats qui, selon le Huffington Post, lui rapportaient 17 millions de dollars par an. « Donald Trump s'est déshonoré. Il ne profitera plus de sa relation avec New York City », a déclaré le maire démocrate.
Lâché par le golf
Et puisqu’une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule, Donald Trump est également lâché par son sport favori. En signe de contestation, la Professional Golfers’ Association, a annulé dimanche dernier la tenue d’une épreuve de son championnat 2022 sur l'un des dix-sept parcours appartenant au magnat de l’immobilier. « Notre marque était en jeu », a justifié Seth Waugh, directeur général, s’en tenant publiquement à des raisons commerciales plutôt que d’évoquer le contexte politique.
Le lendemain, c'était au tour du Royal and Ancient Golf Club, l’instance dirigeante du golf mondial, d'annoncer que le complexe Trump Turnberry en Écosse, où s’est déjà joué l’Open britannique à quatre reprises, n'accueillerait pas de sitôt le plus ancien tournoi du monde.
Ces ruptures sont un coup dur pour le businessman qui a construit une partie de sa fortune, estimée à 2,5 milliards par le magazine Forbes, grâce aux investissements réalisés sur des Golf Hotels & Resorts. Une stratégie qu'il a poursuivie durant sa présidence. « Le problème n’est pas sa passion pour le golf, mais le fait qu’il a consacré une partie de son mandat présidentiel à assurer la promotion de ses complexes hôteliers en difficulté financière, laissant les factures aux contribuables », a dénoncé Jordan Libowitz, membre du groupe Citizens for Responsability and Ethics de Washington.
Endetté jusqu'au cou
Difficile de savoir quel sera l'impact exact des événements du Capitole sur son portefeuille, alors que celui-ci a déjà perdu 1,2 milliard de dollars, selon Forbes, durant ses quatre années à la Maison Blanche. Mais une certitude demeure: la Trump Organization traîne une dette de 400 millions de dollars, qui arrive à échéance… en 2021. C'est d'ailleurs une des raisons, avancées par ses détracteurs, pour laquelle Donald Trump aurait eu tant de mal à reconnaître sa défaite. Le principal concerné assurait toutefois, en octobre dernier, que cela représente « un minuscule pourcentage » de sa fortune, toujours sans donner de chiffre.
Si elle veut survivre, la marque Trump va toutefois devoir s'adapter. Certains voient Ivanka Trump comme son nouveau visage, tandis que d'autres imaginent son père en « évangéliste politique » sur sa propre chaîne de télé payante. L'avenir est incertain, mais certains experts sont confiants, dont Melissa Aronczyk, professeur en communication à l’université de Rutgers dans le New Jersey, interrogée par l'AFP: « Historiquement, les marques finissent toujours avec le temps par se remettre des scandales et controverses. »