
Marjorie Taylor Greene, l'encombrante héritière de Donald Trump

C'est une des questions qui se posaient depuis l'élection de Joe Biden à la présidence des Etats-Unis. Le trumpisme allait-il survivre à Donald Trump ? La réponse ne fut pas longue à venir et elle a un nom : Marjorie Taylor Greene. Ce n'est pas une bonne nouvelle. En considérant que cette nouvelle élue à la Chambre continue son ascension au sein du Parti Républicain, le trumpisme de demain risque d'être bien pire que celui d'hier.
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Adepte de QAnon
Marjorie Taylor Greene est une nouvelle élue républicaine de l'Etat de Géorgie. Novice en politique, elle est par contre bien connue pour ses sorties médiatiques, ses prises de position ultraconservatrices et son allégeance aux théories conspirationnistes de QAnon qui considère les démocrates comme des pédophiles sataniques et Donald Trump comme le Messie qui allait empêcher le complot de « l'Etat profond ».
Petit florilège de ses positions personnelles : aucun avion ne s'est abattu sur le Pentagone le 11 septembre 2001 ; les tueries dans les écoles sont des complots gauchistes montés pour ternir aux propriétaires d'armes à feu ; ou encore, un appui aux appels aux meurtres de démocrates dont Barack Obama et la présidente de la Chambre Nancy Pelosi.
Si ces quelques exemples ont été dits avant l'élection à la Chambre de Taylor Greene, ils ont quelque peu inquiété les membres du Congrès américain. D'autant que « MTG », comme on l'appelle déjà, siège dans des commissions parlementaires sur le budget et l'éducation. Résultat, la Chambre (à majorité démocrate) a décidé de voter pour l'empêcher de siéger à ces commissions. Ce qui a donné lieu à deux batailles rangées : au sein de la Chambre entre républicains et démocrates ; mais tout d'abord et surtout au sein du parti républicain.
Le parti républicain au bord de l'implosion
Depuis la chute de Donald Trump, le parti républicain se cherche un avenir. Deux forces s'opposent en son sein. La frange traditionnaliste qui, passé l'expérience Trump, voudrait revenir à une politique conservatrice plus calme et sensée (si on peut dire), à savoir celle de Bush et de Reagan. Les filles de Dick Cheney et John McCain en sont les nouveaux visages. De l'autre côté du prisme, il y a ceux qui ne reconnaissent pas la défaite de Donald Trump et que l'invasion du Capitole a galvanisés, les trumpistes qui flirtent (ou plongent) dans le conspirationnisme et l'extrême-droite. Cette frange a désormais le visage de Marjorie Taylor Greene.
Le Parti Républicain s'est déchiré sur la question de son éviction des Commissions parlementaires comme s'il s'agissait de prendre position sur l'avenir du parti et l'idéologie à suivre. Tractations politicardes, menaces, chantages, échanges de bons procédés... Et en fin de compte, le « Grand Old Pary » s'est mis d'accord pour soutenir l'élue géorgienne. Seuls onze républicains sur 208 ont voté contre. Les autres se sont levés pour l'applaudir.
Pour les observateurs de la politique américaine, c'est un aveu d'échec pour la frange modérée du parti et une victoire pour le trumpisme 2.0. qui se retrouve en position de force pour diriger le parti républicain. Pour beaucoup, se ranger derrière Marjorie Taylor Greene qui vient d'entrer en politique équivaut à se ranger derrière QAnon, le complotisme et l'extrême droite. Décidément, le parti d'Abraham Lincoln n'est plus ce qu'il était.