Leopold Lippens, le seigneur de Knokke disparaît, pas son souvenir polémique

Bourgmestre de la cité côtière depuis quatre décennies, Leopold Lippens est mort ce vendredi à l'âge de 79 ans. Ses propos et ses pratiques polémiques en avaient fait le symbole provocateur du grand pouvoir qu'ont les communes dans notre pays et des bonnes affaires qu’on peut en tirer.

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A la tête de Knokke depuis 41 ans, Leopold Lippens est décédé vendredi d'une leucémie. Ce vieux seigneur d’un autre âge a tiré sa révérence. Il est mort à l'âge de 79 ans pendant que ce tenait une réunion du Collège des bourgmestres et échevins, une des rares à laquelle il n'a pas pu assister. Il sentait que la fin était proche et avait laissé la main à son premier échevin lundi dernier. S'il n'avait tenu qu'à lui, il n'aurait passé le relais qu'à 104 ans, qu'il estimait un bon âge pour prendre sa retraite. Le destin en aura voulu autrement.

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La famille qui a fait Knokke

A Knokke, on connaît les Lippens depuis toujours – ou presque. La cité côtière est en effet étroitement liée à la famille qui, par bien des aspects, se l'est appropriée à la manière des seigneurs du Moyen Age. A la fin du XVIIIe siècle, Philippe-François Lippens, l'ancêtre, était chargé de contrôler les marais salants de la commune. Il avait ensuite acheter des terrains qui allaient permettre à ses héritiers de faire de Le Zoute-Knocke-sur-Mer une station balnéaire chic et réputée à  l'étranger, grâce à la société immobilière familiale la Compagnie du Zoute fondée en 1908.

Leopold Lippens est né le 20 octobre 1941. Son père Léon sera bourgmestre de Knokke de 1947 à 1966. Son frère Maurice sera directeur de la banque Fortis. Leopold, de son côté, devient conseiller communal en charge des travaux publics en 1970. Neuf ans plus tard, il devient bourgmestre de Knokke. Un poste qu'il ne quittera plus car notre homme a le bras long. Il est une grande gueule, ami des riches. Et s’il aime les propos polémiques, il est aussi très populaire. Aux dernières élections de 2018, un tiers des électeurs voteront pour lui.

Frigo box et haut standing

Quant aux polémiques... Il y en a eu plus d'une. Ainsi, dans les années 90, il se positionne contre la venue des touristes d'un jour et il interdit les « frigo box » sur sa plage, cet accessoire de « ploucs ». Car Knokke se veut une cité balnéaire de haut standing, réputée à l'étranger, l'égale de Cannes ou de Saint-Tropez. Tout le monde n'y est pas le bienvenu !

Ainsi, pendant la crise migratoire de 2016, Lippens suggère d'enfermer les migrants dans des camps  dans le style de Guantanamo, mais « sans les torturer et avec des toilettes ». Grand seigneur ! Quelques années plus tôt, il estimait qu'on faisait « trop attention aux 5% des gens qui ont des problèmes et pas assez aux 90% qui n'ont pas de problème ». Il en manque 5%, peut-être ceux qui sont au-dessus des problèmes. Et jusqu'à très récemment, il était d'un soutien sans faille aux dirigeants de Nethys. Logique. Leopold Lippens représente bien le grand pouvoir qu'ont encore les communes en Belgique. Et les (bonnes) affaires qu'on peut y faire... 

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Ainsi, jusqu'à ses 70 ans, Leopold Lippens dirigeait la société immobilière familiale (mais qui représente aussi les familles nobles de Knokke) La Compagnie de Zoute. Conflit d'intérêt ? Une enquête avait été ouverte il y a un an concernant la transformation du Torpaertpolder en terrain à bâtir dont aurait bénéficié sa famille... Mais l'affaire a été classée sans suite.

Reste qu'avec la mort de Leopold Lippens, c'est tout un pan de l'histoire et de l'identité de Knokke qui disparaît. C'est une certaine idée de la Belgique, aussi... Il laisse trois enfants derrière lui.

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