
Chômage: la Flandre plus affectée par la crise

La Wallonie n’est peut-être pas la région la plus riche de Belgique mais pour l’instant, elle résiste mieux à l’impact du coronavirus que sa voisine flamande. Si on se penche sur le nombre de chômeurs complets indemnisés demandeurs d’emploi sur base annuelle, la Wallonie a subi en janvier une augmentation deux fois moins importante que la Flandre (+7,6% contre +14,6%). C'est ce que révèlent les chiffres de l'ONSS, relayés par Belga. Le sud ferait donc-t-il preuve d’une résilience inhabituelle face à la tempête économique provoquée par le coronavirus? Pas vraiment.
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Le yo-yo économique flamand
En réalité, cette évolution des chiffres du chômage ressemble à ce qui avait déjà été constaté auparavant, lors d’autres crises. Bruno Van Der Linden, économiste à l’UCLouvain, n’est ainsi pas surpris de voir une hausse plus importante des chômeurs complets indemnisés en Flandre qu’ailleurs. Comme il l’explique, cela est lié à composition du marché du travail des différentes régions.
«De manière générale, la part de l’emploi privé marchand est beaucoup plus importante en Flandre que dans les deux autres régions. Dans ces dernières, les emplois destinés ou assimilés au public ainsi que le non-marchand prennent plus de place dans le total. Or on observe depuis très longtemps que pour cette raison, quand il y a un choc défavorable, la hausse en pourcentage du chômage est souvent plus forte en Flandre qu’ailleurs», démontre-t-il.
Il n’est ainsi pas étonnant de voir le nord du pays réagir plus fortement aux aléas économiques actuels. Mais la Flandre a plus d’un tour dans son sac. Contrairement à la Wallonie, lorsque les beaux jours reviennent, la diminution du chômage est assez rapide en Flandre, du moins en règle générale. Cette dernière a donc une économie plus cyclique et changeante. Selon Bruno Van Der Linden, une fois la crise sanitaire finie, la Flandre devrait logiquement repartir plus vite si on en croit les précédents historiques.
La capitale moins touchée par le chômage temporaire
Mais se limiter au chômage complet est trop réducteur. Si la crise économique actuelle se distingue bien sur un point, c’est par l’augmentation immense du chômage temporaire : +330%. Un chiffre directement lié au confinement qui paralyse certains secteurs de l’économie soumis par ailleurs au régime des aides financières.
Pour savoir quelle région est plus touchée ici, l’Institut bruxellois de statistique et d’analyse (Ibsa) a voulu faire le comparatif. Bilan: en avril, en pleine première vague, les mesures sanitaires ont provoqué une hausse bien plus notable du chômage temporaire en Flandre. Ce mois-là, 31% des salariés travaillant au Nord étaient concernés, contre 27% au Sud et 20% à Bruxelles. Au deuxième confinement, ces chiffres ont baissé mais sont restés dans un rapport similaire: 8% à Bruxelles contre 10% dans les deux autres régions. La capitale bénéficie ici du poids des services dans son économie, ce qui la protège un peu.
Bruxelles meurtrie par l’agonie de l’horeca, moins par le commerce
Mais si on zoome sur tel ou tel domaine économique, on peut apercevoir des nuances. C’est le cas de l’horeca. «Alors que le secteur a un poids similaire dans chaque Région, soit 3 à 4 % de l’emploi salarié, il pèse, à Bruxelles, pour un tiers dans le nombre de jours de chômage temporaire, alors que cette part n’est que de 14 % en Flandre et 12 % en Wallonie. Il est donc bien plus durement touché dans la capitale», explique un gestionnaire de l’Ibsa au Soir. Malheureusement pour l’horeca bruxellois, cette différence entre régions n’est probablement pas prête de changer. Les grandes villes sont non seulement désertées par les touristes étrangers mais aussi par les Belges, attirés par le bon air de la campagne, plus à l’abri du Covid. Et manifestement, cela n’est pas près de changer directement après le déconfinement.
Parmi les autres secteurs plus concernés par le chômage temporaire, on peut citer le commerce, qu’il soit de gros ou de détail. Ici, c’est la Flandre qui devrait être plus touchée, talonnée par la Wallonie, si on se fie au poids de ce secteur dans le nombre d’emplois totaux. C’est probablement pour cela qu’au total, Bruxelles est moins concernée par la hausse du chômage temporaire. Mais ça montre bien comment, en fonction d’où on pose son regard, la situation est pire à tel ou tel endroit.