
Négociations salariales : le blocage est complet

C’est un constat d’échec pour la concertation sociale. Un de plus. Mardi, syndicats et patrons se sont quittés dos à dos et ont acté l’impossibilité de parvenir à un accord portant sur l’évolution des salaires pour 2021 et 2022. Pour rappel, les partenaires sociaux s’escriment depuis la mi-janvier à fixer la hauteur de la norme salariale, cette hausse maximale que pourront octroyer secteurs et entreprises en plus de l’indexation automatique et des augmentations barémiques. En Belgique, une loi de 1996 - décriée par les syndicats et certains économistes - encadre ces négociations et définit une limite à ne pas dépasser.
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Pour les deux prochaines années, la norme est très basse de plafond, puisqu'elle est est calée à 0,4% d’augmentation. Soit 9 euros brut maximum par mois… Une « aumône » pour les syndicats, pour qui des hausses de salaires plus substantielles sont possibles dans certains secteurs ayant très bien traversé la crise. « Impossible », rétorque-t-on sur le banc patronal, vu le recul du PIB « de 6,5% » et un « choc économique » inédit depuis des décennies.
Nouvelle date butoir : le 1er mai
Après quelques claquages de portes et autres marches arrière peu enthousiastes vers la table des négociations, le tout entrecoupé de tentatives de déminage par le ministre de l’Économie et du Travail, Pierre-Yves Dermagne (PS), les uns et les autres décidaient à la mi-avril de tenter les négociations de la dernière chance. Et ce, en suivant quelques balises plantées non sans mal par le ministre socialiste.
La première : enfin aboutir sur la répartition de l’enveloppe bien-être, lourde de 700 millions, et destinées à relever les minimas sociaux (chômage, pensions, allocations sociales, etc.). Ce qui fut fait, laissant présager une petite éclaircie pour la seconde balise : la négociation de critères permettant une éventuelle dérogation à la norme salariale de 0,4%. Et ceci, sous la forme d’une prime unique pour les secteurs ayant bien négocié 2020, à fixer avant le 1er mai.
La patate chaude pour la Vivaldi ?
C’est finalement sur ce point que les négociations ont calé une nouvelle fois, ce mardi. Pour les syndicats, les patrons ont posé des conditions inacceptables à l’octroi de ces primes Corona, en réclamant notamment que celles-ci ne soient offertes que dans les sociétés ayant enregistré une certaine hausse de leur chiffre d’affaires (de 20 à 30% d’augmentation, font état plusieurs titres de presse). Ceci aurait donc limité fortement le nombre de bénéficiaires, et pour les travailleurs, aurait constitué « la négation d’un accord de solidarité envers les secteurs et les entreprises les plus faible ».
En face, on indique que la partie syndicale aurait avancé des exigences sortant du cadre des discussions, comme un assouplissement sur les prépensions et une promesse de revalorisation du salaire minimum. « Pour nous, ce fut une véritable douche froide. On s’est demandé à quoi jouaient les syndicats », a expliqué à l’Echo l’administrateur délégué de la Fédération des entreprises de Belgique (FEB), Pieter Timmermans.
Quid, à ce stade, de la suite ? Une négociation de la dernière dernière chance est-elle encore possible, avant la date fatidique du 1er mai ? « Je caresse toujours l’espoir – de plus en plus ténu, je le reconnais- qu’un accord soit possible », a indiqué Pierre-Yves Dermagne à la Chambre. En cas d’échec, le dossier reviendrait une bonne fois pour toute dans les mains de la Vivaldi. De quoi augurer de débats très animés entre les partenaires de coalition…