
« La Boum 2 », bis repetita

C'était dit, ça allait castagner ! Toute la semaine, on n'a parlé que de ça. Les autorités les premiers : « N'y allez pas ! » Tel était le mot d'ordre tout en servant la promotion pour l'événement interdit ! Une promo savamment mise en scène par l'équipe de l'Abîme, collectif opportuniste qui a récupéré le concept de la première « Boum » en jouant la carte de la provocation plutôt que de la blague...
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En somme, tout cela sentait quand même fort la redite, comme le deuxième volet d'un film qui manquerait d'idées. Ce fut peu ou prou le cas. Il a fallu attendre un peu, mais la fin était écrite depuis longtemps. Ca a castagné. Comme prévu. Comme espéré, sans doute, par certains.
Comme une fête qui a du mal à démarrer
Dès ce matin, le Bois de la Cambre se préparait à l'affrontement. Des petits bonhommes bleus, uniforme de Bruxelles Ville, se promenaient dans le parc pour prévenir les promeneurs tranquilles que la police était présente, qu'il fallait mettre son masque, etc. Politique préventive (un peu vaine en matinée), « good cops » pour faire tampon avec la population pendant que les forces de l'ordre, déjà, préparaient le terrain.
Vers 15h30, la foule est encore clairsemée dans le parc. La police est là en nombre. Mais rien ne se passe. Sinon une petite foule au centre du terrain plus bruyante et resserrée qu'ailleurs. On attend que quelque chose se passe, comme dans une fête qui a du mal à démarrer. Alors on lance des pétards, des fumigènes, on met du son et on chante un peu trop fort...
Moins de spontanéité, plus de revendications
Le public est différent de la Boum du 1er avril. Clairement, il y a moins de spontanéité et plus de revendications. De quoi ? « Liberté ! Liberté ! » Certains viennent de Wallonie, d'autres de Flandre, on exhibe des tee-shirts « Wake Up ! » ou des peintures de guerre qui n'auraient pas dépareillé dans le Capitole à Washington. Il y a ce sentiment qu'on est là en compagnie de Trumpistes à la belge. Du moins, ce petit noyau du centre. Ils sont quelques centaines, ils dansent, chantent, revendiquent le droit à faire ce qu'ils ont envie de faire.
Arrive un hélicoptère et les huées se lèvent. Une camionnette de la police descend et un mouvement de foule se fait sentir, les esprits s'échauffent d'un coup, des cannettes et autres projectiles sont lancés. Les petits bonhommes bleus de Bruxelles Ville qui jouaient les « tampons » entre la police et le public sont partis, la confrontation est directe, mais elle s'arrête nette quand la camionnette de police se replie. « T'as vu comment il m'a provoqué ? » « Liberté ! Liberté ! » « T'es où, gros ? » « Police ! Police ! On t'enc... ! »
Alternative nation
Plus bas, autre ambiance. Plus tranquille et dispersée. Il y a moins de monde que lors de la première « Boum ». Mais les gens arrivent par grappes. Ce n'est pas le public local, non. Il y a des jeunes et des moins jeunes. C'est un public, disons, plus alternatif. On a même retrouvé les derniers punks de Belgique – ce qui, en soi, fait plaisir ! Organisation L'Abîme, ils sont quelques uns à ramasser les déchets et à proposer des sacs poubelles « pour ne pas que les médias puissent prendre des photos des déchets laissés ».
A 17 heures, toujours aucun signe de charge policière. Au centre, ça jump toujours sur le son des ghettoblasters. Les baffles, d'ailleurs, se multiplient. Chacun y va avec sa musique. L'ambiance, côté sud, est bon enfant. On distribue quand même des tracts pour « la prochaine boum » prévue le 15 mai pour « remercier des efforts fournis ». Toujours au Bois de la Cambre. Du moins, s'il en reste quelque chose...
On refait le match
La politique du bourgmestre est cette fois plus attentiste et préventive. Un drone circule autour des groupes serrés, qui raconte des choses, « attention, attention... ». Malheureusement, il faut reculer vers la route pour simplement entendre le robot disserter. Ce n'est pas encore la technologie Blade Runner, mais courage, on y arrive ! Finalement, c'est au moment où on se dit que cette fois, il ne se passera peut-être rien, que les forces de police décident de charger.
Il est 17h45. On a gagné une demi-heure par rapport à « la Boum 1 ». Autre nouveauté, le lancé de fumigènes poivrés avant la charge. Ca vous prend à la gorge et aux yeux, c'est efficace pour disperser la foule. Plus rapide, moindre effort. A part ça, on refait le match. C'est le même scénario d'évacuation par charges et confrontations. A pied, en autopompes, à cheval et en fourgons. De l'autre côté, barricades en arrachant les arbres du coin et lancés de projectiles. Aux dernières nouvelles, c'est toujours en cours...