Première mondiale : il retrouve partiellement la vue… grâce à l’injection d’un virus

Rendu aveugle par une maladie dégénérative, un patient ayant participé à une étude franco-américaine a en partie retrouvé la vue.

©belgaimage-13249367/ photo-prétexte

Tout est parti des algues. Il y a une vingtaine d’années, un chercheur allemand découvre que c’est grâce à l’une de leurs protéines - appelée opsine - que les algues se déplacent en suivant la lumière. Un mode de fonctionnement qu’une équipe franco-américaine a répliqué pour rendre partiellement la vue à un patient de 60 ans, atteint de rétinopathie pigmentaire. Cette maladie dégénérative détruit progressivement les photorécepteurs de la rétine, ce qui entraîne une perte d’acuité visuelle, et conduit souvent à la cécité.

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« On a ouvert des pages d'espoirs », a expliqué à Franceinfo le professeur José-Alain Sahel, à la tête des chercheurs à l’origine de cette première mondiale. Pour y arriver, l’équipe du professeur Sahel a utilisé une technique innovante : l’optogénétique. Grosso modo, celle-ci permet de rendre certains neurones sensibles à la lumière. Comment ? Via l’injection d’un virus (tiens tiens) génétiquement modifié pour coder une protéine photosensible, une opsine. Eclairés à une longueur d’onde précise, ces neurones sont alors activés.

Localiser des objets et les toucher

En mars 2019, Alain B. a reçu dans l’œil droit l’injection de ce virus génétiquement modifié. Inoffensif, celui-ci a apporté à certains neurones de l’œil le gène d’une opsine d’algue rouge, sensible au spectre ambré de la lumière. Plusieurs mois après l’injection (le temps de laisser son organisme produire cette protéine en quantité suffisante), le patient a effectué différents exercices, muni de lunettes spéciales à réalité augmentée. Celles-ci étaient équipées d’une caméra projetant la scène captée sur la rétine, à la longueur d’onde lumineuse requise.

Grâce à ce dispositif, Alain B. a pu localiser, compter et toucher des objets. Un premier test consistait à percevoir et toucher un grand cahier et une petite boîte d’agrafes ; le patient est parvenu à toucher le cahier dans 92% des cas mais n’a pu saisir la boîte que dans 36% des essais. Un second test (compter des gobelets) sur une table a été réussi près de deux fois sur trois (63%). Pour le dernier, un gobelet était alternativement posé ou enlevé de la table et le patient devait appuyer sur un bouton indiquant s’il était présent ou absent. Au même moment, son activité cérébrale était mesurée à l’aide d’un casque d’électrodes. L’électroencéphalographie a permis de confirmer que l’activité cérébrale détectée durant le test était bien liée à la présence d’un objet, et donc que la rétine de Alain B. n’était plus aveugle.

Du moins en partie ; comme le souligne Le Monde, l’acuité visuelle du patient restait probablement inférieure à 1/20e après le traitement. Cette expérience, prometteuse, doit encore être confirmée sur d’autres patients. Il faudra donc encore du temps avant que cette thérapie ne soit déployée à plus large échelle.

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