
Les tondeuses robot mutilent par dizaines les hérissons

Au centre de revalidation de Jumet qui ne consacre qu’aux hérissons, il y a tellement de nouveaux cas en ce moment que les bénévoles n’en prennent plus jusqu’au 8 juin prochain. Au CREAVES (Centre de Revalidation des Espèces Animales Vivant à l'Etat Sauvage) de Chimay, un petit hérisson mutilé aux pattes est encore arrivé hier. « On désinfecte les plaies. On essaie de le sauver. Cela arrive tellement souvent à cause des tondeuses robot. Parfois, ils ont le museau coupé et alors on ne peut que les euthanasier parce qu’ils ne sauront plus jamais manger », explique une bénévole. Deux autres hérissons, l’un attaqué par un chien, l’autre par une tondeuse sont en revalidation à Chimay. Au total, des centaines de hérissons gravement blessés arrivent dans les différents centres qui s’inquiètent depuis des mois d’une véritable hécatombe. Des vétérinaires, qui participent au sauvetage, font le même constat.
La lecture de votre article continue ci-dessous
Ces petites bêtes aux 5000 piquants sont régulièrement empoisonnés par les pesticides déversés dans les jardins ou victimes d’accidents de la route. Mais surtout, de plus en plus, par les tondeuses robots, particulièrement silencieuses, que nombre de propriétaires font aller toute la nuit, le moment de sortie des hérissons. Ces promeneurs nocturnes s'avèrent pourtant être de redoutables chasseurs des jardins. Les hérissons ont un régime diversifié: escargots, limaces, vers de terre, chenilles, petits rongeurs, amphibiens,... On les trouve parfois dans le poulailler pour se nourrir des oeufs. « Les hérissons font partie de notre bio-diversité. Ils sont utiles dans nos jardins. Il faut aussi faire attention aux granulés anti limaces. Si les hérissons consomment des limaces qui ont avalé ce poison, ils sont en danger », signale Bastien Domken, conseiller chez Adalia.
Prévenir plutôt que guérir
Au cours de ses sorties, les hérissons peuvent parcourir plus d'un kilomètre dans des milieux variés: talus, cultures, jardins, pelouses. Ils reviennent ensuite à leur nid mais en changent souvent. « Ils se cachent la journée dans des tas de feuilles, des compost. Il faut donc aussi faire très attention aux débroussailleuses », explique cette bénévole qui recueille aussi des hérissons en début d’hiver parce qu’ils n’ont pas pu se nourrir suffisamment pour atteindre le poids de 550 grammes qui leur permet de passer l’hiver. « Faut-il attendre de retrouver un hérisson lacéré dans sa pelouse au matin pour être sensibilisé à leur cause et aux risques que les détenteurs de ces machines leur font courir la plupart du temps sans en être conscients ? Pourtant, la solution rapide et efficace est facile et ne demande pas d’effort au citoyen détenteur de robot-tondeuse : il suffit de supprimer la programmation de nuit. En une manipulation, finies les mutilations pour les hérissons », interpelle l’Union des Villes et Communes de Wallonie qui a lancé une campagne de sensibilisation.
Plusieurs communes ont été plus loin en adoptant un règlement interdisant les tondeuses robot durant les heures nocturnes, notamment à Dalhem, Liège, Antoing, Arlon, Bernissart, Brugelette, Charleroi, Couvin, Flémalle, Gerpinnes, Hamoir, Nivelles, Thuin, Waterloo et Seraing. La ministre de l’Environnement, Céline Tellier (écolo) est en train de revoir plus globalement la règlementation régionale visant à protéger la biodiversité, avec une attention pour les hérissons. Elle souhaite aussi faire changer « les normes de produits » des tondeuses en travaillant avec le fédéral sur ce problème.