
Déconfinement : ce coup-ci, c’est la bonne ?

Avec 67,1 admissions covid en moyenne par jour à l’hôpital, nous sommes passés sous la barre des 75 hospitalisations quotidiennes. Un seuil « historique », comme le rappelait il y a quelque jours Yves Van Laethem, en conférence de presse. Fixé en novembre 2020 par les experts du Gems, ce chiffre était une des balises à atteindre pour pouvoir entamer un large déconfinement. Ce n’est pas encore le retour à la « normale », mais avec cette première étape du plan « plein-air », on va quand même pouvoir souffler un peu.
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Réouverture ce 9 juin des infrastructures culturelles, sportives, reprise de l’horeca en intérieur… ça ne vous rappelle rien ? Il y a un an et un jour, « déconfinement » était déjà le mot à l’honneur ; le 8 juin 2020, la Belgique rouvrait en effet l’horeca, au sortir de la première vague. Avec une situation épidémiologique encore plus favorable (moyenne de 27 admissions par jour, 115 lits occupés aux soins intensifs, contre 319 aujourd’hui). Et puis le virus a repris du poil de la bête, avec l’arrivée de l’automne. On connaît la suite…
Variants en embuscade
De quoi craindre pour cette année un scénario similaire, à la fin des vacances ? Les experts restent en tout cas sur le qui-vive. « Les voyages à l’étranger nous inquiètent », a ainsi déclaré Erika Vlieghe dans Het Belang Van Limburg. « Les voyages sont le meilleur moyen d’importer de nouveaux variants. La vaccination et les tests sont des outils importants, mais nous avons pu observer par le passé l’influence des voyages à l’étranger sur l’émergence des variants. Voyager en dehors de l’Europe restera un risque pendant un certain temps », a estimé la virologue du Gems.
Car c’est là une différence, de taille, par rapport à la situation de l’an dernier : l’apparition de variants plus contagieux que la souche « originelle » du virus. Pour l’instant, c’est le variant Delta (indien) qui semble le plus menaçant, et fait planer l’éventualité d’une troisième vague en Angleterre. En France, on s’attend à ce que cette même souche apparaisse au cours de l’été, puis remplace progressivement le variant Alpha (anglais). « Il est possible que nous ayons une quatrième vague », a même prévenu Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique français. Pas de panique : bien que le vaccin AstraZeneca soit environ 30% moins efficace contre ce nouveau variant, la vaccination devrait permettre de fortement freiner son développement. « C'est en partie contrôlé », a avancé Jean-François Delfraissy.
C’est bien sûr la deuxième différence (fondamentale) par rapport à l’automne 2020 : nous disposons de vaccins pour mater le virus. « Une part de plus en plus importante de la population est protégée, soulignait dans Le Soir Catherine Linard, professeure en géographie de la santé. S’il devait y avoir une remontée, elle devrait se faire plus lentement. On pourra profiter de ce laps de temps pour réagir de façon efficace ».
Voir loin
« Il y a un an, on n’a absolument pas anticipé ce qui pouvait se passer, malgré quelques avertissements, abondait dans le même quotidien Nathan Clumeck, professeur en maladies infectieuses. Cette fois, on connaît beaucoup mieux le virus et la manière dont il se transmet. Les gens les plus à risques sont globalement protégés, sans oublier tous ceux qui ont déjà fait le covid. On peut donc avoir une approche plus sereine des mois à venir, ce qui doit nous permettre de mettre en place [une] nouvelle stratégie ».
Qui passera, selon Le Soir, par la réflexion sur 10 chantiers stratégiques. Parmi lesquels la vaccination, mais également des efforts accrus en matière de ventilation des espaces clos, le maintien du port du masque dans certaines situations, ou un meilleur suivi génomique des souches présentes sur le territoire. Pour cette-fois, ne plus devoir confiner des secteurs entiers à chaque nouveau départ de flamme.