Joints offerts, armes, bières gratuites… tour du monde des incitations à la vaccination

Les gouvernements du monde entier cherchent des solutions pour accélérer la cadence de vaccination. Parfois avec des initiatives ingénieuses, d’autres fois avec des idées plus saugrenues, voire franchement discutables.

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Face au virus, pas de limite ! Loteries, joints ou même, un petit billet de banque… Alors que le variant Delta fait des siennes, certains gouvernements ou institutions ne lésinent pas sur les moyens pour encourager leurs concitoyens à se faire vacciner. Compilation des initiatives les plus insolites.

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 Vaccination à la mode US

Joindre l’utile à l’agréable… Dans le New Jersey, le gouverneur Phil Murphy a offert pendant tout le mois de mai une bière gratuite à toute personne de plus de 21 ans recevant une première dose de vaccin. Nom de l’opération ? « Shot and a Beer », soit « une piqûre et une bière ». Voilà qui a le mérite de la clarté.

L’Etat de Washington est allé un cran plus loin, puisque ce sont carrément des joints (déjà roulés, qui plus est) qui ont été distribués aux courageux volontaires. 

Début juin, la Virginie occidentale comptait l’un des taux de vaccination les moins élevés des États-Unis. Pour y remédier, une loterie accessible uniquement aux citoyens vaccinés a été organisée. Avec, à la clé, de la bière gratuite, des bourses d’études… et même cinq fusils de chasse personnalisés. Le Maine a lui choisi de distribuer 10.000 permis de pêche et de chasse aux vaccinés.

Plus poétique : en prévision de la Fête des mères, le district de Washington offrait 300 bouquets de fleurs aux candidats à l’injection. Ceux-ci pouvaient même se faire tatouer un éphémère « Vacciné pour maman » (un brin baraki quand même).

Voitures, apparts… et vaches

À croire que les Russes n’ont pas une confiance démesurée dans le vaccin Spoutnik… Le maire de Moscou a lancé une tombola de voitures pour inciter à la vaccination. Jusqu'à la mi-juillet, cinq numéros gagnants seront tirés au sort chaque semaine parmi les Moscovites âgés de plus de 18 ans ayant reçu leur première dose.

À Hong Kong, les premiers prix des « tombolas sanitaires » ne sont ni plus ni moins que des appartements valant plus d’un million d’euros !

Dans le district thaïlandais de Mae Chaem, ce sont des vaches qui sont mises en jeu. Un tirage au sort a lieu chaque semaine parmi les citoyens vaccinés. Et selon la BBC, l’initiative semble porter ses fruits puisqu’en quelques jours, le district est passé de quelques centaines de personnes à des milliers de vaccinés.

En Serbie et en Grèce, du cash, tout simplement

Les autorités serbes n’ont pas cherché à se compliquer la vie. Début mai, le président Aleksandar Vucic annonçait qu’une allocation de 3000 dinars (25 euros) serait versée à tous ceux ayant reçu au moins une dose avant la fin du mois. La mesure a été décidée par les autorités afin de « récompenser les gens qui ont fait preuve de responsabilité ». Mais dans le même temps, le gouvernement serbe prévoyait que les employés non vaccinés du secteur public ne pourraient plus bénéficier d'indemnités pendant un arrêt maladie dû au Covid-19. La carotte et le bâton…

En juin, le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, décidait quant à lui d’offrir une carte prépayée de 150 euros pour les voyages et les événements culturels en échange du vaccin. Quelque 940.000 jeunes âgés de 18 à 25 ans étaient concernés par la mesure. Syriza, principal parti de gauche dans l’opposition grecque, a vu dans cette manœuvre une tentative de « soudoyer les jeunes » après avoir « transformé leur vie en un enfer au cours des 18 derniers mois ». Et ce, alors que des élections anticipées sont pressenties.

Au cachot !

Aux Philippines, le président Rodrigo Duterte a une conception bien à lui de la notion d’« incitation ». Confronté à la réticence d’une partie de sa population, Rodrigo Duterte a menacé, lundi soir, de jeter en prison les Philippins qui refuseraient de se faire injecter l’un des vaccins anti-Covid. « Vous choisissez : le vaccin, ou je vous fais emprisonner », a-t-il martelé lors d’une allocation télévisée. Subtil, il n’y a pas à dire.

Beaucoup moins martiale, mais néanmoins quelque peu discutable, la recommandation de l’Académie de médecine française. Dans un avis rendu mercredi 23 juin, l’instance jugeait nécessaire de « s’interroger sur le recours répété aux tests RT-PCR ou antigéniques qui sont offerts gratuitement sur le sol français à la différence de la plupart des pays européens ». Selon l’Académie, cette gratuité serait un des facteurs pouvant « détourner les individus de la vaccination ». Du coup, elle proposait de suspendre « le remboursement des tests RT-PCR et des tests antigéniques pratiqués pour convenances personnelles (obtention d’un passe sanitaire, voyages internationaux, participation à des événements collectifs) chez les personnes non vaccinées ». De quoi faire une pierre, deux coups, et de réduire, vu le coût des tests, les dépenses de la Sécurité sociale.

Contre-productif en Belgique ?

Peu ou pas utilisés en France et en Belgique, des systèmes incitatifs tels que ceux déployés aux États-Unis ou ailleurs pourraient-ils être efficaces chez nous, pour amener les plus sceptiques à se faire vacciner ? Rien n’est moins sûr. Comme le soulignait The Conversation, les Français (et c’est pareil en Belgique) ne sont pas habitués à payer pour des services de santé de base (normalement, du moins).  Contrairement aux Américains, qui seraient dès lors plus enclins à trouver normal de bénéficier d’une réduction de prix, voire d’un gain monétaire pour certaines transactions.

Dans ce cadre, mettre en place un système de récompenses pourrait être perçu dans nos contrées comme le signal qu’une motivation extrinsèque est nécessaire pour se faire vacciner.  Et si, plutôt que d’agiter une quelconque carotte, le mieux n'était-il pas de faire appel à la discussion et à l’argumentation ? Pour motiver les jeunes à se faire vacciner, le porte-parole du Mouvement des Solidarités Étudiantes (France), jugeait ainsi qu’ils avaient besoin « plus d’informations que d’incitations ». 

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