Grève de la faim: va-t-on laisser 470 sans-papiers mourir ?

Ils demandent à être régularisés en se privant de nourriture depuis plus de 50 jours maintenant. Certains ont arrêté de boire depuis peu. Mais le Gouvernement ne réagit toujours pas.

Plusieurs discours ont été prononcés lors de la manif. (Belga)

Ce sont nos voisins, nos collègues, voire même des membres de nos familles. Ce sont des citoyens belges comme tant d’autres. La seule différence, c’est que légalement, ils ne le sont pas. Ils sont sans-papiers. 

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Des centaines d’entre eux, pour beaucoup vivant et travaillant en Belgique depuis des années, effectuent une grève de la faim depuis le 23 mai à l’intérieur de l’église du Béguinage, en plein centre de Bruxelles, à quelques pas de la place De Brouckère, réclamant des papiers pour tous. 

Une méthode de protestation qui inquiète évidemment beaucoup de personnes sensibles à leur cause. Encore plus depuis que la barre des 50 jours sans manger a été passée. Ce week-end, certains ont poussé le cran un peu plus loin et entament une grève de la soif, menaçant encore plus leurs vies. Certains se sont même cousu la bouche.

Ce n’est pas leur première tentative de se faire entendre, au contraire. De nombreuses actions ont déjà été organisées, soutenues par les citoyens, parfois même par le milieu politique. Mais rien n’évolue pour autant. Alors, aux grands maux les grands remèdes.

BELGA

(Belga)

"Une action citoyenne"

De peur que plusieurs de ces sans-papier ne perdent la vie, une manifestation a eu lieu devant la Gare Centrale ce samedi. Des centaines de personnes souhaitaient mettre en avant la gravité de la situation. Elles se sont allongées sur le sol sans bouger, pour attirer l’attention de tous, avant qu’un texte soit lu : « Ceci est une action citoyenne. Ceci est un cas de force majeure face à des droits humains fondamentaux que notre pays bafoue. 470 personnes sans-papiers sont en grève de la faim depuis le 23 mai, et en grève de la soif depuis quelques jours. Ils agonisent et notre gouvernement laisse faire. Nous devons rompre le silence », rapporte La Libre.

Ils souhaitent surtout être entendus par le secrétaire d’Etat chargé de l’Asile et la Migration, Sammy Mahdi, également au moyen d’une pétition. Car ce n’est plus juste une histoire de régularisation, des centaines de personnes pourraient mourir. « C’est une véritable course contre la montre, la vie de ces personnes est en danger. Plus nous signerons, plus nous pourrons faire pression sur l’ensemble du gouvernement », explique Sarah, une Bruxelloise venue manifester.

À ceux qui y verraient une méthode de forcing, les porte-paroles des manifestants répondent, dans leur discours, que « les différentes autorités sont responsables de la situation et qu’elles ont poussé ces personnes dans l’illégalité en adoptant une série de réformes successives qui ont à chaque fois limité la possibilité d’obtenir une autorisation de séjour. [...] Certaines de ces personnes vivent et travaillent chez nous depuis plus de 10 ans, parfois 30 ans même. Mais le gouvernement reste inflexible ».

Samedi après-midi, certains étaient évidemment déjà à bout. Des ambulances sont venues en chercher quelques-uns tandis que d’autres refusaient l’hospitalisation pour continuer la grève.
« Les grévistes sont de plus en plus faibles, certains commencent à présenter des atteintes neurologiques », a constaté Michel Genet, le directeur de Médecins du Monde.  « Il faut à tout prix un signal politique pour qu’ils arrêtent la grève de la faim et de la soif. Sans quoi, d’ici un jour ou deux, il y aura un voire plusieurs drames ».

Réactions politiques

Face à cette absence de réaction et à l’inquiétude qui grandit de jour en jour, encore plus en ce dimanche ensoleillé, le Parti socialiste et Ecolo, qui font tous deux partie du gouvernement fédéral, ont demandé au Premier ministre, par la voix de leurs présidents, de réagir.

« Face à l'urgence absolue de la situation des sans-papiers en grève de la faim et face au blocage de principe opposé par le secrétaire d'Etat, il revient au Premier ministre de prendre les choses directement en main. Un drame est imminent, nous ne pouvons tolérer que les solutions possibles de sortie de crise ne soient pas mises en œuvre au plus vite », ont twitté Paul Magnette pour le PS et Jean-Marc Nollet et Rajae Maouane, pour Ecolo.

Les écologistes flamands ont également interpellé Alexander de Croo sur les réseaux sociaux. 
« La situation des grévistes de la faim et de la soif à Bruxelles s'aggrave. Les négociations sont au point mort. Compte tenu de la situation critique, Groen demande au Premier ministre d'intervenir avant qu'il y ait des victimes. », a écrit Meyrem Almaci, président de Groen.

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