
Elio Di Rupo: « La reconstruction va prendre au moins un an et demi »

Dans des entretiens au Soir et à L'Echo, Elio Di Rupo s'est exprimé sur les intempéries, le coût humain, social et économique du désastre et la reconstruction qu'il faut désormais mettre en oeuvre.
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L'ampleur du désastre
« La situation est très compliquée sur place. À Pepinster ou à Trooz, il n'y a plus d'administration, il n'y a plus de services, il n'y a plus de téléphone, il n'y a plus d'ordinateurs. Il va falloir maintenant reloger pas mal de gens qui se trouvent dans des hôtels, des familles. Il faut trouver des solutions, car la reconstruction va prendre au moins un an et demi, voire deux ans ».
Comment et avec quel argent reconstruire ?
« À ce stade, je ne sais pas de combien nous aurons besoin, sinon qu’il s’agira de montants astronomiques : immeubles, routes, impétrants… Nous réfléchissons aux modalités de financement de la reconstruction ».
« Je comprends la détresse des gens, mais je leur dis : nous le ferons. Il n’y aura pas de calcul, nous aiderons les victimes. À nous de trouver les moyens, ce sera compliqué, mais c’est notre responsabilité ».
Le Fédéral peut-il aider ?
« Peut-être moins en argent liquide, qu'en créant de bonnes conditions pour dégager des moyens financiers. Je vais aussi prendre contact avec la Banque européenne d'investissement (...) Le fédéral fait son boulot. Mais il attend aussi de savoir quelles sont nos attentes ».
Le plan de relance européen pour reconstruire ?
« La relance ne sera pas lourdement handicapée, mais bien réorientée. Des miracles, nous n’en ferons pas. Mais ce n’est pas forcément dramatique : la reconstruction pourrait être un coup de fouet économique à condition que les entreprises wallonnes et l’emploi wallon puissent être mobilisés. Ce malheur peut nous faire comprendre définitivement l’urgence qu’il y a à avancer, comme après une guerre ».
Repenser l'aménagement du territoire ?
« En Wallonie, les zones inondables couvrent 7 % du territoire. C’est énorme. On ne va pas reconstruire dans des zones inondables, ce serait irresponsable. Il va falloir trouver des terrains aménagés ou facilement aménageables. Mais attention : sur un plan psychologique, il y a un très grand attachement des sinistrés à leur lieu de vie. Donc, on ne pourra pas déraciner ces ménages contre leur gré, sans autre forme de dialogue (...) Les maisons détruites ou celles qui le seront parce qu’elles ne sont plus habitables ne seront pas reconstruites dans des zones inondables. Par contre, quand il s’agira de réparations, il faudra discuter ».
Une commission d'enquête pour comprendre ?
« Objectivement, qu'est-ce que qu'une commission d'enquête ferait sinon interférer dans une enquête judiciaire? Qu'il y ait une commission spéciale pour interroger l'un ou l'autre acteur paraît normal en démocratie, mais pour ce qui est de l'enquête, de grâce laissons travailler le troisième pouvoir et attendons le résultat ».
Quel avenir pour la Wallonie ?
« Cette catastrophe montre qu’il faut accélérer les réformes (...) Je suis dans un esprit d’écologie sociale : maintenir le cap sur l’environnement, parce que les réalités sont indiscutables, mais les gens ont toujours besoin de revenus, de travail (...) Au sein de l’espace francophone, il faut plus que jamais réfléchir pour savoir de quoi la Wallonie a besoin pour voler de ses propres ailes »