
A 100 ans, un ancien gardien de camp de concentration va être jugé en Allemagne

La Seconde Guerre mondiale a pris fin il y a maintenant plus de 75 ans. Mais l’Allemagne n’a pas encore pu entièrement tourner cette sombre page de son histoire.
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En octobre de cette année, un procès lié à cette époque aura lieu. Un ancien gardien de camp de concentration va passer devant le tribunal. Comme raconte le Guardian, il est accusé de complicité dans le meurtre de plus 3 500 personnes.
Mais cet homme au passé impardonnable a aujourd’hui 100 ans. Un âge qui ne change rien pour le procureur de la ville de Neuruppin, qui a inculpé cette personne en février. Le bureau du procureur avait demandé une évaluation médicale de l’ancien gardien et celle-ci stipule que ce dernier est « apte à être jugé ». Le procès aura donc lieu en automne, à raison de deux heures et demie par jour.
Un camp particulièrement terrible
Le profil de l’inculpé ne laisse que peu de doutes sur le verdict final de ce procès. Il est accusé d’avoir « volontairement » participé au meurtre de prisonniers d’un camp de concentration, de complicité dans « l’exécution par peloton de prisonniers de guerre soviétiques en 1942 » et de meurtre « à l’aide du gaz toxique Zyklon B ».
Les lois de protection de la vie privée permettent au centenaire de garder l’anonymat, mais on sait qu’il vit dans l’État de Brandebourg, près de Berlin.
Ce camp de Sachsenhausen où il a sévi était le premier mis en place en 1936 après qu’Hitler ait donné le contrôle total sur les camps de concentration aux SS. Il servait de modèle aux autres camps et de lieu « d’entrainement » pour les nazis. Plus de 200 000 personnes y ont été détenues entre sa création et la fin de la guerre. Toutes n’ont pas été exécutées, certaines sont mortes de famine, de maladie, d’épuisement ou ont servi de cobayes à des expériences médicales… Si bien qu’on ne connait pas exactement le nombre de personnes qui y ont péri. Certains avancent 100 000, d’autres 40-50 000.
Pourquoi maintenant ?
Même s’il est évident pour tout le monde que ces crimes sont impardonnables et devraient être jugés, on peut tout de même se demander si cela sert encore à quelque chose, vu l’âge de l’ex-gardien inculpé.
Cela peut notamment aider certaines personnes à passer à autre chose. En effet, certaines victimes ou leurs familles sont toujours vivantes et c’est très important à leurs yeux. « Plusieurs des plaignants sont aussi âgés que les accusés et attendent que justice soit faite », commente Thomas Walther, avocat qui représente beaucoup de victimes dans ce dossier.
De son côté, l’Allemagne continue de chercher les anciens officiers nazis et autres travailleurs du régime depuis 2011. Cette année-là, John Demjanjuk, un ancien garde, a été condamné, non pas pour des crimes qui lui étaient précisément attribués, mais pour sa contribution aux tueries et meurtres des nazis.
Ce procès a créé un précédent dans le pays. Depuis, la justice allemande a prononcé plusieurs verdicts de culpabilité similaires, pour ces motifs de participation ou complicité, plutôt que pour des actes directement commis par les personnes.
Par exemple, une femme de 96 ans, qui a travaillé comme secrétaire d’un commandant SS, a été inculpée au début de l’année de plus de 10 000 chefs d’accusation, majoritairement pour complicité de meurtres. Elle sera jugée fin septembre.