
Présidentielle en France: quels candidats et que disent les sondages?

Sept mois avant le premier tour de l’élection présidentielle, il y a du monde au portillon de l’Élysée. Des dizaines de candidats se sont déclarés à ce jour et la liste pourrait encore s’allonger. Emmanuel Macron, par exemple, n’est pas officiellement dans la course, même si ces multiples déplacements dans l’Hexagone ont déjà des airs de campagne électorale. Mais d’après les sondages, seule une poignée de personnes ont véritablement une chance de réaliser une percée en avril prochain.
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Des grands partis encore indécis
Outre Emmanuel Macron, très probablement candidat de la République en marche (LRM, centre-droit), plusieurs partis doivent encore se mettre d’accord sur leurs représentants. C’est le cas du parti socialiste (PS), des écologistes (EELV) et du parti Les Républicains (LR, droite). Une primaire sera au moins organisée pour les deux premiers. Chez les socialistes, seul l’ancien ministre de l’Agriculture de François Hollande et actuel maire du Mans, Stéphane Le Foll, s’est porté candidat. Il fera vraisemblablement face à la populaire maire de Paris, Anne Hidalgo, qui devrait officialiser sa candidature au JT de TF1 ce dimanche selon le Parisien. L’ancienne ministre de la Justice Christiane Taubira, connue pour sa loi sur le mariage homosexuel, laisse aussi planer le doute sur sa participation. Il n’existe pas encore de sondage sur celui ou celle qui devrait l’emporter ici, même si les médias français parlent beaucoup d’Anne Hidalgo.
Chez les écologistes, c’est plus précis. Cinq candidats sont en lice : l’ancienne ministre de l’Écologie Delphine Batho, le candidat du parti en 2017 Yannick Jadot, le maire de Grenoble Éric Piolle, le co-président du micro-parti Cap écologie (CE) Jean-Marc Governatori et l’ancienne porte-parole d’EELV Sandrine Rousseau. Selon le sondage Ifop paru la semaine passée, Yannick Jadot devrait facilement l’emporter. 69% des sympathisants ELLV le plébiscitent, alors que ce sont eux qui choisiront leur représentant fin septembre. Il est aussi le candidat écologiste le plus apprécié des Français (même si 42% d’entre eux affirment ne pas le connaître selon Ifop).
Chez LR, c’est plus compliqué. Le parti ne s’est toujours pas mis d’accord sur la tenue ou pas d’une primaire. La réponse est censée arriver lors du congrès du 25 septembre, sans certitude. Cela n’empêche pas plusieurs membres du parti de manifester leur intérêt pour l’Élysée. Il y a l’ancien négociateur en chef pour le Brexit Michel Barnier, la présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse, le député niçois Éric Ciotti, le député des Hauts-de-Seine Philippe Juvin et l’entrepreneur Denis Payre. Ici, c’est Valérie Pécresse qui semble bien partie dans les sondages.
Des candidats à la pelle
Outre ces trois partis, il y a plusieurs têtes d’affiche. Il y a évidemment Marine Le Pen pour le Rassemblement national (RN, extrême-droite) et Jean-Luc Mélenchon pour la France insoumise (FI, extrême-gauche). Le parti communiste s’est choisi comme représentant son secrétaire national, Fabien Roussel. Puis il y a une myriade de petits candidats déjà présents en 2017 : à l’extrême-gauche Nathalie Artaud (Lutte ouvrière) et Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste), à l’extrême-droite François Asselineau (Union populaire républicaine) et Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), le très conservateur Jean-Frédéric Poisson (VIA) et enfin le localiste Jean Lassalle (Résistons) au centre-droite. Ajoutons aussi un dissident socialiste, l’ancien ministre de l’Économie de François Hollande, Arnaud Montebourg, et le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand qui refuse de participer à une éventuelle primaire LR.
Près d’une dizaine d’autres personnes se sont déclarées candidates, dont l’ancien numéro 2 du Front national Florian Philippot, l’un des leaders des gilets jaunes Éric Drouet, la représentante du parti animaliste Hélène Thouy, et la première maire transgenre de France Marie Cau. Une forte rumeur veut également que le polémiste d’extrême-droite Éric Zemmour se présente à la présidentielle, même si pour l’instant celui-ci n’a pas confirmé. Mais pour toutes ces personnes, il y a une obstacle de taille: il faut recueillir au moins 500 parrainages d’élus dans minimum 30 départements différents (sur 101) pour participer à l’élection. Sans cela, leur parcours s’arrêtera là.
Un duo en tête pour le premier tour
Parmi cette constellation de candidats, pour savoir qui a le plus de chance de l’emporter, on ne peut recourir qu’aux sondages. Celui de l’Ifop paru ce lundi et de l’Ipsos diffusé la semaine dernière donnent plus ou moins les mêmes résultats. Au premier tour, c’est Emmanuel Macron qui mène, même si son avance sur Marine Le Pen est minime. Ils auraient respectivement 24-29% et 24-27% selon Ifop, ou 24-26% et 19-22% selon Ipsos.
Suit le candidat de la droite avec une légère différence si Xavier Bertrand ou Valérie Pécresse est désigné comme son unique représentant (15-17% pour lui, 14-16% pour elle). Si les deux concourent, une lutte fratricide est à prévoir. Puis on trouve dans un mouchoir de poche le candidat écologiste (probablement Yannick Jadot), le candidat socialiste (les sondages privilégient l’hypothèse d’Anne Hidalgo) et Jean-Luc Mélenchon. Tous sont à 8-10%. Tous les autres n’arriveraient même pas à récolter 5% (sauf Nicolas Dupont-Aignan selon Ifop, avec 5,5%).
Il pourrait enfin y avoir deux trouble-fêtes: Éric Zemmour et Arnaud Montebourg. Le premier peut espérer a priori récolter 6-8% en grignotant sur les électorats de Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan et du candidat de la droite. L’écart entre Emmanuel Macron et la candidate RN se creuserait et le candidat de la droite se rapprocherait de ses concurrents de gauche, mais le classement resterait inchangé. Quant à Arnaud Montebourg, il ne récolterait que 3% selon Ipsos, son impact se limitant à des demi-pourcents en moins chez plusieurs candidats de gauche.
Macron vainqueur contre Le Pen mais…
À l’heure actuelle, c’est donc un duel Macron-Le Pen qui se dessine pour le second tour, comme en 2017. Ici, Ipsos et Ifop donnent le même résultat: 56% pour le président, 44% pour son opposante. Le premier récolterait la majorité des voix dans toutes les tranches d’âge de l’électorat (sauf chez les 50-64 ans) et parmi les sympathisants de tous les grands partis politiques (sauf RN évidemment, même si les électeurs de LR sont plus partagés avec 62% pour LRM et 38% pour RN). Il est ultra-populaire chez les diplômés du supérieur (82% de leurs voix), les cadres (78%) et les professions intermédiaires (67%), mais Marine Le Pen mène de loin chez les ouvriers (77%) et à moindre échelle chez les employés (56%), les chômeurs (56%), les artisans ou commerçants (61%), ainsi que les dirigeants d’entreprise (52%). Les communes rurales donnent une légère avance au RN (52% pour elle) alors que l’agglomération parisienne est en bonne partie acquise à Emmanuel Macron (66% pour lui).
Si, coup de théâtre, Marine Le Pen ne passe pas au second tour, la surprise pourrait ne pas s’arrêter là. Car si Emmanuel Macron devait se retrouver face à Xavier Bertrand, c’est ce dernier qui pourrait l’emporter avec 53%. Contre Valérie Pécresse, l’actuel président ferait une égalité parfaite (50%). Enfin, si le deuxième tour devait voir s’opposer Xavier Bertrand et Marine Le Pen, la candidate du RN subirait une défaite encore plus sévère que contre Emmanuel Macron. Xavier Bertrand l’emporterait avec 60% des voix.