
Famille Solvay, banquiers, ex-PDG de la VRT… De nouveaux noms cités dans les Pandora Papers

Ce mardi matin, l’enquête des Pandora Papers, menée par le Consortium International des Journalistes d’Investigation (CIJI), a donné de nouvelles informations sur les Belges cités dans cette affaire d’évasion fiscale. Parmi les personnes citées, on trouve notamment les nombreux héritiers de la famille Solvay, des diamantaires ou encore des banquiers. Un passage par des sociétés offshore, notamment aux îles Vierges britanniques, qui leur permis quelques combines fiscales.
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Solvay à la sauce offshore
Dans le cas des Solvay, tout part de la société Solvac, détenue à 77% par près de 2.300 personnes liées aux fondateurs de l’entreprise familiale, et qui détient par ricochet 30% de l’entreprise Solvay (avec une valeur de 2,5 milliards). Le chef de Solvac, c’est l’arrière-arrière-petit-fils d'Alfred Solvay, Bernard de Laguiche. Épaulé par sa mère, ses sœurs, ses enfants, etc., il a constitué depuis cette base une toile de sociétés offshore à travers le monde. Le but: y mettre des centaines de milliers d’actions de Solvay pour les faire fructifier sans que cela n’apparaisse dans les registres de l’entreprise. Pour s’en assurer, c’est un membre de la famille qui travaille dans une banque suisse, Charles-Louis de Laguiche, qui représentait les offshores aux assemblées générales, mais avec son propre nom pour que cela ne capte pas l’attention.
Interrogé à ce propos, Bernard de Laguiche assure que ces sociétés n’ont pas été conçues «à des fins fiscales». «J'ai toujours géré mes actifs familiaux de bonne foi et j'ai rempli toutes les obligations de déclaration envers les autorités fiscales et les régulateurs du marché», affirme-t-il. Mais pour le journaliste Lars Bové de De Tijd, le but était clairement d’éviter les impôts. «Dans leur cas, nous avons même mis la main sur les comptes rendus confidentiels des réunions avec leurs conseillers fiscaux et gérants de fortune. Ils font littéralement référence aux impôts auxquels ils veulent échapper et à leur volonté de cacher ce capital». Solvay s’est refusé à tout commentaire sur «les finances personnelles de certains actionnaires».
Des banquiers et des diamantaires en quête de paradis fiscaux
Un autre volet de ces révélations concerne non pas des banques en tant que telles, contrairement aux Panama Papers qui avaient pointé Dexia du doigt par exemple, mais des banquiers hauts placés. L’exemple le plus flagrant, c’est Wouter Devriendt, directeur général de Dexia de 2016 à 2020. Il s’avère que de 2010 à 2013, il s’investit dans une société offshore (dont il était encore actionnaire lorsqu’il était à la tête de Dexia). Mais il n’était pas seul. Parmi les co-actionnaires, on trouve notamment des travailleurs de la banque ABN Amro, l’actuel ministre néerlandais des Finances et l’ex-PDG de la VRT, Paul Lembrechts. Cette société offshore a ensuite investi ailleurs, notamment via le groupe Asilia Africa qui organise des safaris en Afrique. Questionné sur cette affaire, Lembrechts dit n’avoir eu aucune idée que son argent était destiné à finir dans un paradis fiscal et clame une participation d’environ 23.000€ sans plus.
En Flandre, ce qui fait aussi beaucoup parler, c’est la présence de diamantaires anversois dans les Pandora Papers. Parmi eux, on trouve Vishal Mehta et son père, Dilip Mehta, ancien patron de Rosy Blue (le numéro un du secteur diamantaire anversois). En passant par les îles Vierges britanniques, les îles Cook et Hong Kong, ils ont fait beaucoup d’affaires. Rien qu’avec le trust hong-kongais, il est question de 350 millions de dollars d’actifs.
Ce lundi, le ministre des Finances, Vincent Van Peteghem (CD&V) a réagit aux Pandora Papers en assurant que le fisc belge entreprendra le nécessaire. «Éviter l’impôt via des constructions offshore, c’est de la fraude. Il n’y a pas matière à discuter à ce sujet», déclare-t-il. Pour sa part, le président du MR, Georges-Louis Bouchez, a tenu à préciser sur RTL Info la différence entre fraude fiscale, où les revenus ne sont pas déclarés (ce qui est illégal), et évasion fiscale, qui est certes moralement discutable mais légale dans les faits. «La fraude doit être sanctionnée et combattue. A ce titre, le gouvernement Michel a eu deux années record en matière de lutte contre la fraude. En 2017, 2,1 milliards. Et de l’autre côté l’évasion où l’on peut effectivement se demander si l’optimisation fiscale peut encore être acceptable. Si cela ne l’est pas, on doit prendre des lois», précise-t-il. Le patron du MR s'est en revanche refusé de condamner explicitement le placement d'argent dans les paradis fiscaux, se contentant de réclamer «une fiscalité plus basse pour qu'il n'y ait plus aucun mécanisme».