L’élargissement de l’UE aux Balkans presque au point mort

Les pays candidats s’attendent à patienter encore longtemps, les pays de l’UE se montrant peu enclins en l’état à les accueillir, même si la Commission se veut encourageante.

L’élargissement de l’UE aux Balkans presque au point mort
Conférence de presse lors du sommet européen sur les Balkans occidentaux, le 6 octobre 2021 @BelgaImage

Les chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne (UE) ont confirmé la perspective européenne de six pays des Balkans occidentaux lors d'un sommet à Brdo, en Slovénie, mercredi. Cependant, il ne semble pas qu'ils sortiront de la salle d'attente de sitôt. Encore une fois, il n'y avait pas de calendrier concret pour l'adhésion.

Nos dernières vidéos
La lecture de votre article continue ci-dessous

Une présidente de l’UE qui souffle le chaud et le froid

«Nous envoyons un message clair. Les Balkans occidentaux font partie de la même Europe que l'Union européenne. Nous partageons la même histoire, les mêmes intérêts, les mêmes valeurs, et j'en suis convaincu, le même destin. L'Union européenne n'est pas complète sans les Balkans occidentaux», a ainsi assuré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen lors de la conférence de presse de clôture.

Dans la déclaration finale, cependant, les dirigeants ont de nouveau clairement indiqué que les décisions relatives à un nouvel élargissement de l'UE restent liées à des réformes crédibles, par exemple sur l'état de droit, les droits fondamentaux, la bonne gouvernance, et la lutte contre la corruption et le crime organisé. Dans ce domaine, il reste «encore beaucoup de travail» à faire, comme l'avait déjà reconnu von der Leyen plus tôt dans la journée.

Des négociations qui trainent en longueur

Dans le même temps, Emmanuel Macron a insisté sur le fait que la déclaration finale indique clairement que l'intégration des nouveaux États membres dépend également de la poursuite du développement et de la capacité d'absorption de l'UE. Le président français a aussi été à la base d'un resserrement des négociations d'élargissement. Il reflète la fatigue de l'élargissement qui caractérise la France et les autres États membres occidentaux depuis des années. Les dirigeants de la Serbie, du Monténégro, de l'Albanie, de la Macédoine du Nord, de la Bosnie-Herzégovine et du Kosovo n'ont pas reçu d'engagements concrets sur un calendrier. «Je n'aime pas les délais qui nous mettent finalement sous pression», a expliqué la chancelière allemande Angela Merkel. Le président serbe Alesandar Vučić, dont le pays négocie son adhésion depuis des années, ne se faisait également «aucune illusion» sur une percée rapide. «L'expansion dans les Balkans n'est pas un thème dominant ou populaire pour le moment».

Pourtant, ce mercredi, le ton autour de la table aurait été «un peu plus ouvert que d'habitude», selon une source. Paris et La Haye ont assuré qu'ils ne bloquaient pas et ont par exemple renvoyé la responsabilité du blocage avec la Macédoine du Nord à la Bulgarie. Cette dernière s’est opposée à l'avancement des négociations avec le pays voisin en raison notamment d'un différend sur la langue macédonienne (qui est très proche du bulgare). La Bulgarie refuse également de reconnaître qu'il existe une minorité macédonienne dans le pays. À l’heure actuelle, le but est d’aboutir à un accord après les élections bulgares de novembre. Le conflit entre le Kosovo et la Serbie continue aussi de retarder les discussions avec l'UE, de même que les tensions politico-religieuses au Monténégro, ou encore les récentes menaces de sécession des Serbes de Bosnie.

Avant le sommet, le président du Conseil européen Charles Michel, Ursula von der Leyen et le Premier ministre slovène Janez Janša se sont entretenus avec le président bulgare Roumen Radev et le Premier ministre de la Macédoine du Nord Zoran Zaev. «Nous avons clairement indiqué qu'il était important de résoudre rapidement toutes les questions bilatérales en suspens afin d'ouvrir la voie au début des négociations d'adhésion», a déclaré par la suite l'ancien Premier ministre belge. Ce dernier a souligné «l'importance stratégique» de la région, où la Russie, la Chine et la Turquie rivalisent d'influence. Pour le Premier ministre belge Alexander De Croo, les pays des Balkans occidentaux doivent progresser vers l'UE, «c'est important aussi pour notre économie, concernant des pays d'exportation».

Garder des liens forts avec les Balkans

Les Européens ont préparé un plan économique et d'investissement qui devrait injecter jusqu'à 30 milliards d'euros dans les Balkans au cours des sept prochaines années. En outre, l'UE a débloqué 3,3 milliards d'euros pour faire face aux conséquences de la crise sanitaire dans la région. L'UE y a également distribué près de trois millions de vaccins jusqu'à présent. L'objectif est que le taux de vaccination dans les six pays soit en ligne avec la moyenne de l'UE d'ici la fin de l'année.

«L'UE reste de loin le partenaire le plus proche, le plus important investisseur et donateur de la région. L'ampleur et la portée sans précédent de ce soutien doivent être pleinement reconnues et transmises par les partenaires dans leur débat public et leur communication», ont souligné les dirigeants dans leur déclaration commune.

Débat
Sur le même sujet
Plus d'actualité