Atteindre l’âge de la personne disparue : cette étape peu connue du processus de deuil

Avez-vous déjà entendu parler du phénomène de correspondance ? Cette étape du processus de deuil est peu connue, mais est pourtant source de profondes angoisses.

« Ça m'a terriblement angoissée de devenir plus vieille que mon père » : cet étape peu connue du processus de deuil
Le phénomène de correspondance est une étape peu connue du processus de deuil © Pexels

Le deuil est un processus difficile mais nécessaire pour se remettre de la mort d’un proche. Il est souvent pensé comme un processus unique, dont on se débarrasse après avoir passé toutes les étapes. Une croyance qui est incorrect. Certains individus peuvent avoir besoin de se reconstruire à plusieurs reprises autour d’une même disparition.

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Phénomène de correspondance 

En effet, de nombreux événements peuvent faire ressurgir la douleur du processus de deuil au cours de l’existence. Lorsqu’elles atteindront l’âge de la personne disparue, ou lorsqu’elles entendront une chanson que leur défunt aimait, certaines personnes vont ainsi être touchées par ce que l’on appelle le « phénomène de correspondance ». C’est le cas de Mathilde, dont le père a été emporté par un cancer à l’âge de 32 ans. L’approche de l’« âge fatidique» a été source de nombreuses angoisses pour cette jeune femme.

Pourtant, Mathilde n’a jamais connu son père : « Je suis née dans un environnement chaotique, le cancer de mon père ayant été diagnostiqué trois mois après ma naissance », raconte-t-elle à Slate. Elle était donc loin de se douter des effets qu’entrainerait sa disparition. A 25 ans, Mathilde a commencé à souffrir d’hypocondrie. A 30 ans, c’est la phobie du cancer qui s’est invitée dans sa vie : « Je ne me sentirai en sécurité qu'une fois mes 33 ans célébrés », dit-elle.

« Ça m'a terriblement angoissée de devenir plus vieille que mon père »

Pour la psychologue Valérie Chemoul, interrogée par Slate, ce n’est pas le fait d’atteindre l’âge de la mort de son père qui provoque ces angoisses chez Mathilde, mais le rappel que cet être aimé manque à sa vie. De plus, l’anxiété ne s’est pas dissipée une fois le cap des 32 ans passé : « Ça m'a terriblement angoissée de devenir plus vieille que mon père, je ne trouve pas ça naturel », ajoute-t-elle. La jeune femme s’est d’ailleurs beaucoup comparée à son père l’année de ses 31 ans, avec la peur de ne pas faire aussi bien que lui au même âge.

« La confrontation à la mort d’un proche nous renvoie à la nôtre et nous pousse à nous interroger sur notre vie et notre finitude. Cette démarche peut être très angoissante et anxiogène, mais elle est aussi libératrice. C’est pour cela que l’expérience du deuil est expérientielle. C’est une expérience unique et subjective qui nous renvoie à des questionnements existentiels par rapport à notre propre vie, et surtout à notre propre finitude », explique le psychologue Mathieu Auriol dans un article publié sur son site internet. Le « phénomène de correspondance » peut donc être l’occasion de faire la paix avec ce deuil avant d’ouvrir un nouveau chapitre de sa vie.

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