
Prendre sa retraite à 45 ans, est-ce vraiment possible?

Vous souhaitez devenir riche et arrêter de bosser? Cette promesse n’a jamais été aussi scandée qu’à l’ère des réseaux sociaux. Mais entre les chanceux de la crypto aux conseils saugrenus sur TikTok et les influenceuses de Dubaï qui, pour beaucoup, s’inventent une vie sur Instagram, les internautes se contentent souvent de sourire devant les vidéos de Lamborghini parfois louée à la journée et de laptops au bord de la piscine du Airbnb.
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Car si l’indépendance financière est réellement possible, elle ne ressemble généralement pas à ça. “La retraite anticipée n’est pas accessible en deux ans et sans efforts”, clarifie Sébastien Aguilar. Agé de 38 ans, retraité depuis l’âge de 33, c’est lui qui a importé le mouvement Fire en Belgique. Fire pour Financial Independence Retire Early, soit “Indépendance financière, retraite anticipée” en français. Aujourd’hui, cette communauté compte des milliers de personnes, déjà indépendantes financièrement ou en phase de le devenir. “Pour certains, la retraite anticipée ne sera atteinte qu’à 60 ans. Pour d’autres, elle a lieu à 30 ans.”
La philosophie de Sébastien Aguilar est plutôt belle et loin du cliché ultracapitaliste auquel on pourrait s’attendre. “L’argent est important à condition qu’il soit mis au service d’une vie de qualité”, résume-t-il. Bien évidemment, des personnes rêvent en effet d’une vie luxueuse, mais d’autres dans le mouvement préfèrent rester modestes. “Environ 15 % de la population belge est plus riche que moi. Des familles sont indépendantes financièrement sans s’en rendre compte. Car il y a cette tendance à en vouloir toujours plus, à acheter une maison toujours plus grande, une voiture toujours plus luxueuse, un smartphone toujours plus moderne, des vacances toujours plus paradisiaques. Deux personnes ne considéreront pas être indépendantes financièrement à un niveau de revenus et de patrimoine identiques.” Pour certains, c’est le cas s’ils peuvent acheter une petite maison à la campagne et vivre tranquillement. Pour d’autres, c’est le cas uniquement s’ils peuvent dépenser sans compter. “Pour moi, c’est être en mesure de passer du temps de qualité avec ma femme, mes deux enfants et mes parents qui prennent de l’âge.”
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Pas besoin de spéculer
Faut-il encore trouver la bonne stratégie pour parvenir à mener une vie, même modeste, sans salaire. Il n’existe pas une recette miracle. Certains investissent dans l’immobilier. D’autres en bourse. Dans des fonds ou dans des trackers, c’est selon. D’autres encore font d’énormes sacrifices en vivant avec le moins possible pour tout épargner et mieux vivre demain. De son côté, Sébastien Aguilar est parti travailler à l’étranger comme consultant dans des projets d’énergie renouvelable. C’est là qu’il a eu le déclic. Il ne cotisait pas pour sa pension et à commencer à chercher à assurer ses arrières. “Je n’ai jamais spéculé. J’ai simplement mis de l’argent de côté à long terme avec l’idée de le récupérer à 60 ou 65 ans. J’ai beaucoup lu et appris pour éviter les pièges. Je n’investis que dans des produits simples, sans banquier ou intermédiaire car cela engendre des frais, dans deux ou trois ETF. Les performances ont été bonnes et ça a été plus vite que prévu.”
Évidemment, atteindre Fire est plus simple pour quelqu’un qui gagne 5.000 euros par mois et peut en placer la moitié que pour un salarié à 2.500 euros qui doit se serrer la ceinture. Mais ce dernier pourrait quand même y parvenir. En économisant 200 euros par mois, s’il opte pour la bourse par exemple, en 30 ans, avec un taux réaliste de 7 % par an, il se rapprocherait des 250.000 euros sur son compte, pour quelque 70.000 investis, et en 40 ans, du demi-million d’euros. Bien entendu, ça, c’est la théorie idéalisée. En vérité, la recette n’est pas miraculeuse, et certains se ruinent en bourse à cause de mauvaises décisions. Mais ils se bousculent moins pour en parler… Il n’empêche que certains atteignent l’indépendance financière de cette manière.
La recette de l’immobilier
Frédéric, 72 ans, a lui opté pour l’immobilier, ce qui lui a permis de prendre sa retraite à…. 52 ans! “J’ai acheté un premier bien à 23 ans lorsque j’ai commencé à travailler, puis trois ans plus tard, j’en ai acheté un second, puis cinq ans plus tard encore un… À 40 ans, j’en possédais huit, me rapportant un revenu locatif net par mois de 3.300 euros. Aujourd’hui, j’ai une quinzaine de biens. Évidemment à mon époque, les banques prêtaient plus facilement. Et ça m’a coûté quelques sueurs froides quand le loyer de mon premier appartement ne couvrait pas la totalité du crédit. Devenir indépendant financièrement est possible, mais ça va avec des risques.” Sébastien Aguilar intervient: “La clé est qu’il faut être patient et ne pas investir dans ce qu’on ne comprend pas. Le premier investissement, finalement, c’est du temps pour s’éduquer à la finance.”
Prendre sa retraite anticipée, ce n’est pas ne plus rien faire de sa vie. D’abord, Frédéric gère ses biens et son patrimoine, ce qui lui prend une heure par jour. Ensuite, il a enfin le temps de se consacrer à sa vraie passion: la philosophie. “Je m’élève intellectuellement depuis que j’ai arrêté de travailler. À côté de mes lectures, je me suis longtemps occupé de ma vieille maman avant son décès. Je suis disponible pour ma fille. Je l’aide à faire ses travaux. Quant à mon épouse, elle est bénévole aux Petits Riens. Elle ne gagne peut-être pas d’argent, mais je suis convaincu qu’elle est socialement bien plus utile que de nombreux travailleurs.”