Les francophones de plus en plus nombreux en Flandre?

Une source donne des chiffres impressionnants sur l’usage du français dans un bon nombre de communes flamandes.

Les francophones de plus en plus nombreux en Flandre?
Maison communale de Linkebeek @BelgaImage

La «tache d’huile» francophone, tant redoutée par les nationalistes flamands, semble s’être étendue en Flandre, même dans certaines communes sans facilités linguistiques. Tel est le constat fait par l’Association pour la promotion de la francophonie en Flandre (APFF). Ce vendredi, elle a relayé une analyse des données de 'Kind en Gezin', l’équivalent en Flandre de l'Office de la naissance et de l'enfance (ONE). Il s’avère ainsi que le pourcentage de mères parlant en français aux nouveau-nés a augmenté de 50% en 15 ans, passant de 4,2% en 2005 et 4,8% en 2012 à 6,4% en 2020. Et ça, c’est à l’échelle de la région entière. Dans certaines communes, surtout autour de Bruxelles, la présence du français serait particulièrement importante.

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Une banlieue bruxelloise francophone

Sans surprise, les nouveau-nés élevés en français sont majoritaires dans toutes les communes à facilités entourant la capitale, que ce soit à Linkebeek (78,6%), Drogenbos (76,6%), Wezembeek-Oppem (72,7%), Crainhem (69,9%), Rhode-Saint-Genèse (65%) et Wemmel (59,1%). Ce qui est plus impressionnant, c’est que dans l’ensemble du Brabant flamand, 24,4% des bébés sont dans le même cas. En 2012, ils n’étaient que 17,1%.

Dans dix autres communes de la province, toutes frontalières de Bruxelles, le français arrive en première position: Leeuw-Saint-Pierre (59,1%), Beersel (48,7%), Dilbeek (48,6%), Zaventem (47%), Machelen (43,9%), Overijse (43,9%), Tervuren (39,4%), Asse (38%), Vilvorde (37,7%) et Grimbergen (37,2%). Enfin, trois autres communes sont également très prisées des francophones: Hoeilaart (38,6%), Meise (33,3%) et Liedekerke (32%). Hoeilaart serait ainsi la seule commune limitrophe de Bruxelles où le français n’occuperait pas la première place.

L’APFF a aussi prêté attention aux chiffres dans les communes à facilités situées ailleurs en Flandre: Renaix (23,2%) en Flandre-Orientale, Messines (27,3%) et Espierres-Helchin (10%) en Flandre occidentale, et les Fourons (20%) dans le Limbourg. À Herstappe, les données sont inexistantes et à Biévène, dernière commune flamande à facilités, le pourcentage est faible (6,7%).

Dernière constatation faite par l’APFF: dix autres municipalités se distinguent en ayant au moins 10% de francophones sur leurs territoires. C’est le cas de La Panne (16,7%) à la côte, des villes de Ninove (15,7%) et Alost (15,4%) en Flandre orientale, de plusieurs communes frontalières de la Wallonie, ainsi que de Willebroek (10,5%) au sud d’Anvers.

Une minorité mal-aimée

Ces données donnent un éclairage assez frappant sur le nombre de francophones en Flandre. Mais il est difficile d’en savoir plus sur la teneur réelle de cette présence. Les recensements linguistiques sont strictement interdits depuis les années 1960, lorsque la Flandre craignait de voir la «tache d’huile» francophone s’étendre.

Quoi qu’il en soit, pour l’APFF, son constat tranche avec le mutisme des autorités flamandes sur la minorité francophone. «Sous la pression des nationalistes flamands, la Belgique a fait savoir à l'ONU qu'elle n'acceptait pas la recommandation de la Suisse […] de "ratifier la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales", ni celle de la Russie de "prendre des mesures efficaces pour réaliser pleinement les droits culturels et linguistiques des minorités, en particulier de la minorité francophone en Flandre", ou encore les recommandations concernant la lutte contre les discriminations linguistiques», se désole l’association.

Ce rappel a lieu alors que les tensions communautaires sont particulièrement vives à Renaix, où la majorité CD&V – N-VA est tenté de faire disparaître le français de l’espace public. Peu à peu, les panneaux bilingues sont raturés pour que ne soit lisibles que les indications en néerlandais. Interrogé par la RTBF, le bourgmestre CD&V ne s’en offusque pas et déclare que «dans une ville flamande, c’est en néerlandais», qu’importe qu’il s’agit d’une commune à facilités pour les francophones. Le collectif «Ronse bilingue – Renaix tweetalig» a engagé un avocat pour mettre en demeure les autorités communales afin qu’elle respecte la législation linguistique. L’affaire pourrait terminer devant la justice.

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