
Nouveau parti d’extrême droite en Wallonie : « le terrain est prêt »

Ils étaient déjà nombreux mais voilà qu’un nouvel acteur risque de leur voler la vedette. Droite populaire, Nation, Les Belges d'abord, Agir et Parti national européen, pour les principaux, devront se farcir un sixième parti d’extrême droite francophone : « Chez Nous ». A l’inverse de ses concurrents tombés dans l’oubli, sera-t-il capable de chambouler le paysage politique wallon ? Au vu du carnet d’adresses de ses cofondateurs, Jérôme Munier et Gregory Vanden Bruel, mieux vaut s’en méfier. Jérôme Munier a notamment fait ses armes au sein du Parti Populaire, dissous en 2019.
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Van Grieken et Bardella en guests
C’est une première pour une formation politique en Wallonie. Tom Van Grieken, président du Vlaams Belang et Jordan Bardella, président du Rassemblement National, le parti de Marine Le Pen, débarqueront en région liégeoise ce mercredi afin d’apporter leur soutien à « Chez Nous », leur nouveau petit frère. Au menu de cette soirée blanc bleue (presque) belge : « l’urgence d’agir dans une Wallonie confrontée au déclassement, à la précarité, au péril migratoire et à l’insécurité », annonce un communiqué. Voilà qui annonce la couleur de leur programme politique.
« Le fait de s’afficher auprès de ces leaders ne peut que les aider puisqu’on a une visibilité assez forte sur les discours de Marine Le Pen en Belgique francophone. Et c’est quelque chose que les autres leaders d’extrême droite n’avaient pas réussi dans les dernières décennies », analyse Benjamin Biard, chercheur au CRISP (Centre de recherche et d’information socio-politiques).
Le contexte de la campagne électorale française pourrait également jouer en leur faveur. Les discours du pas encore candidat mais déjà inquiétant, Éric Zemmour, dépassent la frontière et emportent l’adhésion d’une partie de la population. « Sur un certain nombre de thématiques, le terrain est prêt en Belgique francophone dans le sens où beaucoup d’électeurs sont d’accord avec les thèses des formations d’extrême droite. »

© Belga Image
2024 : ça passe ou ça casse
Mais un bon coup de com ne suffira pas. Les partis d’extrême droite restent marginaux au sud du pays. « Ce sont des formations peu visibles, parce qu’il y a le cordon sanitaire politique et médiatique. Elles n’ont pas accès à des débats ou à des émissions en direct », explique Benjamin Biard. Le chercheur pointe deux autres particularités francophones : « le manque d’identité nationale » ainsi que « la force de la société civile qui se mobilise ». Un événement de février 2019 illustre ce phénomène. Theo Francken était attendu à Verviers pour présenter son livre. Mais la mobilisation d’environ 200 militants hostiles à l’ancien secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration est parvenue à faire annuler la conférence.
Les prochaines élections devraient se tenir en 2024. Le temps pour « Chez Nous » de prendre du galon. « C’est une période de trois ans assez longue qui pourrait être mise à profit pour véritablement devenir une machine de guerre électorale mais qui pourrait aussi, pendant cette période, perdre en intensité et en visibilité dans un contexte où la société civile est particulièrement mobilisée pour en empêcher le développement. »
Difficile pour l’extrême droite belge francophone presque inexistante de séduire un électorat. D’autant plus que chaque parti se la joue solo. Les chances d’alliance sont très faibles. L’union ne fera certainement pas leur force.