
La colère des vaccinés contre les non-vaccinés «compréhensible» selon Vandenbroucke

Ce dimanche, le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke accordait un long entretien au journal De Morgen sur le thème de la crise du Covid-19. Parmi les points abordés, le port du masque, les mesures sanitaires récentes mais aussi la vaccination. Sur ce dernier sujet, le socialiste flamand a été particulièrement bavard, distribuant les bons et les mauvais points à chacun, vaccinés et non-vaccinés, y compris à lui-même.
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Les vaccins: un sujet épineux
Sur les tensions que suscite la crise sanitaire, le ministre affirme que cela l’«inquiète» et tente de donner une explication sur les causes de cette situation. «Regardons les choses en face», dit-il, «les personnes vaccinées sont en colère contre les personnes non-vaccinées et c'est compréhensible». Pour autant, il n’exempte pas les vaccinés de tout reproche, notamment quand il fait allusion à ceux qui ne suivent plus les gestes barrières. «Nous avons besoin de différentes couches de protection contre ce virus. Pensez à la circulation routière: vous devez porter une ceinture de sécurité. Mais ce n'est pas parce que vous portez une ceinture que vous pouvez soudainement rouler à 200 km/h sur l'autoroute», explique-t-il. C’est exactement pour cette raison qu’il pointe l’utilité du masque. Il dénonce d’ailleurs les décideurs politiques qui ont voulu s’en défaire rapidement.
Frank Vandenbroucke fait également son mea culpa d'une déclaration sur la vaccination. Au début de l’année, il a affirmé que grâce aux vaccins, «le royaume de la liberté est à nouveau en vue». «C'était une expression spontanée, dans un moment d'euphorie où nous avons proposé notre plan de vaccination», avoue-t-il. «Mais contrairement à d'autres, je n'ai jamais dit que nous allions nous détendre rapidement».
Lorsque le Morgen lui fait remarquer que cette déclaration a malgré tout mis à mal la confiance envers les politiques et les vaccins, il répond qu’«il n'y a qu'une seule réponse à cela. Vous devez oser admettre que vous changez d'avis parce que l'avis scientifique est en train d'être ajusté». «Ce qui est ennuyeux, c'est que la science est en constante évolution. Je dois donc souvent m'adapter. Mais c'est notre seul point de référence. La science apporte parfois des messages d'espoir et le lendemain des messages décevants», précise-t-il ensuite.
Discothèques, écoles et vaccination
Interrogé sur les mesures sanitaires récentes, le ministre est notamment amené à aborder le cas des discothèques, où le masque est redevenu obligatoire même avec un Covid Safe Ticket. Une décision pas toujours appréciée par les gérants de ces établissements. «Il fallait choisir entre fermer la vie nocturne ou leur offrir une option. Cette option, je l'admets, est difficile. C'est une épreuve pour le monde de la nuit. C'est terrible, je sais. Et même s'il reste ouvert, ce sera avec peu de succès. Nous devons penser au soutien financier. Les devoirs des ministres ne sont pas terminés», assure Frank Vandenbroucke.
Sur le cas des écoles, il pointe le danger du variant Delta, particulièrement contagieux, «même chez les enfants». «La différence entre l'enseignement primaire et secondaire est énorme: les élèves du secondaire bénéficient de leur vaccination», dit-il. Quant au port du masque à l’école, applicable dès 9 ans en Flandre, il défend cette décision. «Et vous savez pourquoi ? Parce que je veux que les écoles restent ouvertes», ajoute-t-il. Il n’hésite d’ailleurs pas à se montrer dur envers ceux qui insistent sur le fait que le masque à l’école peut entraîner des troubles de l’apprentissage. Pour lui, il s’agit d’un moindre mal comparé à ce qui pourrait arriver si les masques n’étaient pas requis. «Préférions-nous que les enfants soient constamment mis en quarantaine ou que les écoles soient fermées? Aimeriez-vous y penser?! Honnêtement, je ne comprends pas cette discussion», dit-il.
Par contre, il l’assure: pas de confinement limité aux non-vaccinés, comme l’Autriche l’a un temps fait. Petit bémol: il n’est pas forcément opposé à ce que ces personnes n’aient plus accès au monde de la nuit. Pour y aller, il faudrait soit être vacciné, soit être guéri (une mesure née en Allemagne et en Autriche sous le nom de «règle des 2G»). Frank Vandenbroucke balaye à ce propos toute accusation de discrimination. «Vous devez avoir un permis de conduire pour conduire la voiture. Est-ce de la discrimination? Non», riposte-t-il. Quant à la perspective d’une vaccination obligatoire, il déclare: «Je dis depuis longtemps que je ne suis pas contre cela philosophiquement, mais dans la pratique, je ne vois pas cela se produire à court terme».