
« Affaire » Jean-Luc Crucke, CST… Avis de tempête sur le gouvernement wallon

Un projet de décret porté par un ministre et recalé, c’est courant en politique. Ça l’est beaucoup moins lorsque ledit projet est flingué par le parti auquel appartient ce même ministre. C’est pourtant la mésaventure qui est arrivée à Jean-Luc Crucke. Lundi, le ministre wallon du Budget a vu son texte, approuvé par le gouvernement, être retiré de l’ordre du jour et renvoyé à l’arriéré par les députés MR.
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De quoi parle-t-on ? D’un texte qui, selon le cabinet de Jean-Luc Crucke, devait permettre « de lutter plus efficacement contre des pratiques destinées à échapper et/ou à contourner certains impôts, pratiques qui reportent sur l’ensemble de la société le poids de la non-contribution de certains acteurs". L’idée était de s’attaquer aux zones grises fiscales, en luttant notamment contre le contournement des règles en matière de succession ou de donation.
Un projet jugé trop agressif à l’égard de la classe moyenne et d’une partie de l’électorat libéral. Dimanche, le président du MR Georges-Louis Bouchez serait ainsi personnellement intervenu auprès des députés MR, pour qu’ils désavouent leur ministre au parlement.
Pas encore de crise ouverte, mais...
Pour Jean-Luc Crucke, c'est un camouflet. "J’ai porté ce dossier depuis le début et je ne parviens pas, à quelques encablures, à franchir la ligne d’arrivée. Je saurai en tirer les conclusions le moment venu", a-t-il lâché. D’aucuns y ont vu une menace, à peine voilée, de démission… Si on ne peut pas encore parler de crise ouverte au sein de la majorité, la situation reste potentiellement explosive.
Ce jeudi, le projet de décret doit atterrir sur la table du gouvernement. Le PS et Ecolo, les partenaires du MR au sein de la majorité, ont déjà manifesté leur soutien au ministre Crucke... Reste à voir quelle sera in fine l’attitude des libéraux. Une nouvelle commission Budgets est convoquée vendredi.
Le CST? Illégal en Wallonie
Ces tensions tombent d’autant plus mal que le gouvernement wallon avait déjà été confronté à deux autres écueils ces derniers jours. Le premier coup de boutoir est venu de la justice namuroise. La semaine passée, le tribunal de première instance de Namur a en effet constaté l'illégalité de l'usage du Covid Safe Ticket en Wallonie et condamné la Région à mettre un terme à cette situation dans un délai de 7 jours, sous peine d'astreinte de 5.000 euros par jour de retard.
Absente lors de l'audience du 30 novembre, la Région wallonne a fait appel, contestant notamment le caractère disproportionné du CST, relevé par la justice. Quant aux astreintes dues depuis ce mercredi, elle va les consigner et ne les libérera que si elle perd à l'issue de la procédure en appel, prévue le 21 décembre, a déjà expliqué son avocat, Marc Uyttendaele.
Un plan de relance très critiqué
Ce premier revers à peine essuyé, le gouvernement Di Rupo a dû faire face à un autre défi. Le week-end passé, c'est au tour de la FGTB et de l'Union wallonne des Entreprises (UWE) de jeter un pavé dans la mare (médiatique). Dans le collimateur de cet étonnant attelage: le plan de relance wallon qui, selon ses détracteurs, manque de vision et consacre une nouvelle fois le saupoudrage des moyens. L'absence de concertation est également durement reprochée.
"C'est du jamais vu: le gouvernement a réussi à mettre d'accord le patronat et les syndicats. Ne pas avoir consulté les partenaires sociaux, c'est une faute grave", souligne, du banc de l'opposition, le député cdH André Antoine.
(A.P., avec Belga)