
Frank Vandenbroucke: «Je ne me cache jamais derrière les experts»

Le ministre socialiste flamand Frank Vandenbroucke a pesé lourd dans la balance qui a mené à la fermeture des salles de cinéma et de théâtre. La colère gronde. Le ministre répond sans se laisser démonter. Car oui, clame-t-il, il aime aussi la culture.
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Vous avez soulevé beaucoup de mauvaise humeur dans la population en fermant la culture. Vous vous êtes mis à dos les experts. Vous avez même fait pleurer Marius Gilbert.
Frank Vandenbroucke - Je sais qu’il y a une contestation majeure des dernières décisions prises. Je rencontrerai les représentants du secteur culturel mardi. Je crois qu’il faut regarder les gens droit dans les yeux. Je viens de le faire ce matin avec les directeurs des hôpitaux flamands qui voulaient exprimer toutes leurs inquiétudes. Je l’ai fait aussi en direct à la télévision avec les propriétaires de discothèques. C’est triste de vouloir aujourd’hui exploiter une discothèque. Je l’ai fait avec des antivax. Je l’ai déjà fait et je le ferai encore avec le secteur culturel. S’il y a une évolution positive dans les chiffres, je suis prêt à revoir rapidement ce qu’on a décidé pour eux et réfléchir à une solution plus nuancée. Mais en même temps, s’il y a une mauvaise évolution dans les chiffres qui signale que l’épidémie reflambe de façon inquiétante, l’avis du GEMS (groupe d'experts, ndlr) nous dit qu’il faut envisager peut-être de tout fermer. Il faudra en tout cas prendre des mesures additionnelles. Je cite le GEMS, mais évidemment, le GEMS n’est pas responsable. C’est nous, politiques, qui le sommes. Je ne me cache jamais derrière les experts. C’est moi. Les experts donnent des avis. Ils avaient dit qu’il ne fallait rien fermer sauf en cas de mauvais chiffres où ils prônaient des fermetures totales de toute une série de secteurs.. On n’a fait ni l’un ni l’autre.
"S’il y a une évolution positive dans les chiffres, je suis prêt à revoir rapidement ce qu’on a décidé pour la culture"
Vous n’avez pas peur de perdre l’adhésion de la population?
J’ai toujours peur de ça. J’ai peur du virus et pour cela j’ai besoin de l’adhésion. Mais je reste solidaire de l’accord qui est intervenu. Je comprends la souffrance des hôpitaux mais aussi celle du secteur culturel. Moi, j’aime les concerts. Je vous avoue qu’il y a deux semaines j’ai eu la chance de voir Jef Neve qui est un pianiste jazzman flamand. On peut avoir vraiment faim d’un concert. J’ai eu une longue conversation avec Anne Teresa De Keersmaeker, lors de la deuxième vague, donc il y a déjà longtemps : c’est terrible ce qui se passe pour les danseurs. En étant responsable d’une école internationale de danse (PARTS), elle m’a exprimé son inquiétude profonde, pour toute la société. Je lui ai expliqué la même chose qui prévaut aujourd’hui : ce sont des mesures de précaution devant l’inconnu. Je comprends que les citoyens ne comprennent pas. Mais avec l’Omicron, on est devant l’inconnu. Je ne me laisse pas guider par la popularité immédiate. J’essaie de faire ce qu’il faut faire, en étant toujours le porte-parole des accords intervenus, mais en connaissant aussi les difficultés et les souffrances que les mesures entraînent, et en essayant de continuer le dialogue.
Retrouvez l'entretien complet du ministre Vandenbroucke dans le prochain numéro de Moustique, dès ce mercredi 29 décembre.