
Le secteur culturel pas convaincu par le baromètre de Frank Vandenbroucke

Rouge, jaune, vert : trois couleurs pour sortir du yo-yo déconfinement-reconfinement auquel sont soumis les organisateurs d’événements depuis le début de la pandémie. Évoqué de longue date, un projet de baromètre corona a été présenté mardi par le ministre fédéral de la Santé, Frank Vandenbroucke (Vooruit), à une quarantaine d’acteurs issus de la culture.
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Le but est de ne plus prendre des mesures dans l’urgence, mais bien de pouvoir les planifier, autant que possible, en fonction de seuils épidémiques ; à tel stade de l’épidémie correspondrait telle mesure. Une batterie de réponses à la pandémie qui serait, au moins partiellement, connue à l'avance de tous. De quoi donner des perspectives à un secteur qui a particulièrement souffert de l’incertitude depuis le début de la pandémie. Et qui réclame, en plus d’une vision à moyen terme, de prendre en compte la diversité et les spécificités des salles accueillant du public.
Des jauges au cas par cas
« On demande des mesures proportionnelles, expliquait à Belga Pierre-Alain Breeveld, président de la Fédération de la Culture Indépendante (FCI). On ne comprend pas bien cette décision d'avoir 200 personnes maximum, que ce soit dans une salle de 250 personnes ou dans une salle de 16.000 places. Cela ne fait pas sens d'un point de vue sanitaire mais cela ne fait pas non plus sens d'un point de vue économique".
« Nous voulons qu’il n’y ait pas de discrimination entre les secteurs, renchérissait dans La Libre Virginie Devaster, directrice de la Chambre des théâtres pour l’enfance et la jeunesse. Nous demandons une révision des mesures actuelles qui plafonnent l’occupation des salles à 200, peu importent l’espace disponible et le type de public. Nous souhaitons, au contraire, un seuil minimum plus élevé pour les petites salles, et ensuite un taux d’occupation proportionnel pour les plus grandes salles".
Pour rappel, même si le Conseil d’Etat a désavoué le Comité de concertation du 22 décembre qui avait mis à l’arrêt les théâtres, cinémas et salles de concert, le principe de la jauge de 200 personnes, établi par un codeco précédent, reste bien d’application. Tout comme l’obligation du CST pour les événements de plus de 50 personnes. Un recours contre ces deux derniers points est toujours pendant devant le Conseil d’Etat.
"Trop contraignantes"
Selon Le Soir, la mouture présentée mardi par Frank Vandenbroucke n’a pas convaincu le secteur culturel. D’abord parce qu’on n’y retrouverait pas la proportionnalité demandée ; le plan baromètre ne prenant pas en compte la dimension des salles. En l’état, la jauge de 200 serait maintenue. Ensuite, parce que les plafonds de C02 admis seraient abaissés, et ce, quelle que soit la capacité de remplacement d’air.
Pourtant, de nombreuses salles (surtout les plus importantes) ont investi dans des dispositifs de captation depuis le Covid. « J’ai une salle de 1.200 places", soufflait dans Le Soir Daniel Weissmann, directeur de l’Orchestre royal philharmonique de Liège. « J’y renouvelle 30.000 m3 d’air trois fois par heure, mieux qu’une chambre d’hôpital. Je n’ai aucune raison d’avoir moins de 100 % de ma jauge". « Les mesures (du plan baromètre, NDLR) sont en l’état beaucoup trop contraignantes », retoquait quant à elle Isabelle Jans, coordinatrice d’Aires Libres, fédération des arts forains, du cirque et de la rue, dans l’Avenir.
Présenté en Conseil des ministres restreint (kern) ce mercredi, le plan baromètre ne devrait cependant pas en vigueur tout de suite et sera probablement examiné durant la deuxième réunion du Codeco prévue en janvier.