
Bruxelles: construire des logements sociaux ou garder des espaces verts ?

La capitale a besoin de plus de logements sociaux. Ils sont encore 44.000 ménages actuellement à attendre un nouveau foyer à prix abordable. Et sur son site officiel, Bruxelles Logement n’y va pas par quatre chemins: pour un appartement 2 chambres, il faut attendre environ 11 ans, pour 4 chambres, 15 ans.
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Parmi les différentes solutions, plusieurs projets de construction ont été lancés. Mais comme le souligne La Libre Belgique ce lundi, ces futurs chantiers exposent un clivage au sein de la politique bruxelloise. Il y a ceux qui pensent que les logements sociaux sont nécessaires, quitte à faire disparaitre parfois un peu de nature et les autres pour qui la préservation des espaces verts passe avant tout.
Il ne s’agit pas d’une lubie écologiste. Il est vrai que la nature disparait de plus en plus de la Région bruxelloise. Il s’agit donc là d’un véritable débat politique sur ce qui est le plus important pour Bruxelles. Les deux camps qui s’affrontent sur la question n’ont rien d’étonnant: le PS est coté logement et Ecolo, de l'autre.
Agriculture contre immobilier
Parmi les projets qui divisent, on peut citer celui du Chant des Cailles, à Watermael-Boitsfort. Il s’agit d’un terrain de trois hectares appartenant à la société de logements sociaux locale. En attendant que des appartements sortent du sol, l’espace est occupé par une asbl d’agriculture urbaine.
Aujourd’hui, un collectif citoyen, « les ami.e.s du Chant des Cailles », aimerait que tout reste comme ça. Le bourgmestre Ecolo Olivier Deleuze aussi. Il a même comparé la situation à celle de Notre-Dame-des-Landes, ajoutant que si elle devait évoluer en ce sens, « la commune sera du côté des zadistes ».
Pour le PS, ça serait inconcevable. Ce terrain de 15 millions d’euros doit accueillir des logements sociaux.
Des négociations ont eu lieu, impliquant les différents partis, pour trouver un compromis. Plusieurs scénarios divisant les terres avec une grande majorité consacrée à l’agriculture et une petite partie pour du logement. Mais pour la commune, c’est non. Pour l’élaboration d’un plan particulier d’affectation des sols, une étude a été commandée et a préconisé du logement sur cette parcelle. Mais Watermael-Boitsfort et Olivier Deleuze maintiennent leur position, et le dossier en standby par la même occasion. Au Champ des Cailles, il n’y aura que de l’agriculture urbaine, au grand dam des élus socialistes. « On est prêts à faire du logement social, mais ailleurs », a-t-il déclaré.
Maintenir l'équilibre
Ce n’est pas le seul exemple. À Uccle, la Société du logement de la région de Bruxelles veut construire des logements dans un parc où retrouvent arbres et potagers. La commune et les citoyens s’y opposent. Entre Evere et Schaerbeek, la friche Josaphat devait accueillir plus d’un millier de logements, mais un collectif de riverains bataille pour préserver l’état sauvage des lieux.
Maintenir des espaces vers en zone urbaine en dépit du manque de logements publics, ou l’inverse ? À Bruxelles, la question est source de tension et se discute au cas par cas.
Pour le ministre bruxellois du Logement, Pascal Smet (Vooruit), il ne faut pas choisir. « Ce débat entre espaces publics verts et logements est un faux conflit. Il faut les deux : espaces verts, mais c’est important de continuer à construire », explique-t-il dans La Libre. « [Il faut] réfléchir comment maximaliser l’espace vert, intégrer le bâti dedans pour que les habitants y aient accès, développer les espaces verts sur les toits. Cela veut dire aussi qu’il faut accepter d’aller plus en hauteur. »