
Mort d’un enfant de 4 ans: le ministre de la Justice veut plus de places en psychiatrie

Dean Verberckmoes avait été aperçu pour la dernière fois le mercredi 12 janvier à Saint-Nicolas (Flandre-Orientale), en compagnie de Dave De Kock. Le trentenaire était censé déposer Dean chez ses grands-parents le jeudi. La mère avait signalé la disparition de Dean durant le week-end, expliquant que cet homme à qui elle avait confié son enfant n’était plus joignable depuis plusieurs jours. Elle avait précisé que le trentenaire avait déjà gardé son fils par le passé et avoir une entière confiance en lui.
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Le corps de Dean a finalement été retrouvé lundi à Vrouwenpolder, en Zélande néerlandaise. Dans la journée, Dave De Kock, qui était porté disparu avec l’enfant, a été interpellé aux Pays-Bas. Mardi, l’agence Belga rapportait que la compagne de Dave De Kock avait également été arrêtée.
Pas de place en psychiatrie pour De Kock
Commentant l’affaire, le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne (Open Vld) a relevé mardi le manque de places en psychiatrie pour des profils à haut risque tels que Dave De Kock. En 2010, ce dernier avait été condamné à une peine de dix ans de prison pour des faits de maltraitance ayant entraîné la mort en 2008 d’un petit garçon, cette-fois âgé de 2 ans, originaire de Ravels (frontière avec les Pays-Bas). De Kock avait purgé l’intégralité de sa peine pour ces faits, si bien qu’après sa libération en 2018, plus aucune mesure judiciaire ne lui était imposable, a révélé le ministre dans l’émission "De ochtend" sur Radio 1 (VRT).
Il avait d’abord été emprisonné à Turnhout, puis à Hasselt, et enfin à Tilburg, chez nos voisins néerlandais. Lors de son incarcération à Tilburg, il avait été demandé que De Kock soit placé en institution psychiatrique. « Mais il n’y avait à l’époque pas de places, avec pour conséquence que la justice a décidé de le déplacer vers une autre prison, celle de Ruiselede (en Belgique, ndlr), où il avait suivi un programme pour se défaire de son assuétude aux drogues".
« Le grand problème dans notre pays, a ajouté Vincent Van Quickenborne, c’est que les cas psychiatriques à hauts risques, donc des personnes avec un très lourd passé judiciaire, sont bien souvent tout simplement privés de tout placement car leur casier judiciaire est trop lourd et qu’aucune place n’est prévue pour pareil cas. Nous avons depuis lors investi dans la construction de centres psychiatriques d’internement".
Manque de suivi adapté
"Nous devrions aussi avoir des places dans des institutions psychiatriques hautement sécurisées pour des condamnés avec des profils lourds de ce type", a plaidé le ministre, annonçant prévoir des « millions d’euros" pour renforcer les infrastructures prévues. "Cette année, 200 personnes seront ajoutées au système carcéral pour fournir des soins et des traitements".
Reste à voir si les annonces seront suivies d’effet. Ces dernières années, deux « centres de psychiatrie légale » à sécurité renforcée (CPL) ont bien été créés à Anvers (2015) et à Gand (2017). Insuffisant, toutefois, pour régler le problème du manque de lieux de placement de soin sécurisés, surtout du côté francophone.
Chez nous, nombre d’internés sont aujourd’hui détenus en annexe psychiatrique de prison, pour une durée plus importante que ce qui est prévu par la loi. Ce n'était certes pas le cas de Dave De Kock, condamné, on l’a dit, à une peine de prison. Mais cette affaire est aussi l'occasion de se pencher sur la manière dont la Belgique s'occupe des internés. Chez nous, la loi de 2014 relative à l’internement permet la détention d’internés dans les annexes psychiatriques des prisons, mais dans certains cas, et pour de courtes périodes seulement.
La Belgique plusieurs fois condamnée
« Malgré plusieurs condamnations par le Cour européenne des droits d’homme (CrEDH), des auteurs d’infraction pénale atteints d’un trouble mental continuent à être détenus durablement en annexe psychiatrique de prison, sans recevoir le niveau de soin requis", notait récemment une carte blanche signées par plusieurs professeurs d’université.
En novembre 2021, un projet de loi visant « à rendre la justice plus humaine, plus rapide et plus ferme" prévoyait de régulariser les longs séjours en prison en attendant qu’une place se libère en psychiatrie. À l’initiative de l’opposition, la Chambre a finalement adopté le projet de loi le 25 novembre dernier, mais sans les dispositions relatives au volet « internement". La détention durable des internés reste donc illégale en droit belge.
(A.P, avec Belga)