
Paul Magnette veut «une Belgique sans e-commerces, avec de vrais magasins»

Alors que le gouvernement fédéral s'apprête à rediscuter de l'assouplissement du travail de nuit dans le secteur de l'e-commerce, le président du PS Paul Magnette préconise, lundi dans un entretien à l'hebdomadaire flamand Humo, de limiter ce type de travail à certaines professions comme la police ou les hôpitaux. Il va plus loin en affirmant que, « après la sortie du nucléaire, il serait souhaitable de sortir de l'e-commerce ; faisons de la Belgique un pays sans commerce électronique, avec de vrais magasins et des villes animées ».
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L'assouplissement des règles sur l'e-commerce entre 20h00 et minuit est l'une des pierres d'achoppement de la réforme du marché du travail, un dossier aux mains du ministre de l'Emploi Pierre-Yves Dermagne (PS) sur lequel le gouvernement De Croo devrait revenir cette semaine. Les libéraux en sont demandeurs de longue date, eux qui font valoir une fuite des emplois vers des pays voisins comme les Pays-Bas, où les règles sont déjà plus souples.
« Je pense que l'e-commerce n'est pas un progrès, mais une régression sociale et écologique. Pourquoi acceptons-nous de faire travailler des ouvriers de nuit dans des centres de conditionnement ? Parce que les gens veulent acheter 24 heures sur 24 et recevoir leur colis à domicile dans les 24 heures. Ne peut-on vraiment pas attendre deux jours pour un livre ? », demande Paul Magnette.
Le président des socialistes francophones souligne les dégâts du travail de nuit sur la santé. "Il faut le limiter à des secteurs où il est vraiment nécessaire, par exemple la police et les hôpitaux". Voir des firmes installer leurs hangars de l'autre côté de la frontière ne lui pose pas de problème. Car le grand souci n'est pas à ses yeux le chômage, mais les maladies de longue durée, elles ne font que s'aggraver dans ce secteur, souligne M. Magnette.
Le président du PS lance d'autres mots forts dans son interview à Humo. Il s'en prend notamment au MR et à son président Georges-Louis Bouchez. « Le problème de ce gouvernement, on peut le résumer en deux lettres: MR. Ils compliquent tous les dossiers. Tout ce que veut M. Bouchez, c'est se faire un nom et empêcher les autres d'engranger des résultats (...) Lui n'avait rien engrangé lors des négociations gouvernementales. Rien. Voilà pourquoi il fait de l'opposition au gouvernement depuis le premier jour. »
Pour le socialiste, une grande réforme fiscale sous cette législature est tout sauf évident. « L'accord de gouvernement prévoit que nous devions la préparer. Si (le ministre des Finances) Vincent Van Peteghem devait trouver un grand accord de manière inattendue, alors nous pourrons en faire davantage. Mais ce ne serait pas un échec s'il n'y avait pas de grande réforme fiscale sous cette législature. » Paul Magnette dit aussi ne pas attendre grand-chose au niveau institutionnel.
Selon lui, le Premier ministre Alexander De Croo a pris à cœur les critiques sur sa méthode de travail. « Il met plus vite les choses sur papier et prend plus de temps pour la concertation ». Paul Magnette justifie les critiques émises à ce propos il y a quelques mois. « Je veux vraiment que la Vivaldi réussisse, sans quoi ce sera encore plus difficile en 2024 de former un gouvernement. Voilà pourquoi je préfère laisser Alexander De Croo faire son travail. »