
Marghem à propos de la politique énergétique: «Est-ce que vous trouvez cela admissible?»

L'ancienne Députée fédérale a tout d'abord été interrogée sur la politique énergétique du pays que cette dernière ne juge pas performante à l'heure actuelle. "Il faut prendre des décisions importantes sur le nucléaire dans les semaines qui viennent puisqu'une deadline a été fixée en mars 2022. Cette décision va impacter durant des années la politique énergétique du pays mais pas seulement, puisque cela va également comprendre la facture des ménages et c'est surtout à cela qu'il faut penser », indique l'ancienne ministre fédérale de l'Energie.
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Selon Marie-Christine Marghem, l'actuelle ministre de l'énergie (Tine Van der Straeten) aurait dû donner l'impulsion en septembre afin d'éviter la crise que les Belges connaissent actuellement au niveau de leur facture d'énergie. "La crise s'annonçait depuis août 2021, les experts étaient déjà en train de l'indiquer... Et le gouvernement s'est mis en route, il faut l'avouer, un peu trop tard », peste l'ancienne ministre, qui poursuit: "L'actuelle ministre de l'Energie avait déjà étendu le tarif social et elle a continué à le faire mais les mesures qui sont venues compléter le dispositif sont des mesures qui viennent d'autres partis alors que nous, au MR, nous avions défendu une mesure structurelle qui est celle du cliquet et qui est liée aux accises. Cela permet de faire fluctuer le prix de l'électricité en diminuant justement les accises lorsque le prix de l'électricité augmente et cela permet d'assumer les chocs."
Interrogée sur le fait qu'elle n'a pas voté la modification de loi sur le CRM (Ndlr : le mécanisme subsistant qui va remplacer en partie ou totalement les centrales nucléaires d'ici 2025), Marie-Christine Marghem se défend. "Je n'ai pas participé au vote et je me suis retirée de la salle car en vérité, des questions ont été posées par tous mes collègues à la ministre en lui demandant des explications complémentaires par rapport à cette loi sur le CRM ainsi que des documents complémentaires qui permettent des nous assurer qu'Engie n'introduira pas un recours pour réclamer des dommages et intérêts contre l'Etat belge pour la résiliation du contrat de Vilvoorde. Cette centrale à gaz ne pourra jamais voir le jour puisque le permis n'a pas été délivré par la Région Flamande », soutient Marie-Christine Marghem qui n'hésite pas à incriminer l'actuelle ministre de l'Energie dans ce dossier.
"Dans le dispositif actuel de la ministre, qui est destiné à réparer son premier dispositif défectueux, il est exigé maintenant pour tous les offreurs de projets, d'avoir un permis. Donc, tous ceux qui avaient remis une offre dans la première enchère et qui auraient été sélectionnés doivent maintenant montrer qu'ils ont un permis et tous ceux qui n'ont pas été sélectionnés seront les seuls à pouvoir participer à cette enchère. Si Engie n'a pas fait d'offre dans la première enchère avec ce moyen de production, ils ne pourront pas participer à l'enchère actuelle. Ce que je veux démontrer en réalité, c'est que cela crée une inégalité intolérable au regard de la concurrence entre les détenteurs de capacité de production dans le marché."
La députée fédérale insiste sur le fait que l'inégalité ne peut pas exister dans un domaine où la concurrence doit être respectée entre tous les offreurs de projets. "Il y aura des recours qui vont invalider ce processus. Le jour-même où la CREG, qui est la commission de régulation de l'électricité et du gaz, dit que les 9 centrales à gaz de Belgique sont les mêmes qui vont bénéficier du soutien du consommateur à travers le CRM dans les années à venir, à cause de la politique de la ministre qui veut remplacer tout le parc nucléaire par les centrales à gaz, elles se sont fait plus de 300 millions d'euros de bénéfice, de sur-profit, grâce au prix très élevé du gaz et tout ça retombe sur facture du consommateur. Est-ce que vous trouvez cela admissible?"
Marie-Christine Marghem soutient dès lors le fait qu'elle n'ait pas voté cette modification de loi par le fait qu'elle n'a pas encore reçu tous les documents de la ministre pour faire son vote final. La décision finale sur le nucléaire risque cependant d'être encore reportée. Une situation que l'ancienne ministre ne craint pas. "Je ne crains rien, excepté le fait que l'on prenne la mauvaise décision au mois de mars. Une mauvaise décision serait de reporter. Une mauvaise décision serait aussi de dire que l'on ne prolonge pas deux centrales nucléaires alors que cela nous permettrait d'avoir un filet de sécurité en termes d'approvisionnement contre les prix élevés."