Crise en Ukraine: quel impact sur le portefeuille des Belges?

Le prix du gaz pourrait (encore) s’emballer, et avec lui ceux de nombreux biens de première nécessité.

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Faut-il s’attendre à une coupure totale du gaz russe ? @BELGAIMAGE

En filigrane de la crise ukrainienne, le gaz, et son approvisionnement. Les Belges, comme le reste des Européens, pourraient bien ressentir encore davantage son importance géopolitique. Et ce, via leur portefeuille. Les tensions qui règnent entre Russie, États-Unis, Ukraine et Union européenne pourraient en effet impacter les prix du gaz et de l’électricité, qui tutoyaient déjà les sommets depuis des mois. Que la crise ne s’enlise ou qu'elle ne dégénère en un conflit armé, la Belgique semble à première vue relativement protégée sur le plan de son approvisionnement en gaz.

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Véritable carrefour gazier au cœur de l’Europe (18 points d’interconnexion avec les pays voisins), notre pays est en effet relié au Royaume-Uni, à la Norvège, aux Pays-Bas et à l’Allemagne. La Belgique importe 5 à 6% seulement de son gaz en provenance de la Russie. En cas de rupture avec les fournisseurs russes, elle peut compter sur une diversité de sources d’approvisionnement. Pour autant, elle ne pourra pas éviter une hausse des prix du gaz.

Le plat pays ne dispose en effet pas de stocks importants, et, vu son marché extrêmement petit, ne peut pas non plus ignorer les grandes tendances tarifaires à l’œuvre sur le reste du continent. Or certains poids-lourds européens restent très dépendants du gaz russe. C’est le cas de l’Allemagne, dont 66% des importations de gaz sont russes. La Finlande (97,6%), la Lettonie ou la République tchèque (100%), pour ne citer qu’elles, ne peuvent pas non plus faire sans la Russie.

Effet boule de neige

Et une coupure, même partielle, des pipelines russes aurait des conséquences en cascade sur l’économie européenne, et donc belge. « Une petite diminution de 10 à 20 % de l’approvisionnement ordonnée par Moscou aurait un impact énorme sur les prix du gaz et de l’électricité, puisque celle-ci est en partie produite à partir du gaz, détaillait à la DH Adel El Gammal, spécialiste en géopolitique de l’énergie (ULB). Avant décembre, les prix ont déjà explosé alors que la Russie s’est limitée à fournir le strict minimum prévu dans ses contrats. En cas de coupure totale, l’impact serait considérable".

Pour la facture énergétique des ménages, mais également pour celle des entreprises. Qui finiraient inévitablement par répercuter cette nouvelle hausse sur leurs produits. Des biens de première nécessité-alimentation, vêtements, etc.- pourraient ainsi être concernés par la hausse des prix.

"Les matières fossiles ont un impact très important sur les performances économiques d’un pays, expliquait  le spécialiste de l’énergie Francesco Contino (UCLouvain) à la DH. Plus elles sont chères, plus les coûts de transport et de stockage sont élevés, et plus, in fine, le produit final est cher. Il est important de signaler que le gaz naturel est aussi utilisé pour la production d’engrais. Et qu’une hausse de son prix peut donc entraîner, à moyen terme, une hausse du prix de la farine même si bien d’autres facteurs entrent en ligne de compte".

Réduire la dépendance européenne

Mais faut-il s’attendre à une coupure totale du gaz russe ? Selon Adel El Gammal, c’est peu probable, la Russie engageant notamment dans l’affaire sa crédibilité en tant que fournisseur fiable, vis-à-vis de ses partenaires non-européens. Pas de coupure totale donc, mais des restrictions sans doute, en réaction aux sanctions européennes.

"La Russie a fourni 25% de moins de gaz que l’année précédente. Elle a continué à honorer les contrats à long terme mais a diminué subtilement l’approvisionnement. Elle ne s’est pas mise en défaut contractuel de fourniture mais n’a pas répondu à la demande supplémentaire de l’Europe, avec pour objectif d’exercer une pression sur les Vingt-Sept", cadrait pour la RTBF Adel El Gammal.

"La Russie a l'intention de poursuivre les livraisons continues de cette matière première, en ce compris le gaz naturel liquide, vers le marché international", a indiqué Vladimir Poutine  mardi au cours d'un forum de pays exportateurs de gaz.

Pour certains spécialistes, la crise ukrainienne souligne l’importance pour l’Europe de réduire sa dépendance au gaz russe et d’accélérer sa transition énergétique, en investissant massivement et en sortant « le plus rapidement des énergies fossiles", comme l’expliquait Francesco Contino à la RTBF.

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