La hausse des prix de l'énergie inquiète les entreprises, surtout en Wallonie

Invité sur DH Radio, le patron de l’UWE Olivier de Wasseige ne veut pas que les entreprises soient les "oubliées" des mesures fédérales octroyées pour faire face à la crise de l’énergie.

Olivier de Wasseige patron de l'UWE
© BelgaImage

Alors que les prix de l’énergie continuent de flamber en Belgique, notamment en raison de la guerre en Ukraine, le gouvernement fédéral va prendre de nouvelles mesures d'aide pour diminuer le prix des carburants ainsi que les factures de gaz et d’électricité des particuliers. Mais qu’en est-il des entreprises?

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Au début de la crise en Ukraine, l’administrateur délégué de l’Union Wallonne des Entreprises avait prévenu d’un "risque important" pour les Wallons. Au micro de Maxime Binet, Olivier de Wasseige confirme que cette "hausse colossale" des prix de l’énergie engendre plusieurs problèmes pour nos entreprises. "Si on prend le gaz, on se trouve à 300 euros le mégawattheure. Et si on compare par rapport au prix actuel aux États-Unis, il est de 15 euros. Le prix chez nous est donc 20 fois supérieur, ce qui engendre un problème de compétitivité. Le deuxième problème concerne les entreprises à capitaux internationaux qui ont des sites de production en Wallonie et aux États-Unis. On se retrouve avec des coûts de production très élevés chez nous par rapport à ceux aux USA", explique-t-il.

De là à imaginer des délocalisations d’entreprises wallonnes à l’étranger? On n’en est pas encore là pour Olivier de Wasseige, mais selon lui, on pourrait imaginer des rebalancements de la production entre différents sites.

La Wallonie désavantagée

"En étant 15% plus cher que les voisins, on a déjà une mauvaise compétitivité énergétique en Belgique. Mais en Wallonie, on paie également notre énergie 15% plus cher qu’en Flandre. On est dans une situation extrêmement difficile, le tout dans une région qui n’est pas la plus florissante d’Europe. On ne peut pas se payer en plus un problème au niveau de l’énergie."

Dès lors, selon l’administrateur délégué de l’Union Wallonne des Entreprises, l’énergie devient de moins en moins payable pour les patrons actifs en Wallonie. "On voit aujourd’hui des entreprises qui décident d’arrêter certaines lignes de production. C’est notamment le cas d’AGC à Fleurus. En plus de l’énergie, il y a aussi le coût salarial, qui est plus important en Belgique par rapport à d’autres pays européens. C’est un ensemble de facteurs qui fait que des sociétés décident de fermer certaines lignes de production."

TVA à 6%, aides de l’État, accords de branche: quelles solutions?

Ce mercredi matin, le gouvernement se réunit afin de trouver des solutions à cette crise de l’énergie depuis que la Russie a envahi l’Ukraine. Parmi les options sur la table, on retrouve notamment la baisse de la TVA à 6% sur l’électricité et sur le gaz pour les citoyens, mais pas encore de proposition de mesures pour soutenir le patronat.

"On se sent un peu oublié, avoue Olivier de Wasseige. Il va falloir trouver des solutions par rapport aux entreprises comme une diminution des taxes, même si cela ne résoudra pas tout, ou encore des aides de l’État. Mais là aussi, ça a un impact sur le budget de l’État et celui-ci ne pourra pas absorber toute l’augmentation que l’on vit aujourd’hui. Mais il faut faire attention car si on commence à fermer des lignes de production, ça veut aussi dire des mises au chômage."

Côté wallon, une des solutions évoquée par l’UWE, c’est celle des accords de branche. "C’est un principe qui permet d’avoir une diminution du prix pour certaines entreprises et qui permet donc plus de compétitivité. En échange de cette diminution du prix, il y a des engagements des entreprises à investir pour diminuer leurs émissions de CO2 et à réduire leur facture énergétique."

Et au niveau fédéral, l’importance est de trouver des solutions qui permettent à la Belgique de ne pas être trop dépendante du gaz russe. "C’est à moyen terme mais il faut se dépêcher, sans quoi on se retrouvera sans solution. Et à court terme, il y a des mesures d’aide qui peuvent être mises en place pour les entreprises les plus impactées financièrement. Mais il faut encore voir quel budget on peut y allouer", conclut Olivier de Wasseige.

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