
Les mots et le tacle de Volodymyr Zelensky face aux députés belges

Après ses discours face aux mastodontes de la politique internationale, la (petite) Belgique a accueilli le président ukrainien. Mais son passage virtuel chez nous reste tout de même stratégique. Un pays multiculturel dont la capitale abrite le siège de l’Otan et la diplomatie européenne.
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La salle était comble cet après-midi à la Chambre des représentants. « Je vous demande d’éteindre vos téléphones pour éviter de perturber notre entretien », lance Éliane Tillieux, la présidente de la Chambre, en guise d'introduction. Après un long discours dans lequel elle affirme que « la restauration de la paix et de l’intégrité territoriale de votre pays constitue notre constante préoccupation », l’hymne ukrainien est interprété par deux musiciennes polonaises. Un moment solennel durant lequel Volodyrmyr Zelensky s’est levé, la main posée sur le cœur, avant de débuter son discours.
Bataille d'Ypres et diamants à Anvers
« Cela fait huit ans que l’Ukraine est en guerre », a entamé le président ukrainien. Il a dressé le triste portrait de Marioupol complètement détruite qu’il décrit comme « l’enfer sur terre ». Selon lui, si ceux qui défendent la ville portuaire tombent, la tyrannie russe affaiblira l’Union européenne. « La bataille de Marioupol est sûrement pire que la bataille d'Ypres. Les Européens manquent de courage. Qu'attendent-ils pour aider? », a déclaré Volodyrmyr Zelensky.
« Il existe des personnes pour qui les diamants russes, parfois vendus à Anvers, sont plus importants. Pour qui accepter les bateaux russes dans leurs ports et pour qui les revenus de ces bateaux est plus important que nos luttes », a-t-il lancé. « La paix a plus de valeur que les diamants, que les accords avec la Russie, que les bateaux russes dans les ports, que le pétrole et le gaz russe, donc aidez-nous », a-t-il ajouté.
Après son discours, toute la Chambre s'est levée et a applaudi le président ukrainien avec ferveur. Alexander De Croo a ensuite pris la parole: « Nous continuerons à soutenir l'Ukraine, en envoyant des armes et en isolant la Russie. Les sanctions contre la Russie fonctionnent et sont là pour durer ».
Une tournée mondiale
Depuis le début du mois, le président ukrainien a entamé une tournée des gouvernements du monde entier. Des assemblées attentives, un accueil chaleureux et des standing ovations. L’ancien acteur de série est désormais une rock star de la politique. Un chef de guerre devenu roi de la communication.
Avant la Belgique, d’autres pays ont écouté religieusement l’homme d’état. Par visioconférence, le visage de Volodymyr Zelensky est apparu un peu partout. Et sa stratégie est bien ficelée: toucher en plein cœur les politiciens avec des références directement liées au pays auquel il s’adresse. Aux États-Unis, il dresse un parallèle entre les bombardements russes et le mauvais souvenir de Pearl Harbor et le traumatisme des attentats du 11 septembre 2001. Au parlement britannique, il cite Churchill. En France, il compare la ville portuaire de Marioupol, défigurée par la guerre, aux ruines de Verdun lors de la Première Guerre Mondiale. En Allemagne, il évoque le douloureux mur de Berlin.
Volodymyr Zelensky, un président plongé dans la guerre depuis plus d'un mois qui manie l'art du pathos avec brio.