
Sammy Mahdi: «La meilleure façon de lutter contre les extrêmes, c’est de débattre»
Ce mardi, l’émission "Il faut qu’on parle" (DH Radio) revenait sur le lancement de la plateforme participative "Un pays pour demain". Une initiative plébiscitée par Sammy Mahdi, l’invité du jour de Maxime Binet. "Jusqu’à présent, les six réformes de l’État ont été élaborées dans un entre-soi. Maintenant, on souhaite écouter le citoyen, assure le Secrétaire d’État à l’Asile et la Migration. Même si c’est le monde politique qui tranchera et prendra les décisions finales, on fera attention à ce que veulent les Belges."
Souhaitant surtout que la Belgique de demain soit "plus efficace car l’État coûte cher aux citoyens", l’élu CD&V aimerait "faire en sorte que les autorités soient mieux organisées et qu’il y ait moins de discussions entre les Régions".
Et à deux ans des prochaines élections législatives, Sammy Mahdi poursuit sa réflexion: "Dans un pays comme la Belgique, dans le cas où l’extrême droite et l’extrême gauche montent très haut dans l’opinion, ça risque de devenir très compliqué de constituer un gouvernement. Pourtant, il nous faut de la stabilité. Surtout en ce moment. La tâche revient donc aux partis du centre de convaincre les citoyens." Tâche aux partis traditionnels, dont le sien, d’évoluer aussi rapidement que la société afin qu’ils ne se retrouvent pas distancés comme en France, où le PS et les Républicains rassemblent de moins en moins de citoyens.
Interrogé également sur la rupture du cordon médiatique par le MR, jeudi dernier, le potentiel futur président du CD&V s’étonne des critiques francophones qui visent Georges-Louis Bouchez. "La politique, c’est de convaincre le citoyen que son programme est meilleur que celui des autres mais aussi d’expliquer pourquoi le programme de tel autre peut être dangereux ou problématique. Et dans ce cas, la meilleure façon d’y parvenir, c’est de débattre, lance-t-il. Ce n’est pas parce qu’on est dans un débat qu’on légitime ce que la personne dit. […] Et puis, les partis francophones discutent déjà souvent, au Parlement et dans les commissions, avec des partis comme le Vlaams Belang. Ce qui est logique puisque ce sont des partis qui ont également le droit de poser des questions."
Le cordon sanitaire francophone a-t-il encore un sens? "Absolument pas", estime encore Sammy Mahdi. "C’était peut-être intéressant au 20e siècle […] mais aujourd’hui, grâce aux réseaux sociaux, chaque parti peut organiser son audience sans aucun filtre médiatique."
Et le Secrétaire d’État de poursuivre: "Je soutiens chaque personne qui veut mener un combat contre les extrêmes – à gauche ou à droite – et qui a aussi l’audace d’aller se confronter à cette personne. Je comprends le danger que représentent l’extrême droite et l’extrême gauche par rapport au "vivre ensemble". Ce que j’espère surtout, c’est qu’aucun parti ne soit prêt à collaborer avec ces partis-là d’ici 2024." Contrairement à la N-VA qui avait discuté avec le Vlaams Belang en 2019, dans le cadre de la formation d’un gouvernement régional flamand. "Même si la position qu’avait prise Bart De Wever était surtout stratégique", conclut Sammy Mehdi.