Salaires, pensions, taxes: tour d’horizon du 1er mai de la politique belge

Le PS, le MR, le PTB, Ecolo et la FGTB se sont tous exprimés devant leurs sympathisants à l'occasion du 1er mai.

Salaires, pensions, taxes: tour d’horizon du 1er mai de la politique belge
Paul Magnette. (@Belga Image)

La fête du Travail est un jour important pour toutes les formations politiques belges et les syndicats. Surtout pour ceux du côté gauche de l’échiquier, même si, depuis un moment déjà, le MR profite de cette date pour aussi rassembler ses militants. L’occasion pour leurs présidents et autres meneurs de prononcer des discours pour souvent attaquer leurs adversaires et parfois, leurs partenaires de coalition.

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A Bruxelles, Ahmed Laaouej, président de la Fédération bruxelloise du PS, a surtout parlé de la crise actuelle, qui doit être endiguée selon lui, notamment via tout un tas de mesures : une indexation automatique des salaires et allocations, un blocage des prix, un accès gratuit à une médecine de première ligne.

«Nous vivons à nouveau une crise libérale. Les prix de l'énergie et des produits alimentaires flambent parce que l'on nous dit qu'il y a un problème d'offre et de demande sur le marché alors même qu'on apprend que les profits et surprofits de certaines multinationales de ces secteurs battent tous les records. Voilà ce qui se passe quand on laisse faire l'économie de marché », a-t-il déclaré à Laeken, où étaient rassemblés le PS, la FGTB, les Mutualités socialistes et leurs sympathisants ce dimanche ce dimanche.

S’il n’a pas épargné le président des socialistes flamands, Conner Rousseau, pour ses propos sur Molenbeek, la secrétaire générale de la FGTB de Bruxelles, Estelle Ceulemans, s'est montrée encore plus dure à son égard. «Les propos tenus par Conner Rousseau ne sont pas seulement problématiques pour Molenbeek et les actions qui sont menées sur le terrain en faveur du vivre ensemble, ni parce qu'ils alimentent le Brussels bashing. Ils le sont parce qu'ils relèvent du racisme».

Ahmed Laaouej. (@Belga Image)

Le PS à Charleroi

La pandémie, les inondations en Wallonie, la guerre aux frontières de l'Europe et ses conséquences désastreuses sur les prix de l'alimentation et de l'énergie, «c'est dans ces moments de crise qu'on voit combien nos idées sont puissantes», a affirmé dimanche le président du PS, Paul Magnette, dans son discours du 1er mai à Charleroi.

Soulignant les surprofits des grandes entreprises, le Carolorégien a dénoncé ceux qui prétendent qu'il n'y aurait pas d'argent pour les travailleurs. Il a lui aussi défendu l'indexation automatique des salaires, «non pas seulement pour préserver le pouvoir d'achat, mais aussi pour mieux redistribuer les bénéfices des entreprises, parce que ce sont les travailleurs qui créent la valeur».

Il a également souligné les «conquêtes arrachées par les socialistes» dans les gouvernements : la pension minimale à 1.500 euros, des améliorations pour les soins de santé, le renforcement des services publics le relèvement des plus basses allocations et du salaire minimal... Le bourgmestre de Charleroi a aussi a répété les demandes remises ces derniers jours à l'avant-plan par les socialistes, comme le prélèvement d'un impôt sur le 1% le plus riche de la population. «Avec cela, on peut augmenter de cent euros net tous les mois les salaires de la moitié des travailleurs, soit 2,5 millions de travailleurs».

La FGTB à Namur

La FGTB a, elle, promis dimanche une fin de printemps «sous pression», avant une «manifestation historique» le 20 juin, pour défendre le pouvoir d'achat.

«Ce dont les travailleurs nous parle, c'est du pouvoir d'achat; de leurs fins de moi de plus en plus difficiles. Ce pouvoir d'achat qui s'érode toujours plus, c'est un gros problème depuis des années» mais aujourd'hui, après deux années de crise sanitaire durant lesquelles les plus bas salaires ont particulièrement souffert, «la marmite bout dans tous les secteurs», a pointé le président du syndicat socialiste, Thierry Bodson, à Namur. «Le 13 mai, des actions auront lieu dans les régionales. Puis nous continuerons à mettre la pression jusqu'à la manifestation, que l'on espère historique, le 20 juin, en faveur du pouvoir d'achat. Et dès le lendemain, nous nous réunirons pour voir ce qu'on fait à la rentrée», a-t-il averti.

Dans le collimateur du syndicat socialiste: la loi de 1996 qui fixe la marge salariale et bloque, selon la FGTB, toute augmentation significative des salaires. «Les entreprises distribuent des dividendes à crever à leurs actionnaires mais on nous répète qu'il n'y a rien à négocier pour les travailleurs. On ne peut plus l'accepter.»

Thierry Bodson. (@Belga Image)

Le PTB à Bruxelles

Le PTB a réclamé dimanche un blocage des prix des produits de première nécessité, comme la farine, le riz, les pâtes, le pain, la semoule, etc. ainsi que de celui du carburant. Il préconise la suppression des 60 centimes d'accises prélevés sur l'essence et le diesel afin d'en ramener le prix autour d'1,40 euro. Il a aussi fustigé le manque de réponse du gouvernement face à la flambée de certains prix.

Le coût de la vie a occupé une grande partie des interventions à l'occasion du 1er mai célébré cette année place Anneessens à Bruxelles.

«Nous vivons dans un des pays les plus riches du monde et aujourd'hui, il y a des travailleurs qui préfèrent dormir dans leur voiture pour économiser du carburant. Tout le monde vient me trouver pour me dire: Raoul, on a déjà connu des moments difficiles mais, là, on n'en peut vraiment plus. S'il ne se passe rien, on va plonger», a expliqué le président, Raoul Hedebouw. «Et que fait le gouvernement? Il désigne un groupe d'experts. Des ministres qui gagnent 11.000 euros par mois vivent tellement dans leur bulle qu'ils ont besoin d'experts pour savoir ce qui se passe dans la vie des gens... Le blocage des prix, c'est la solution!»

Depuis longtemps, le PTB milite pour une «taxe des millionnaires», là où d'autres partis de gauche parlent d'un impôt sur la fortune. «Le PTB pousse aujourd'hui l'ensemble de l'échiquier politique vers la gauche, même le CD&V de Joachim Coens. Beaucoup de choses ont l'air possible mais attention, avec nos propositions, pas de copyright, que du copyleft», a lancé le président.

Raoul Hedebouw. (@Belga Image)

Le MR à Herstal

Du côté du MR, cible de nombreuses piques de la part des élus socialistes, notamment pour la participation de son président à un débat avec le Vlaams Belang, on a plaidé ce 1er Mai pour une baisse de la fiscalité sur le travail afin de stimuler le taux d'emploi, que le MR veut voir atteindre 80% d'ici 2030.

«La Belgique étouffe sous la fiscalité!», a dénoncé dimanche le président Georges-Louis Bouchez, devant plusieurs centaines de mandataires et de militants libéraux réunis à Herstal. «Quand j'entends ceux qui veulent augmenter les taxes, je me demande s'ils savent réellement dans quel pays ils vivent», a lancé le Montois en pointant les différences de taux d'imposition pratiqués entre la Belgique, la France ou l'Allemagne.

Bouchez a à nouveau repoussé les appels (de la gauche) à augmenter la fiscalité sur les hauts patrimoines. «Ne vous leurrez pas! La taxation de prétendus riches, c'est en réalité la taxation des classes moyennes! C'est la taxation de ceux qui, à force d'avoir travaillé toute leur vie, ont pu s'acheter un deuxième appartement, voire, sacrilège!, un troisième!», a-t-il averti.

Après deux ans d'interruption pour cause de crise sanitaire, le MR renouait dimanche avec son habituelle fête du 1er Mai organisée cette fois à Herstal, dans l'ancien bassin industriel liégeois acquis de longue date à la gauche. «En tant que formation politique, je pense que nous devons aller là où nous n'avons pas assez convaincu», s'est justifié Georges-Louis Bouchez. «Ces territoires ont besoin de libéralisme. Les solutions libérales sont celles qui les sortiront de la précarité et des difficultés».

Georges-Louis Bouchez. (@Belga Image)

Des stands pour Ecolo

Les Ecolo n'avaient pas organisé de meeting de 1er mai mais étaient présents à Liège, Charleroi et Bruxelles où ils avaient installé un stand dans le cadre de la Fête du travail organisée par les Mutualités socialistes et la FGTB au Mont des Arts.

Le parti a plaidé pour des mesures qui soulagent les ménages face au coût de la vie. Il réclame notamment une contribution des plus riches et une taxation des profits excessifs des entreprises.

«On est dans une situation de crise et une grande partie de la population est en grande difficulté. Parfois, les factures de régularisation de consommation d'énergie représentent pas loin d'un mois de salaire. A situation exceptionnelle, il faut une réponse exceptionnelle. Notre proposition de contribution vise les 4-5% les plus riches pour une redistribution vers 95-96% de la population», a expliqué le co-président d'Ecolo Jean-Marc Nollet.

Les Verts réclament encore une revalorisation des pensions, entre autres, en assimilant le temps partiel au temps plein pour prendre en compte la situation de nombreuses femmes, ou de faire reculer les inégalités de genre en particulier sur le plan salarial.

Jean-Marc Nollet. (@Belga Image)

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