

Petite veste légère, top couleur pastel, mini sac carré, pantalon noir aux imprimés fleuris et l’immanquable cordon sanitaire aux allures stretch. La tendance printemps-été est dessinée.
Pour le PS, le MR, Les Engagés et ECOLO un seul mot d’ordre : c’est fashion faux pas interdit.
Mais depuis ce 21 avril et le débat tenu sur le plateau de la VRT entre le président du Mouvement Réformateur Georges-Louis Bouchez et le leader de l’extrême droite flamande Tom Van Grieken, une question les taraude : comment ce cordon doit-il se nouer ?
Tous le pensent d’abord en nœud coulant. Un nœud coulant qui pendra par les pieds les partis d’extrême droite toutes les fois où ils tenteront d’ouvrir les portes du pouvoir. Ils se le sont juré : jamais ces quatre-là ne se déshabilleront dans la même cabine qu’un parti dont les idéaux sentent le macchabée.
« Mais cela ne les engage à pas grand-chose du côté francophone. Les partis d’extrême droite sont tout à fait marginalisés de ce côté du pays. Nation, le PNE ou plus récemment Chez Nous ne parviennent à prendre leur envol », analyse Benjamin Biard, politologue au CRISP et expert des questions sur l’extrême droite.
Il remarque : « Avec cette révision de la Charte de la démocratie qui consacre le cordon sanitaire politique, le principe s’étendra à d’autres mouvements qui entreraient en contradiction avec les valeurs fondamentales soutenues en démocratie. Cela pourrait être le cas de partis fondamentaliste religieux. Cela ne vise donc pas le PTB. Ici encore, l’application de ce principe risque d’être anecdotique. »
Mais ce cordon prend de l’épaisseur dans son second aspect. Les membres des partis signataires refusent « de participer à tout débat ou à toute manifestation auxquels participeraient des représentants de formations ou partis politiques porteurs d’idéologies ou de propositions susceptibles d’attenter aux principes qui fondent notre démocratie », peut-on lire dans le projet de cette Charte de la démocratie 2.0.
Georges-Louis Bouchez le saura dorénavant. S’en aller discuter sur les plateaux TV avec l’extrême droite, c’est interdit. « Mais la Charte va plus loin cette fois puisqu’elle interdit également les échanges tenus à travers les réseaux sociaux. Sur cet aspect, le cordon sanitaire a été élargi si l’on veut. Mais c’est avant tout une adaptation à l’évolution des technologies. En 1993, ces moyens de communication n’existaient pas », poursuit Benjamin Biard.
Ce cordon ligaturera donc les langues, coudra les lèvres et ligotera les phalanges trop excitées de pianoter.
« Il y a deux écoles. Celle qui affirme que la lutte contre l’extrême droite passe par le débat d’idées. L’autre qui estime qu’il est dangereux pour le maintien de la démocratie de leur donner une tribune. Les deux s’entendent », assure Benjamin Biard.
Pour les signataires de la Charte de la démocratie, le choix est fait. On ne discutera pas avec l’extrême droite. Jamais. Jamais sur des plateaux. Jamais dans des journaux. Jamais sur la Toile.
« Mais ils restent obligés de se côtoyer au sein de l’hémicycle. Les élus du Vlaams Belang sont également des élus de la Nation. Depuis 2019 les membres de la commission de l’Intérieur ont pour président un représentant du Vlaams Belang. « Impensable et atterrant ! », avait à l’époque tweeté Joëlle Milquet, ancienne présidente du cdH. « Mais aujourd’hui, peu sont à se plaindre du travail réalisé par Ortwin Depoortere. Certains le saluent et le jugent même plus efficaces que certains de ses prédécesseurs. »
Finalement, quel que soit le dress code établi, quel que soit le cordon noué, tous seront amenés à s’écouter, s’interpeller et se jauger là où tout se passe, dans le réacteur de la Nation.