DéFI réforme ses statuts, notamment sur sa présidence

Lors d'un congrès, le parti centriste DéFI a adopté de nouveaux statuts et a appelé les Belges francophones à se réveiller sur l'institutionnel.

François De Smet à Wavre
François De Smet au congrès de DéFI, le 15 mai 2022 à Wavre @BelgaImage

Les militants du parti amarante, réunis en congrès dimanche à Wavre, ont adopté de nouveaux statuts. Ils ont notamment adopté la règle d'un mandat à la présidence de Défi pour 4 ans, renouvelable une fois, et un seul mandat important rémunéré. Il est temps que les francophones se réveillent sur l'institutionnel car la menace nationaliste frappera dur et fort en 2024, a affirmé à cette occasion le président de DéFI, François De Smet, devant les militants de son parti réunis pour la première fois en congrès depuis le début de la pandémie, il y a plus de deux ans.

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Plusieurs réformes et un débat qui continue

Plus largement, à partir de 2023, ce sont les mandats internes de président, trésorier, secrétaire (que ce soit pour la direction du parti, les comités permanents, les fédérations provinciales ou les sections locales) qui seront d'une durée de 4 ans - au lieu de 3 précédemment - avec un maximum de 2 mandats successifs.

DéFI appliquait le décumul, c'est-à-dire l'incompatibilité entre la fonction de bourgmestre ou d'échevin et celle de parlementaire, depuis les élections de 2019. Cette règle du décumul est désormais également consacrée dans les statuts. Le nombre de mandats rémunérés importants qu'un mandataire du parti peut exercer passe de deux à un.

L'objectif de la remise à jour des statuts concrétisée dimanche au terme d'un processus d'un an est la simplification et la lisibilité, dans un souci d'amélioration de l'efficacité des instances internes. Selon la formation amarante, l'ensemble des élus, responsables et militants ont été associés à l'évolution de ces textes fondateurs. Outre les dispositions de bonne gouvernance évoquées ci-dessus, la majorité des changements sont avant tout des simplifications des instances et de procédures internes.

Les militants ont pris connaissance des propositions du parti en matière institutionnelle, de démocratie et de laïcité. Le travail se poursuivra sur d'autres enjeux, au cours des prochains mois.

«Nous sommes fédéralistes»

«J'appelle tous les partis démocratiques francophones à dessiner 'leur' Belgique, leur idée du lien entre Wallonie et Bruxelles, et d'ensuite en discuter pour nous accorder face à la menace nationaliste qui vient», a déclaré François De Smet dans son discours de clôture. Selon lui, DéFI a vu juste avant d'autres sur de nombreux sujets, en disant en 2019 qu'il fallait mettre en place une réforme et organiser une consultation de terrain, et à présent en dessinant ce que devrait être la Belgique de demain: un fédéralisme loyal avec le nord du pays et une solidarité renforcée entre francophones, comme autant de conditions pour assurer la stabilité.

«Nous sommes fédéralistes parce que nous pensons que les Wallons et les Bruxellois ont leur avenir ensemble dans le partage d'institutions communes et non dans un modèle à quatre Régions qui n'est que l'antichambre du confédéralisme. Nous sommes visiblement les seuls à vouloir sauver la Fédération Wallonie-Bruxelles, et la renforcer en en faisant un levier d'échanges économiques et sociaux, et de recherche entre la Wallonie et Bruxelles», a ajouté François De Smet. Pour le président de DéFI, au-delà de ses compétences régaliennes, l'État fédéral doit reprendre en main la santé, les allocations familiales, la politique à l'égard des personnes en situation de handicap, la lutte contre la pauvreté et le commandement en cas de crise grave.

Son prédécesseur, Olivier Maingain, a quant à lui insisté sur la «position avant-gardiste» des Fédéralistes Démocrates Indépendants «pour refuser de se soumettre aux volontés du nationalisme flamand en matière de réforme de l'État, et dire que ceux qui vont sur la voie d'une Belgique à quatre Régions, en réalité deux plus deux, sont les meilleurs alliés des nationalistes qui veulent la fin de la Belgique».

Abordant comme Joëlle Maison la vision que se fait le parti fédéraliste de la laïcité, la députée fédérale Sophie Rohonyi a également abordé les questions de défense de l'égalité entre les femmes et les hommes, d'accès à la Justice, et de protection des victimes, en particulier les femmes. Elle a répété que le sort des francophones de la périphérie, comme celui de toutes les minorités, devrait être la priorité d'un État fédéral digne de ce nom. «Ce que la Belgique ne sera pas complètement tant qu'elle n'aura pas protégé toutes ses minorités, et tant qu'elle n'aura pas ratifié la convention-cadre sur leur protection».

DéFI renvoie dos à dos gauche et droite

Pour DéFI, l'heure est aussi au renouvellement démocratique. Que ce soit avec le référendum d'initiative citoyenne tant au niveau fédéral que dans les entités fédérées mais aussi en amenant davantage de personnes aux profils différents à faire de la politique. La formation amarante propose un congé politique pour permettre à davantage de citoyens d'entrer en politique, une limitation du nombre de mandats successifs et la fin d'une série de privilèges fiscaux. Pour la secrétaire générale de DéFI, Alexandra Dupire, il faut limiter le cumul des mandats et des rémunérations, qui alimente un sentiment de méfiance des citoyens à l'égard des élus et crée une inégalité de plus en plus importante entre les mandataires et les citoyens.

Le président de DéFI a enfin jugé que sa formation était actuellement seule dans un espace politique qui se radicalise par ailleurs avec «une droite de plus en plus populiste, ...qui trouve normal d'aller discuter avec l'extrême droite sur les plateaux de télévision et qui assume n'avoir pour seule stratégie que le clash permanent»; et une gauche «de plus en plus identitaire, essayant de faire croire que la neutralité des services publics serait discriminatoire et la souffrance animale régionalisable».

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