Uber Files: les liens troubles de Pascal Smet avec Uber

L’enquête Uber Files, menée notamment par le journal Le Soir, a épinglé les liens étroits que le Secrétaire d’État Pascal Smet entretenait avec les lobbyistes de la multinationale Uber.

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Pascal Smet @BELGAIMAGE

Révélés par un consortium international de journalistes d’investigation, les Uber Files ont placé dans la tourmente la multinationale concurrente des taxis traditionnels. Après la publication du volet belge par le journal Le Soir, «Le Soir», «De Tijd» et «Knack»,  le PS et Ecolo ont réclamé la tenue d’une commission d’enquête parlementaire. Mardi, Le Soir épinglé les liens troubles entre Uber et Pascal Smet, ministre bruxellois de la Mobilité entre 2014 et 2017.

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Dans ce cadre, il lui revenait d'élaborer un cadre légal pour les nouveaux services de transport, dont la plateforme Uber. Le quotidien a mis la main sur des échanges démontrant une proximité entre un lobbyiste d’Uber, Marc MacGann, et le socialiste flamand, à base de rencontres, d’échanges très fréquents, de partage d’informations, relation affective… Selon les documents analysés par «Le Soir», «De Tijd» et «Knack», M. Smet a été très régulièrement en contact avec Marc MacGann, qu'il connaissait déjà. Ce dernier, qui n'est autre que le lanceur d'alerte par qui l'affaire a démarré ce week-end dans les médias, a vu à l'époque en M. Smet un «allié».

Une dizaine de contacts ont eu lieu entre Uber et le cabinet du ministre, d'après les mails consultés par les trois médias. Uber aurait reçu les grandes lignes du projet de réforme avant qu'il ne soit rendu public. Et quand le projet de plan du ministre a fuité dans la presse, le cabinet aurait donné des consignes à Uber sur la position à adopter dans les médias.

Il est même question d'un «gentleman's agreement» entre l'un et l'autre. Uber aurait également été informé du fait que les contrôles qui seraient menés sur ses chauffeurs ne porteraient que sur des questions d'assurance et de sécurité.

En toute opacité

À la question de savoir si ses rapports personnels avec Mark McGann, ont-ils pu aider Uber dans ses efforts de lobbying, Pascal Smet a répondu au Soir : «C’est difficile à dire. Comme je le connaissais personnellement auparavant, je pouvais communiquer clairement et correctement avec lui, et je pense qu’il avait confiance en moi. Mais je peux aisément dissocier les relations personnelles des relations professionnelles », a-t-il assuré. Concernant le partage d’informations et la relecture de communiqués, il s’agirait, à l’entendre, d’une méthode pour éviter une «polarisation excessive dans la couverture médiatique».

«Sur le fond, en revanche, j’ai été très clair avec lui à chaque conversation : Uber n’a d’avenir à Bruxelles que dans un cadre déterminé par le gouvernement, avec le respect du statut du chauffeur, la transparence pour le client et la transmission des données au gouvernement», s’est encore défendu Pascal Smet.

La transparence : dans le cas des Uber Files, c’est justement la question qui pose problème. Comme le rappelait à la RTBF Shari Hinds, représentante de la coalition Transparency International EU, le «lobbying consiste à prendre contact avec le pouvoir public de manière directe ou indirecte. Dans le but d’influencer leur décision. Le problème, c’est quand ces contacts entre les décideurs politiques et organisations du lobbying se font dans l’ombre». Or, dans le cas d’Uber, ces prises de contact se sont faites en toute discrétion.

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