Pourquoi la culture du fritkot n'est toujours pas classée à l'Unesco

Les entités fédérées ne sont pas pressées d'introduire la culture du fritkot au patrimoine immatériel de la Belgique.

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Les ministres de la Culture et de l'Agriculture des entités fédérées s'étaient fièrement réunis à l'Atomium le 20 juillet 2017 pour officialiser la reconnaissance de la culture du fritkot belge au patrimoine immatériel de la Belgique. Cinq ans plus tard, les entités fédérées ne semblent plus si pressées de prolonger la démarche jusqu'à l'Unesco.

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La Belgique compte quelque 5.000 friteries sur son territoire. Elle produit chaque année 5 millions de tonnes de pommes de terre transformées et est la première exportatrice mondiale de pommes de terres surgelées. Fixe ou mobile, le fritkot met la frite fraîche à l'honneur. L'Union nationale des Frituristes (Unafri) recense plusieurs critères liés à la culture du fritkot: la sélection de la pomme de terre, sa découpe en bâtonnets, le choix de la graisse de cuisson, la technique de la double cuisson enseignée dans les écoles depuis le début du XXe siècle, la présentation en cornet ou barquette et le mode de consommation (avec les doigts).

Le fritkot serait un produit trop... belge

La Communauté flamande a reconnu cette culture en 2014, alors que la Fédération Wallonie-Bruxelles a fait de même en 2016. Au printemps 2017, c'était au tour de la Communauté germanophone et de la Région bruxelloise. Ces quatre entités peuvent introduire à tour de rôle, tous les deux ans, un dossier à l'Unesco.

Pour la culture du fritkot, aucune demande officielle n'a encore été introduite auprès de l'organisation onusienne et d'après Bernard Lefèvre, président de l'Unafri, ce n'est pas pour demain. Le fritkot serait un produit trop... belge là où chacune des Communautés ou Régions du pays cherche plutôt à mettre en avant des éléments patrimoniaux qui leur sont propres. «Je m'interroge: y a-t-il encore moyen un jour de faire entrer auprès de l'Unesco un dossier représentant la Belgique entière?», commente M. Lefèvre.

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À l'administration bruxelloise, on confirme que Bruxelles n'a pas envie d'être le "dindon de la farce" et ne reprendre que des dossiers représentant la Belgique. La Région a obtenu l'inscription à l'Unesco de l'Ommegang en décembre 2019 et d'autres dossiers sont en cours comme la culture des arts forains, en partenariat avec la France, le tapis de fleurs, qui devrait être déposé par l'Espagne en 2023 ou 2025, ou encore la zwanze et les parlers bruxellois. L'agenda est moins clair, mais pas complètement fermé, concernant des produits typiquement nationaux comme la bande dessinée ou le chocolat.

Et la bière?

La bière est pourtant bien parvenue dans un passé récent à entrer à l'Unesco. La culture brassicole belge a en effet été inscrite au patrimoine immatériel le 30 novembre 2016. «La bière est arrivée un peu par hasard, lorsque la Communauté germanophone n'avait rien sur la table», avance le président de l'Unafri. La candidature de la bière belge avait en effet été introduite par le biais de la Communauté germanophone, afin d'éviter la longue file d'attente qu'aurait dû suivre le dossier s'il avait été déposé directement par la Flandre ou la Fédération Wallonie-Bruxelles.

«En Belgique, on a l'art de ne pas se vendre. Je ne pense pas uniquement au fritkot mais à d'autres belles choses que nous avons en commun, comme le chocolat, et que nous n'arrivons pas à mettre en avant», ajoute M. Lefèvre, qui va jusqu'à parler d'«autodestruction institutionnalisée».

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