
Hadja Lahbib clarifie enfin la polémique autour de son voyage en Crimée avec le ministre des affaires étrangères ukrainien

La ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib a rencontré en bilatérale mercredi son homologue ukrainien Dmytro Kouleba, en marge de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE à Prague (République tchèque). L'échange "productif" sur la "situation militaire et humanitaire en Ukraine", selon un tweet de la libérale, a aussi été l'occasion de revenir sur la polémique médiatique qui avait émaillé son début de mandat, soit un voyage en Crimée (territoire ukrainien occupé par la Russie depuis 2014) avec un visa russe l'année dernière, alors qu'elle était encore journaliste et documentariste.
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Via communiqué, son cabinet détaille mercredi après-midi cet entretien avec Dmytro Kouleba, et les "clarifications" que la Belge a pu fournir à son homologue à cette occasion. "L'année dernière, elle a visité, en tant que journaliste et documentariste, la ville de Sebastopol en Crimée, en violation de la législation ukrainienne". Elle avait "le projet (via un documentaire, projet finalement avorté, NDLR) de montrer comment la Russie utilisait la culture comme pouvoir et propagande (...) Elle regrette sincèrement que la visite ait eu lieu dans de telles circonstances".
La Belgique "prête à soutenir l'Ukraine pour avancer sur le chemin du statut de membre de l'UE"
Répétant son attachement à la souveraineté et l'intégrité de l'Ukraine, selon ses frontières reconnues internationalement (et incluant la Crimée), la ministre a aussi voulu mettre en avant le rôle qu'entend jouer la Belgique auprès de Kiev, au-delà du soutien matériel à ses forces armées (8 millions de matériel non-létal ont récemment été annoncés). Elle a ainsi, selon son cabinet, assuré Dmytro Kouleba du fait que la Belgique est "prête à soutenir l'Ukraine pour avancer sur le chemin du statut de membre de l'UE", particulièrement "via des réformes-clés dans le domaine de l'Etat de droit".
Les deux ministres ont convenu de se revoir à New York, lors de la prochaine Assemblée générale des Nations unies, qui s'ouvrira le 13 septembre. Selon une source bien informée, Hadja Lahbib et Dmytro Kouleba ont évoqué le souhait de la ministre de se rendre en Ukraine. Ce potentiel futur voyage devrait encore être évoqué à leur prochaine rencontre à New York, car la libérale souhaite d'abord discuter de ce que la Belgique peut "concrètement" apporter à l'Ukraine et répondre aux besoins locaux, précise-t-on. Les Affaires étrangères ont souligné mercredi, dans une communication distincte, l'engagement particulier de la Belgique pour défendre en Ukraine "les droits humains, l'état de droit et le droit international humanitaire", avec une attention encore plus marquée envers les enfants et les victimes de violences sexuelles dans le cadre du conflit armé.
La Belgique a octroyé divers budgets à des organisations présentes sur place et actives dans ces domaines, dont certains avaient été validés en juillet par le Conseil des ministres. Les Affaires étrangères listent par exemple le Fonds des femmes pour la paix et l'action humanitaire de l'ONU, pour l'Ukraine et la Moldavie (avec un soutien financier belge de 500.000 euros), ou encore le soutien d'urgence à l'Ukraine du Fonds européen pour la démocratie (FEDEM). "Depuis le déclenchement de la guerre, une part significative de l'aide d'urgence du FEDEM a été allouée aux médias indépendants en Ukraine, qui jouent un rôle crucial en documentant les crimes de guerre et recueillent des témoignages de victimes", notent les Affaires étrangères. Le Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU mène également une mission de surveillance des droits humains sur place, avec une contribution d'un demi-million de la Belgique. Cette mission contribue aussi à "documenter les violations des droits humains et les atteintes au droit international humanitaire".