Fracture numérique: près d’un Belge sur deux serait concerné (graphiques)

Selon la Fondation Roi Baudouin, c’est près d’un Belge sur deux qui serait en «situation de vulnérabilité numérique».

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E-shopping, e-santé, e-learning… La crise du Covid et ses confinements ont accéléré la bascule vers la société du numérique. Services commerciaux, administratifs ou bancaires se dématérialisent de plus en plus. Et selon la Fondation Roi Baudouin, cette digitalisation à marche forcée laisse derrière elle un nombre grandissant de Belges.

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Dans son dernier baromètre de l'inclusion numérique, publié vendredi, la Fondation indique qu’entre 2019 et 2021, la proportion de personnes en «situation de vulnérabilité numérique» a augmenté de 6% pour atteindre 46% ; soit 39% qui avaient de faibles compétences (contre 32% en 2019) et 7% qui n’utilisaient carrément pas Internet (6% en 2019).

Selon le baromètre, l’augmentation de cette fracture numérique s’explique notamment par le fait que le niveau de compétence numérique des personnes évolue lentement, alors que le train du digital lui n’attend pas et nécessite de se mettre régulièrement à jour et d’acquérir de nouvelles compétences.

Les jeunes peu diplômés aussi concernés

Dans son baromètre, la Fondation souligne qu’un faible niveau d’instruction ou de revenus augmente le risque d’exclusion. Les personnes de plus de 55 ans et celles à la recherche d’un emploi sont également davantage concernées. Mais le rapport rappelle que «le stéréotype selon lequel les jeunes de 16 à 24 ans sont des digital natives ne s’applique pas aux jeunes peu diplômés : 22% d'entre eux ne se connectent à internet que via leur smartphone et 45% ont des faibles compétences numériques (contre respectivement 2% et 22% pour les jeunes ayant un diplôme de l'enseignement supérieur)».

Si en 2021, 92% des ménages disposaient d’une connexion internet à domicile, on constatait un écart important entre les ménages avec des hauts revenus (98% possèdent une connexion internet) et les ménages avec des faibles revenus (82%). Depuis 2019, cet écart s’est toutefois réduit légèrement (-3%). Par ailleurs, 17% des internautes ne disposaient que d’un smartphone pour se connecter à internet, ce qui rend par exemple plus difficile les démarches administratives en ligne.

À noter également que la fracture numérique n’est pas la même dans les régions du pays. Le niveau de vulnérabilité numérique était plus élevé en Wallonie (49%) qu’en Flandre (46%) et à Bruxelles (39%). L’utilisation d’internet et l’accès à un ordinateur portable étaient aussi plus élevées en Flandre (respectivement 94% et 71%) et à Bruxelles (93% et 70%) qu'en Wallonie (90% et 63%).

Intéressant de tout numériser?

Face à ces constats, la Fondation juge «essentiel de continuer à investir dans des outils et services accessibles à toutes et à tous et dans le développement ou le perfectionnement de compétences numériques. Tout en conservant, à côté des canaux numériques, des solutions alternatives (contacts physiques, téléphone…) pour les personnes les plus vulnérable ».

«Ces services hors-ligne doivent à tout le moins avoir le même niveau de qualité que ceux en ligne» appuyait dans Le Soir, Périne Brotcorne (UCLouvain) qui a collaboré au baromètre. «Nous devons aussi mener une réflexion sur la nécessité de poursuivre un mouvement de numérisation aussi avancé. Est-il vraiment intéressant de numériser tous les services ?», questionnait la chercheuse.

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