
Procès des attentats de Bruxelles : «On espère que Salah Abdeslam va participer en le mettant dans une cage ?»

Delphine Paci, l'avocate de Salah Abdeslam, a, comme ses autres confrères avant elle, dénoncé vigoureusement les conditions dans lesquelles se tient l'audience préliminaire pour les accusés devant la cour d'assises au procès des attentats de Bruxelles. "Quand mon client arrive ici, on espère qu'en le mettant dans une cage, il va, d'une quelconque manière, y participer?", s'interroge-t-elle. L'avocate s'est par ailleurs montrée déterminée à aller au bout de son combat pour les droits de la défense, même si cela doit la mener devant la justice européenne.
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"Que souhaite-t-on pendant les dix mois de débat? Des détenus qui se taisent, car ils sont traités comme des bestiaux? Des détenus qui décompensent?", s'est demandée Me Paci. Elle s'est attardée sur les conditions de détention de son client, qui est incarcéré à la prison d'Ittre. "Il a un cachot aménagé. Pour promenade, il n'a qu'une cage dont certains ne voudraient pas pour leur chien. Il est surveillé tous les quarts d'heure", a-t-elle dénoncé. Lors de transferts, Salah Abdeslam doit se mettre nu lors d'une fouille et est ensuite désorienté à bord d'un fourgon, avec de la musique à fond et un masque sur les yeux, a décrit l'avocate. "Et quand il arrive ici, on espère qu'en le mettant dans une cage, il va, d'une quelconque manière, participer (au procès)?!"
Violation des droits humains
Pour Me Paci, si les boxes vitrés ne devaient pas être démontés, il y aurait alors violation de la Convention européenne des droits de l'Homme. "Y a-t-il un intérêt à tout recommencer dans dix ans lorsque la Cour européenne des droits de l'Homme se sera prononcée?", se demande-t-elle dès lors. "On ira jusqu'au bout" pour les droits de la défense, avertit-elle.
L'avocate a rappelé que son client avait déjà comparu lors de deux procès (en correctionnelle à Bruxelles pour la fusillade rue du Dries à Forest et aux assises à Paris pour les attentats du 13 novembre 2015, NDLR) et qu'à chaque fois, il n'y avait pas eu de telle "cage". Et qu'il n'y avait pas eu non plus le moindre incident. "Nous ne défendons ni Hannibal Lecter ni un tigre prêt à bondir sur qui que ce soit", a assuré Me Delphine Paci.

© BelgaImage
Pourquoi des cages?
Pour l'avocate, ces limitations aux droits de la défense sont liées à des contingences financières. "On veut mettre moins de policiers. Et on grappille des morceaux sur des droits essentiels." "Pour que la justice puisse être rendue sereinement et de façon objective, il faut pouvoir comparaître de manière sereine", a continué Me Michel Bouchat, lui aussi avocat de Salah Abdeslam dans ce procès.
Après ses conditions de détention et de transfert, "une fois ici, qu'il (son client, NLDR) puisse enfin rentrer dans cette salle dans la sérénité", a-t-il demandé. "La justice a tout à y gagner."
Enfin, l'avocat pénaliste a insisté sur l'oralité des débats. "A tout moment, il faut que nous puissions avoir contact avec la personne que nous défendons. Ce n'est pas possible." Permettre des échanges entre un accusé et son avocat en autorisant ce dernier à aller dans les boxes vitrés n'est pas une option, pour Me Bouchat. "Si vous m'autorisez à aller dans cette cage, je quitterai l'audience."