
Nucléaire : Doel 3, fermera ou ne fermera pas ?

Cela fait presque 20 ans qu’on parle d’en finir avec le nucléaire en Belgique. La date butoir ne cesse de changer. Dernièrement, lors de la formation du gouvernement fédéral, l’échéance avait été fixée à 2025. Mais avec la guerre en Ukraine et la crise énergétique, la Vivaldi a jugé plus prudent de reporter la fermeture complète des centrales à 2035.
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On fait même désormais marche arrière. Il était prévu de ne préserver que deux réacteurs, l’un en Flandre (Doel 4) et l’un en Wallonie (Tihange 3) tandis que l’arrêt des autres devait se dérouler comme prévu. Mais on parle de peut-être prolonger Doel 3, celui qui devait fermer en premier, avant le 1er octobre 2022. Très bientôt donc.
L’opérateur, Engie, avait donc prévu un arrêt pour le 23 septembre pour respecter la loi. Mais la ministre de l’Énergie, Tinne Van Der Straeten, vient de demander ce mercredi à l’ACFN, l'Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire, d’étudier la faisabilité du report cette fermeture, ce que souhaiteraient plusieurs partis de la majorité.
Pourquoi prolonger Doel 3?
Pourtant, mercredi aussi, cette même agence a validé «le plan de cessation d’activité » proposé par Engie. Du coup, selon l’Écho, les travaux préparatoires au démantèlement du réacteur ont aussi été validés. Certains d’entre eux, une décontamination, rendraient un redémarrage très difficile, voire inimaginable. Elle devrait avoir lieu dans les prochains mois.
Mais alors pourquoi essayer de le préserver Doel 3 ? Surtout qu’on sait depuis plus de 10 ans que ce dernier présente plusieurs défauts et fissures, qui n’empêchent pas son fonctionnement, mais tout de même, mais aussi qu’Engie a publiquement fait part de son refus d’une telle prolongation dès juillet.
Ce n’est pas une question de prix de l’énergie. D’après Francesco Contino, professeur à l'école polytechnique de l'UCLouvain, interrogé par la RTBF, cela ne rendrait pas nos factures de cet hiver plus digestes. «Si on regarde l'état actuel de la production nucléaire, tout tourne et pourtant, on n'a pas fortement réduit les prix. On est plutôt dans une crise des prix. Donc, ce n'est pas forcément une action directe sur les prix que cela va occasionner».
L’idée serait plutôt de diminuer les risques en cas de pénurie de gaz cet univers et de continuer à pouvoir produire de l’électricité. «Peut-être que l'action de la ministre, c'est pour se donner plus d'options pour réattribuer du gaz dans les industries qui ne peuvent pas s'en passer et se dire qu'on utilisera du coup moins de gaz pour la génération d'électricité», imagine le professeur.
Mais il est peut-être déjà bien trop tard pour que ce scénario soit réalisable.