Crise de l’accueil des réfugiés : « Chez Fedasil, on subit aussi la situation »

La nuit dernière, pour la première fois, des familles réfugiées en Belgique n’ont pas pu être prises en charge par Fedasil. Un peu plus tôt dans la semaine, il en était de même pour des mineurs. La situation devient de plus en plus intenable.

Crise d'accueil des réfugiés
L’entrée du Petit Château, constamment prise d’assaut © Belga Image

Cela fait plusieurs mois que le ton monte aux portes du Petit Château, centre d’accueil géré par Fedasil. Les places manquent. Cruellement. Et la situation ne va pas en s’arrangeant.

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« La surcharge à laquelle nous faisons face actuellement est très difficile, nous confie Benoît Mansy, porte-parole chez Fedasil, mais elle est aisément explicable. Nous faisons face, depuis plusieurs mois à un afflux assez important de demandeurs d’asile. Mais en même temps, la durée de traitement d’un dossier prend beaucoup trop de temps, entre 15 à 18 mois en moyenne. On se retrouve donc avec chaque jour beaucoup plus d’entrées que de sortie. Mais à un moment ce n’est plus possible. »

Si pendant la crise migratoire de 2015 à 2016 de nombreux centres avaient été ouvert, créant ainsi les places manquantes tant désirées, ces derniers ont été fermés avec le temps. Et faute de moyens, tant matériel qu’humain, il parait compliqué de les rouvrir.

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« La situation que nous vivons actuellement, elle est très compliquée. On la subit. C’est évidemment très difficile pour les demandeurs d’asile mais nous sommes clairement en train de toucher à nos limites ». nous explique Benoît Mansy. « Nos centres sont pleins à craquer, on manque de place mais on manque aussi de bras. Nos équipes sont surchargées et doivent chaque jour redoubler d’inventivité et de créativité pour faire face aux problèmes rencontrés. On subit aussi la situation. »

Faire des choix

Au vu du manque de place catastrophique, il semblerait que la politique « les femmes et les enfants d’abord » prime. Ainsi, en cas de surcharge des systèmes d’accueil, ce sont les personnes les moins vulnérables qui se voient refuser une place et diriger vers d’autres solutions. Une issue loin d'être idéale.

Cependant au vu de la situation actuelle, ce n’est plus si facile que ça. « Le fait que des hommes célibataires ne trouvent pas toujours de place chez nous, s’il reste désolant, n’est pas neuf. Il dure depuis des mois, selon Benoît Mansy. « Mais nous sommes à un tel stade de saturation qu’actuellement même des personnes vulnérables, des mineurs ou des familles, ne trouvent plus de place. Chaque jour, on est forcé de faire des choix, et c’est extrêmement compliqué. »

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Un besoin de solution

Avec la mise en place du plan d’hiver, certaines mesures devraient venir soulager les acteurs de terrain qui sont à bout de souffle « Cependant il faut vraiment implémenter des solutions concrètes. A court terme, il faut rouvrir des centres et former des accueillants et renforcer nos équipes, nous explique Benoît Mansy. » Mais à long terme, ce n’est pas vraiment tenable. Il faut essayer de mettre en place des solutions pérennes qui peuvent durer dans le temps. Et surtout accélérer la procédure. Entre 15 et 18 mois, c’est beaucoup trop long. ».

Pour le porte-parole, cette longue période d’incertitudes est lourde de conséquences pour le demander d’emploi, tant sur un plan physique que mental. Le tout, dans des conditions déplorables. Il est donc urgent de revoir la procédure pour ne pas que le système implose de lui-même.

Dans cette idée, le cabinet restreint du gouvernement fédéral vient de lancer son plan d'aide afin de libérer plus de place. À court terme, 150 agents provenant d'autres services seront ainsi mis à disposition de l'Agence fédérale en charge l'accueil des demandeurs d'asile. Outre la solution à court terme, le gouvernement fédéral a décidé d'examiner la semaine prochaine comment d'autres sites d'accueil pouvaient devenir opérationnels et comment le Plan Hiver pouvait être déployé.

Reste donc à voir si cela sera suffisant pour endiguer la crise...

 

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