
Le bateau de Bruxelles est en pleine tempête, sans grande réaction, selon l'opposition

Pour la cheffe du groupe MR, Alexia Bertrand, le navire bruxellois est "en pleine tempête", mais le gouvernement régional ne parvient pas à obtenir de résultats probants après 20 années de politiques de gauche. Bruxelles est aspirée dans le tourbillon de l'appauvrissement et trois ans de "politiques écologistes moralisatrices, punitives" n'ont produit aucun résultat sur le climat.
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"17 ans, c'est le temps d'attente moyen pour une demande de logement cinq chambres...Plus de 51.000 ménages sur liste d'attente, plus de 11 ans d'attente en moyenne, et le gouvernement poursuit la même politique sans s'interroger sur son efficacité", a-t-elle dénoncé.
En matière de mobilité, la colère gronde face aux plans de circulation communaux dans le cadre de Good Move, selon l'élue libérale, car elle provient de l'incompréhension liée à une absence de consultation et d'écoute. Le manque de coordination accentue ce phénomène.
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Mme Bertrand a poursuivi en soulignant que la politique de rénovation énergétique ne réduit pas la consommation d'énergie et les émissions de gaz à effet de serre, que le taux de chômage est le plus élevé du pays et que les entreprises quittent la région en masse.
Sa collègue de la N-VA, Cieltje Van Achter, a décrit le budget comme "un énorme tas de c.... qui cache ce que vous faites vraiment: de la politique avec l'argent du prochain gouvernement". L'élue nationaliste a souligné que Bruxelles était en mauvaise posture financière. Le gouvernement présente un budget avec un déficit de 25% pour la quatrième année consécutive. Le taux d'endettement de Bruxelles dépasse déjà les 230%. Enfin, elle a reproché à Rudi Vervoort d'être totalement silencieux dans sa déclaration sur l'augmentation du prix des titres-services annoncée vendredi par le ministre Bernard Clerfayt, dans un quotidien.
"Une partie des travailleurs et de la classe moyenne glisse dans la pauvreté parce que, comme au fédéral, vous ne prévoyez que des cacahuètes pour aider les gens. Ce n'est pas en renvoyant les travailleurs vers les CPAS déjà débordés qu'on va les aider à payer des factures d'énergie de 600 ou 800 euros par mois", a embrayé la cheffe du groupe PTB, Françoise De Smedt.
Pas une seule fois Rudi Vervoort n'a parlé d'avancer dans la construction de logements sociaux et il n'y a toujours rien pour encadrer de manière contraignante les loyers sur le marché privé. Il affirme aussi investir massivement dans les transports en commun, mais en nombre de lignes, l'offre reste insuffisante, a-t-elle regretté, déplorant une absence d'annonces structurelles majeures. "Nous espérions du gouvernement un signal clair envoyé aux citoyens bruxellois fragilisés par les crises successives. Nous restons sur notre faim face à une longue litanie de mesures déjà connues et sans fil conducteur. Pas de souffle. Pas de grandes annonces structurantes pour relancer la machine et nous rassurer... Nous sommes préoccupés", a commenté pour sa part Céline Fremault (Les Engagés).
Le budget bruxellois dans le rouge
Pour Bianca Debaets (CD&V), "les rares points positifs de cette déclaration de politique générale ne compensent pas du tout le fait que le budget se situe plus que jamais dans le rouge vif et que les intérêts de la classe moyenne se trouvent toujours aux oubliettes".
Dans la majorité, tour à tour les chefs des groupes socialistes et écologistes, Ridouane Chahid et John Pitseys, s'en sont pris au MR, qui alimente selon eux le bashing anti-Bruxelles. "La critique est aisée et le rôle de l'opposition c'est peut-être aujourd'hui, à l'heure où les crises s'enchainent, d'être dans une logique d'opposition constructive qui aurait une plus-value dans l'action menée pour les Bruxellois", a notamment dit le premier. "Cela fait 20 ans que le MR est dans la majorité fédérale, et il semble avoir tous les jours du mal à découvrir que ça implique des responsabilités. Cela fait 20 ans que le MR est dans l'opposition à la Région et on ne sait toujours pas ce que sa main droite dit à sa main gauche. Sur ce point au moins, je suis d'accord avec ma collègue: Bruxelles mérite mieux", a dit le second.
Dans sa réponse, le ministre-président Vervoort a fait observer qu'il avait entendu peu de propositions concrètes de la part de l'opposition lors du débat sur sa déclaration. Concernant la critique selon laquelle celle-ci évoquait peu de nouvelles propositions, il s'en est référé, entre autres, aux crises successives auxquelles le gouvernement a dû trouver une réponse.
M. Vervoort a enfin souligné que le budget constituait un équilibre entre, d'une part 200 millions de recettes supplémentaires provenant de l'augmentation de la dotation fédérale, l'amélioration des recettes provenant de l'IPP et des taxes régionales et, d'autre part quelque 150 millions d'économies du passé et la réforme des administrations régionales. "Mais pour atteindre l'équilibre en 2024, comme le prévoit le budget pluriannuel, nous devons passer faire un effort supplémentaire", a-t-il reconnu.