Plus d’un tiers des jeunes inquiets pour leur futur: voici ce qui les préoccupe

Le JDE dévoile un grand sondage sur l'état d'esprit des jeunes, notamment sur ce qui les inquiète pour leur avenir. Parmi leurs préoccupations: le climat.

Dépression chez un ado
Un adolescent dépressif sur un siège ©BelgaImage

Être un enfant en 2022 est pour beaucoup synonyme d'anxiété. C'est l'une des conclusions du grand sondage du JDE (Journal des Enfants) publié ce 1er décembre pour les 30 ans du magazine. Dans son chapitre sur l'«avenir des enfants», il s'avère ainsi que «33 % des 7-13 ans se disent un peu ou très inquiets pour le futur». Une proportion qui monte à 44% chez les 14-17 ans. Le JDE a ensuite listé tous les problèmes qui inquiétaient les jeunes et a constaté que parmi tous les sujets évoqués, il y en a un qui dépasse de loin tous les autres: le climat.

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L'éco-anxiété, première source de stress chez les enfants

Au total, 23% des mineurs citent le changement climatique comme leur principale source de préoccupation. Pour être plus précis, 20-21% des 7-11 ans expriment cette crainte et 28-29% des plus de 12 ans. Le deuxième sujet d'inquiétude, c'est la guerre. Une peur «probablement liée à la situation en Ukraine», estime le JDE. Arrivent ensuite deux problématiques liées au niveau de vie: la pauvreté (7%) et le pouvoir d'achat (5%). Ici, on peut supposer que le contexte, marqué par une hausse de l'inflation, participe à cette tension ambiante.

À moindre échelle, le JDE pointe toute une série d'autres problèmes qui pèsent sur le mental des jeunes. Il y a notamment le travail (7%), dans le sens de trouver plus tard un emploi qui plaît à ces adultes en devenir. La liste est complétée par la réussite des études (5%), l’avenir (4%), la mort et la réussite dans la vie (3%), la solitude et la maladie (2%).

84% des jeunes dans le monde «au moins modérément» éco-anxieux

De ce sondage, le magazine en retient que l'éco-anxiété est devenue un véritable souci chez les jeunes d'aujourd'hui. Un phénomène qui a également été étudié au niveau mondial, avec des conclusions sont assez similaires, voire encore plus préoccupantes. C'est ce que montre une étude publiée dans The Lancet en décembre 2021, menée sur 10.000 jeunes de 16 à 25 ans dans dix pays dans le monde entier (Australie, Brésil, Finlande, France, Inde, Nigéria, Philippines, Portugal, Royaume-Uni et États-Unis). Il en ressort que 84% d'entre eux «étaient au moins modérément préoccupés par le changement climatique». Ils sont 59% à se dire «très ou extrêmement inquiets».

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Dans le détail, ce niveau d'éco-anxiété varie de pays en pays. Ceux les plus touchés «ont tendance à être plus pauvres, dans les pays du Sud, et plus directement touchés par le changement climatique». C'est notamment le cas des Philippines, où 49% des jeunes se disent «extrêmement inquiets», un record. Cet État cumule en effet les problèmes. Outre la déforestation et ses cultures du riz très impactées par le changement climatique, le pays est situé en plein milieu de la «ceinture des typhons», alors que les cyclones se montrent toujours plus puissants. En Occident, c'est le Portugal qui montre le niveau d'inquiétude le plus élevé (30% des Portugais sont «extrêmement inquiets»). Un résultat que l'étude lie directement à l'«augmentation spectaculaire des incendies de forêt depuis 2017». En France, pays un peu mieux protégé des effets du réchauffement de la planète, 18% des jeunes sont «extrêmement inquiets», 40% «très inquiets» et 28% «modérément inquiets», ce qui donne un total de 86%.

Éco-anxiété

Niveaux d'inquiétude face au changement climatique ©The Lancet

Enfin, «plus de 45 % des personnes interrogées ont déclaré que leurs sentiments à l'égard du changement climatique affectaient négativement leur vie quotidienne et leur fonctionnement». «Plus de 50 % ont déclaré chacune des émotions suivantes : triste, anxieux, en colère, impuissant, impuissant et coupable [...] 75% ont déclaré qu'ils pensaient que l'avenir était effrayant et 83 % ont déclaré qu'ils pensent que les gens n'ont pas pris soin de la planète», ajoutent les chercheurs. Des résultats alarmants vu que le risque de développer des problèmes de santé mentale en ressort accru, surtout lorsque cette exposition au stress chronique arrive pendant l'enfance.

La faute aux autorités?

L'étude de The Lancet comporte un dernier volet: le rôle des gouvernements dans cette éco-anxiété des jeunes. «Cette détresse était associée à des croyances sur une réponse gouvernementale inadéquate et à des sentiments de trahison», note-elle. Dans tous les pays, les participants ont en effet signalé «un plus grand sentiment de trahison que de réconfort» suite à l'annonce de mesures étatiques pour contrer le réchauffement climatique. Le Brésil est l'État où ce ressenti négatif était le plus fort, probablement en lien avec la politique de déforestation et de climato-scepticisme du gouvernement d'extrême-droite de Jair Bolsonaro.

Éco-anxiété

Sentiments de réconfort (bleu) et de trahison (rose saumon) liés à la réponse du gouvernement au changement climatique ©The Lancet

Au vu de ces résultats, les chercheurs ne cachent pas leurs préoccupations. Ils jugent que L'échec des autorités à protéger les jeunes du changement climatique «pourrait être considéré comme un échec des droits humains et de la responsabilité éthique de prendre soin d'eux». «L'échelle mondiale de cette étude est suffisante pour justifier un avertissement aux gouvernements et aux adultes du monde entier, et elle souligne le besoin urgent d'une plus grande réactivité aux préoccupations des enfants et des jeunes, d'une recherche plus approfondie et d'une action immédiate sur le changement climatique».

Outre les jeunes, une préoccupation de la population toute entière

L'éco-anxiété ne concerne toutefois pas que les jeunes. Il y a un an, des chercheurs néo-louvanistes ont publié une étude qui se donnait pour but d'identifier l'ampleur du problème, les mécanismes psychologiques associés et les conséquences d'un tel niveau de stress. L'enquête, menée auprès de 2.080 francophones de huit pays européens (dont la Belgique) et africains, montre que 12% de la population est régulièrement frappée par l'éco-anxiété et que «les femmes et les personnes les plus jeunes (- de 40 ans) sont davantage impactées». Il n'y a pas de différence significative entre l'Europe et l'Afrique, ni en fonction du niveau d'éducation.

À lire: Une personne sur 10 souffre d’éco-anxiété: quelles conséquences?

Cette tension engendre ensuite des «troubles tels que des inquiétudes, des pleurs, des difficultés de sommeil». Elle peut toutefois également «être associée positivement à la mise en place de comportements éco-responsables». Petit bémol: ces réactions positives «se remarquent davantage chez les personnes présentant des niveaux de stress plus faibles», une éco-anxiété trop intense «coupant toutes capacités d’action». L'étude en conclut «que l’éco-anxiété entrave le bien être d'une proportion importante de personnes et qu’elle constitue une menace pour l'adaptation comportementale au changement climatique».

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