
«Un texto ne peut jamais révoquer une décision du gouvernement» : Alexander De Croo se défend dans la polémique des échanges Whatsapp
Alexander De Croo a pris la parole devant la Chambre ce mercredi matin, pour répondre “à toutes les questions” au sujet du budget. Le Premier ministre est en effet accusé par des membres du gouvernement – PTB et N-VA en tête -, d’avoir en réalité approuvé le budget erroné tel que présenté par la secrétaire d’État au Budget Eva de Bleeker (qui a depuis démissionné), alors qu’il l’a nié.
À lire aussi : De Croo a-t-il menti au Parlement? Des messages WhatsApp sèment le trouble
Le Premier ministre a d’abord été interpellé par Sander Loones (N-VA), très critique depuis le début de l’affaire. “Les citoyens peuvent-ils vous faire confiance ? Est-ce que nous pouvons vous faire confiance ? Allez-vous finalement tout montrer, toutes les communications qui ont eu lieu entre vous et la secrétaire d’État Eva de Bleeker ?”, a lancé le député flamand, rappelant qu’il a demandé à plusieurs reprises depuis début novembre à Alexander De Croo de la transparence sur le sujet. Il a reproché au Premier ministre la publication, dans la presse, d’échanges avec Eva De Bleeker, alors que ces messages échangés n’ont pas été fournis aux membres du Parlement, malgré des demandes répétées : “Vous donnez toujours tout à la presse, et rien au Parlement. Nous en avons assez (…) Nous demandons toutes les communications échangées, via tous les canaux”.
”Eva De Bleeker a démissionné pour une faute que vous avez commise”
”Vous avez reproché des fautes à Eva De Bleeker, qui a dû faire, seule, une conférence de presse pour s’expliquer”, a enchaîné Barbara Pas (Vlaams Belang), dénonçant un manque de prise de responsabilité de la part d’Alexander De Croo. “Que doit-il se passer en Belgique en 2022 avant que le Premier ministre ne donne sa démission ?”, a poursuivi Barbara Pas, qui a affirmé que “des mensonges” étaient une raison suffisante.
”Madame De Bleeker a démissionné pour une faute que vous avez commise, pour laquelle vous avez donné votre accord”, a jugé Sophie Merckx (PTB), demandant à Alexander De Croo de prouver que la confiance pouvait encore lui être accordée. “Madame De Bleeker vous a servi de fusible, comme plusieurs de ses collaborateurs, qui se sont fait dégommer”, a renchéri la députée des Engagés Catherine Fonck. “
”Le gouvernement est-il sérieux?”, a attaqué Jean-Marie Dedecker. “Qui a signé le budget ? Car madame De Bleeker est secrétaire d’État, donc sous la responsabilité d’un ministre… qui a signé le budget”, a pointé le député, accusant lui aussi Alexander De Croo d’avoir menti quant à l’existence des fameux messages Whatsapp.
"Eva De Bleeker a été sacrifiée car elle a osé dire la vérité, elle a eu l'honnêteté de faire preuve de transparence dans un gouvernement qui n'a jamais vraiment eu de cap budgétaire", a de son côté relevé Sophie Rohonyi (DéFI). "Ce qui pose problème ici, c'est l'étendue du déficit budgétaire", "un déficit abyssal", a martelé Sophie Rohonyi, reprochant un "manque de rigueur budgétaire" au gouvernement.
Alexander De Croo se défend
Le Premier ministre a ensuite pris la parole pour répondre aux accusations des députés de la Chambre.
"Le budget est un moment clé du gouvernement. Le budget est convenu au sein d'un conclave, dont découle ensuite des lois [...] C'est le gouvernement, au complet qui décide, et les secrétaires d'État qui exécutent, et pas l'inverse. C'est le gouvernement qui délimite le cadre budgétaire", a déclaré Alexander De Croo, rappelant le fonctionnement du gouvernement.
"L'exposé d'Eva De Bleeker n'était pas conforme aux décisions prises par le gouvernement, et mon cabinet l'a signalé, via les voies de communications officielles, les notifications [...] Moi seul, je ne pouvais pas modifier le texte", a poursuivi Alexander De Croo, avant de lire la notification envoyées à ses collègues faisant état du problème et expliquant qu'il fallait que le gouvernement se réunisse à nouveau.
"Un texto ne peut jamais révoquer une décision du gouvernement", a-t-il ajouté, en référence aux messages Whatsapp diffusés dans la presse. Quelque peu remonté, le Premier ministre s'est ensuite défendu sur les accusations de mensonges: "Je n'ai jamais nié l'existence de messages Whatsapp, mais bien celle de messages approuvant l'erreur budgétaire. Vous me dites qu'ils existent des messages disant que j'ai dit 'ok' pour modifier le texte fondamentalement, et ça, ce n'est pas vrai".