
Accord sur le permis de l'aéroport de Liège: un quota de bruit et de mouvements instauré

Le gouvernement wallon s'est accordé samedi soir peu avant 20h00 sur le renouvellement du permis unique à l'aéroport de Liège, annonce le cabinet du ministre-président Elio Di Rupo dans un communiqué.
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De nouveaux quotas
Les avions dont le quota de bruit par mouvement au décollage (QC-D) ne respecte pas les valeurs maximales requises seront interdits de décollage entre 23h00 et 7h00, selon un système dégressif. Ces quotas seront établis à 30 à partir du 1er janvier 2024, 25 en 2025, 20 en 2030 et 13 en 2033. 55.000 mouvements seront autorisés par an en excluant les avions de moins de 34 tonnes et/ou de moins 19 passagers, qui représentent 15% des mouvements actuels.
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Les discussions avaient repris samedi à l'Élysette à Jambes (Namur) après que les ministres se soient quittés la veille sans accord sur ce renouvellement. Le permis unique délivré fin août par les fonctionnaires délégués de la Région autorisait l'exploitation de l'aéroport pour les 20 prochaines années, mais en limitant ses capacités à 50.0000 mouvements par an et en établissant un quota de bruit appelé à diminuer d'année en année.
Des conditions intenables, estimait depuis le début l'aéroport et ses principaux opérateurs qui avaient introduit des recours sur lesquels devait statuer le gouvernement régional avant le 1er février. Mais au sein de ce dernier, les avis divergeaient, entre la ministre de l'Environnement Céline Tellier (Ecolo), qui ne voulait pas faire de l'aéroport liégeois «la poubelle sonore de l'Europe», tandis que le ministre en charge de l'Aménagement du territoire, Willy Borsus (MR), qualifiait de «destructrice» la limitation à 50.000 vols par an.
Les écolos satisfaits, Willy Borsus salue un «résultat équilibré»
Les membres Ecolo du gouvernement wallon se réjouissent de la décision de limiter le nombre de vols à l'aéroport de Liège à 55.000 mouvements par an. «On a levé le pied de l'accélérateur. Et en cela, c'est une victoire», a commenté samedi la ministre régionale de l'Environnement, Céline Tellier, dans une réaction à Belga. «On n'obtient certes pas les 50.000 (souhaités par Ecolo, NDLR), mais le master plan de l'aéroport prévoyait de 67 à 70.000 mouvements par an», a observé la ministre. La limitation des mouvements sera déjà en vigueur pour cette année 2023. «Chacun doit faire sa part dans l'effort climatique», a-t-elle conclu. Quant aux 15% de mouvements non concernés par la limitation, «le gouvernement a suivi la proposition de l'administration», a précisé la ministre.
Par voie de communiqué, le vice-président Ecolo du gouvernement wallon, Philippe Henry, a salué un accord qui «préserve l'équilibre, comme nous l'avions toujours souhaité, entre déploiement économique régulé, soutien à un pôle d'emploi majeur pour la Wallonie et Liège, qualité de vie des riverains et enjeu climatique. Pour la première fois en Wallonie, l'autorité publique décide d'installer pour des raisons climatiques et de qualité de vie un plafond à l'extension de l'activité aéroportuaire».
«Oui, ce fut long et compliqué, mais le résultat équilibré mérite d'être souligné», a réagi le ministre wallon de l'Économie Willy Borsus (MR) samedi soir. «Il préserve le développement de l'emploi et le développement de l'aéroport - il était essentiel pour moi de ne pas précipiter 10.000 familles dans l'angoisse - et respecte les préoccupations des riverains». Sur la question des 15% hors quota, il s'agira d'une limitation à quelque 63.250 vols par an. «L'année dernière, nous étions à 39.000. Cela laisse une trajectoire de développement raisonnable», a souligné Willy Borsus. «Et je note que le gouvernement a acté la possibilité de demander un complément à l'étude d'incidence». «Cet accord doit, me semble-t-il, réjouir les différents intervenants: les travailleurs, les entreprises et les riverains», a-t-il conclu.
L'aéroport salue «un signal positif»
«Pour les entreprises et les milliers d'emplois directs et indirects de l'écosystème aéroportuaire, cette décision est un signal positif», réagit la direction de l'aéroport de Liège samedi dans un communiqué. «Nous tenons à remercier les différents ministres pour la compréhension du rôle crucial que joue l'aéroport dans la région liégeoise et, plus largement, pour la Wallonie», commente-elle.
Le conseil d'administration de Liege Airport et le management annoncent toutefois qu'ils «prendront le temps de l'analyse en détail du nouveau permis et décideront, le cas échéant, des actions à entreprendre». L'aéroport assure aussi «assumer sa part dans le momentum climatique actuel»: «avec l'aide de la Sowaer, notre politique environnementale se déploie depuis plusieurs années (rachats et insonorisations massifs d'immeubles, énergies renouvelables, économies d'énergie, avions plus silencieux)», explique Laurent Jossart, CEO, cité dans le communiqué. «Mettons tout en œuvre pour décarboner l'aviation. Agissons de l'intérieur et développons nos collaborations multimodales pour remplacer l'avion lorsque cela est possible. Notre site aéroportuaire poursuit ses échanges avec les partenaires logistiques en ce sens. Construisons ensemble un aéroport plus vert et transformons notre économie vers toujours plus de durable», conclut-il.
Liege Airport rappelle aussi que son développement se poursuit et «continue à être attractif pour le monde du cargo aérien»: «les arrivées récentes de MSC Air Cargo et imminente d'Air Canada cargo sont des signaux forts envoyés au marché».