
«Midwest», «le Pays des Rivières», etc.: ces nouvelles «régions» de Flandre qui font débat

À défaut d'avoir une réforme de l'État fédérale, le gouvernement flamand vient d'adopter sa propre «réforme de l'État». Ce 2 février, le gouvernement flamand a dévoilé sa nouvelle carte administrative où apparaissent 15 «régions» couvrant tout son territoire. Les habitants du nord du pays ont ainsi pu découvrir à quelle circonscription ils appartiennent désormais. Un changement parfois intriguant, vu les dénominations choisies, mais qui fait surtout controverse du côté des bourgmestres. Certains d'entre eux s'inquiètent notamment des conséquences indirectes de cette nouvelle division.
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Du «Westhoek» au «Pays des Rivières»
Le but annoncé de cette réforme est simple: il s'agit de lutter contre le morcellement administratif de la Flandre, où les intercommunales ont tendance à se chevaucher sans souci de cohérence (que ce soit pour les zones de police, d'urgence, de gestion des déchets, etc.). Désormais, les communes sont contraintes à s'adapter au cadre qui leur est imposé par ces nouvelles «régions».
Certaines ont des noms neutres, surtout pour les grandes villes flamandes qui se retrouvent au centre de régions homonymes: «Région de Gand», «Région de Bruges» ou encore «Région d'Anvers». D'autres ont une côté très pittoresque lié au terroir, comme les «Ardennes flamandes», «Campine», «Pays de Waes» et «Côte centrale». Puis il y a celles qui prêtent un peu un sourire, comme avec le «Midwest» qui fait un peu penser aux USA, sans oublier des noms plus poétiques comme le «Pays des Rivières».
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Quant aux habitants de la périphérie de Bruxelles, ils sont répartis entre deux de ces régions. La majorité se retrouve dans celle de Hal-Virvorde. Ceux qui résident à Tervuren, Overijse et Hoeilaart finissent quant à eux dans le «Brabant oriental». À noter par ailleurs que les provinces ne disparaissent pas. Elles survivront à l'apparition de ces régions, contrairement aux intercommunales telles que les Flamands les connaissent aujourd'hui.
Daarnet spraken we met Bart Somers over de definitieve opsplitsing van Vlaanderen in regio's. Benieuwd waar jouw stad of gemeente zal zitten? Bekijk het hieronder.
Het Laatste Nieuws gaf alvast de nodige inzichten via onderstaand kaartje pic.twitter.com/s2CIK12atb
— Lennart Creël (@LennartCreel) February 2, 2023
L'inquiétude d'un bon nombre de communes
C'est justement ce dernier point qui fait polémique au nord du pays. Plusieurs municipalités ont fait connaître leur mécontentement suite à ce qui est présenté par le gouvernement flamand comme une simplification administrative. À Middelkerke par exemple, le bourgmestre Jean-Marie Dedecker se plaint de voir sa commune regroupée dans la région «Côte centrale», chapeautée par la ville d'Ostende. «C'est une stratégie typique d'Ostende d'absorber toutes les petites communes», s'indigne-t-il auprès de la VRT, en craignant des coûts supplémentaires pour les habitants de sa localité. «C'est le début d'une annexion [...] Il s'agit clairement d'une préparation à une fusion obligatoire».
D'autres élus estiment que l'ancienne organisation en intercommunales avait aussi ses qualités. Des collaborations avec des communes voisines devront notamment être abandonnées à cause du cadre plus rigide de ces régions. Quelques communes évoquent aussi des motifs identitaires. Celle de Gavre, qui appartient culturellement et géographiquement aux Ardennes flamandes, se désole ainsi de ne pas être rattachée à la région homonyme. «Le nouvel aménagement peut avoir des conséquences négatives en termes touristiques», se désole le bourgmestre.
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Quelques-uns se réjouissent toutefois de la décision du gouvernement flamand, comme le bourgmestre de Roulers qui est heureux de se voir appartenir à la région «Midwest». Quant aux Limbourgeois, pour eux c'est facile: ils appartiennent tous à une seule et unique région «Limbourg» qui correspond au territoire de l'actuelle province.
En théorie, la réforme régionale doit entrer immédiatement en vigueur. Dans les détails, des nuances peuvent apparaître. Une période d'adaptation a ainsi été édictée jusqu'au 31 décembre 2030, voire jusqu'au 31 décembre 2036 pour les intercommunales des déchets.