
Paul Magnette : «Les Flamands doivent toujours travailler dur, les Wallons aiment profiter de la vie. Est-ce si mal ?»

Au cœur de l’actualité depuis plusieurs jours, le président du Parti socialiste, Paul Magnette, continue de faire parler de lui après une interview pour le magazine néerlandophone ‘Dag Allemaal’.
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Alors que les élections fédérales auront lieu dans moins de 500 jours maintenant, le socialiste Paul Magnette est annoncé comme l’un des candidats au poste de Premier ministre. Depuis, plusieurs sorties médiatiques de sa part font les titres partout en Belgique. Le politicien ne fait toutefois pas l’unanimité dans l’opinion, notamment auprès des nationalistes flamands. Ces derniers n’accepteraient l’idée que si le confédéralisme s’appliquait en Belgique. Mais pour le Wallon, ceci est inenvisageable. “Le confédéralisme signifie la fin de la Belgique. Si vous divisez la sécurité sociale, il ne vous restera pas de pays. Alors pourquoi la N-VA veut-elle encore garder la Belgique ? Simple : parce qu’ils veulent Bruxelles.”
Par cette phrase, Paul Magnette vise le chef de la N-VA, Bart De Wever, avec qui il cultive beaucoup de différences idéologiques. Mais dans leur fonction respective de bourgmestre de grande ville, ils sont tous les deux amenés à combattre un fléau, la drogue. “Je peux lui reprocher beaucoup de choses, mais pas son combat contre la drogue. Anvers possède un port mondial, qui s’avère crucial pour le transit de la drogue. Nous devons nous attaquer à ce phénomène au niveau national et international, et c’est ce que nous faisons”, poursuit-il.
L’un des sujets les plus clivants entre les Flamands et les Wallons a également été abordé lors cette interview pour le ‘Dag Allemaal’: le chômage. Le week-end dernier, le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD) avait tiré à boulets rouges sur Paul Magnette à ce propos et avait fait référence au fait que l’homme fort des rouges postulait pour le poste de Premier Ministre. “Nous sommes à 500 jours des élections. Apparemment, Magnette y travaille. Si j’étais à sa place, je m’inquiéterais du fossé gigantesque – qui continue à se creuser – entre le nombre d’employés en Flandre et le nombre de chômeurs en Wallonie. Le PS a tous les leviers pour faire quelque chose à ce sujet”. Les derniers chiffres montrent que le taux d’emploi en Flandre est de 76 %, tandis qu’en Wallonie, il est beaucoup plus bas : 65 %. Par ailleurs, le taux de pauvreté à Bruxelles et en Wallonie est beaucoup plus élevé.
Comment Paul Magnette explique-t-il une telle différence entre le sud et le nord du pays ? Le socialiste invoque la destruction de l’industrie dans les années 60.
”Jusque dans les années 1960, la situation était inversée et la Flandre pauvre bénéficiait de la solidarité belge. J’ai l’impression que les Flamands en veulent parfois trop. Je le comprends d’une certaine manière : pendant des siècles, il y a eu de la pauvreté, et il est apparemment dans les gènes de travailler aussi dur que possible”, explique Magnette avant de raconter une blague pour mettre en avant un cliché qu’il décrit juste après : “Pourquoi repousser si longtemps le bonheur, se demandent de nombreux Wallons. Les Wallons aiment profiter de la vie. Est-ce si mal ?”