Pas de passage piétons arc-en-ciel à Woluwe-Saint-Pierre, l’espace public doit rester « ouvert à tous » selon Benoît Cerexhe

La proposition de peindre un des passages pour piétons de la commune de Woluwe-Saint-Pierre a été rejetée par son bourgmestre Benoît Cerexhe (Les Engagés). Une décision qui divise.

passage piéton arc-en-ciel
© Belga Image

« Il manque quelque chose sur le plan symbolique, un signal fort et pérenne dans l’espace public », a déclaré Cécile Vainsel (PS), à l’origine de la demande. Dans cette idée de soutenir la communauté LGBTQIA+ et de lui accorder plus de visibilité, la conseillère socialiste a proposé, à l’image de ce qui se fait dans d’autres communes bruxelloises, de peindre un passage piéton aux couleurs de l’arc-en-ciel.

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Une demande qui est restée lettre morte lors du dernier conseil communal de la commune où le bourgmestre Benoît Cerexhe a refusé tout net la proposition, comme le rapporte BX1. «Votre demande me laisse, personnellement, un peu perplexe », ne cache-t-il pas.

Une question de neutralité

L’une des principales raisons invoquées par le maïeur réside dans la neutralité d’une commune. Pour lui, une commune « a un devoir de neutralité, même s’il peut y avoir des sensibilités différentes sur ce dossier au sein du collège », se justifie-t-il.

De plus, selon ce dernier, l’espace public doit rester accessible à tous. Et privilégier une cause au détriment d’une autre ne serait pas juste. Si Benoît Cerexhe a voulu réaffirmer « le soutien de la commune à la communauté LGBTQIA+ » et se dit favorable à un support temporaire à la communauté. En revanche, le caractère pérenne des couleurs arc-en-ciel sur l’un des trottoirs de sa commune semble le chiffonner. « Que vont penser d’autres porteurs de causes tout aussi nobles si nous ne pouvons répondre favorablement à leur demande ? Tout le monde doit se sentir admis dans l’espace public, notamment ceux qui ne soutiennent pas certaines cause », juge-t-il.

Un « mélange de genres ? »

Face à la proposition, le bourgmestre évoque un certain « mélange de genres » qui l’interpelle. “Je m’interroge sur ce mélange des genres. Un passage piéton a une fonction très claire : sécuriser la traversée des piétons. Doivent-ils servir à soutenir d’autres causes ? Admettons que nous fassions aujourd’hui des passages arc-en-ciel. Quid si demain on nous interpelle pour d’autres causes ?”

Dans les ruelles pavées du centre historique de Bruxelles, à un jet de pierre de la Grand Place, les drapeaux arc-en-ciel fleurissent, çà et là. Certains des passages piétions y revêtent les couleurs flamboyantes de la communauté LGBTQIA+.

Comme le reconnait bien Benoît Cerexhe, « la Ville de Bruxelles a fait des passages arc-en-ciel dans le quartier gay et célèbre du Plattesteen, relève le maïeur. La signification de ce quartier est évidente, me semble-t-il. C’est un clin d’œil, sans doute, immanquable. Mais est-ce qu’on ne peut pas douter de la pertinence de ce type de passage ici à Woluwe-Saint-Pierre. » Et puis, selon lui « ce n’est pas parce que d’autres l’ont fait qu’on doit le faire automatiquement. »

Une réaction inquiétante

Du côté de la Rainbow House, cette sortie du bourgmestre inquiète. «Les passages piétons aux couleurs de l’arc-en-ciel, ce n’est pas du militantisme. C’est un véritable enjeu de société», rappelle-t-on.

«Cela fait partie des journées IDAHOT (ndlr. journée mondiale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie, le 17 mai cette année), un projet que les communes approuvent et dans lesquelles elles s’engagent», nous dit-on. «Et c’est inquiétant de voir qu’en Belgique, alors que les droits LGBTQIA+ sont à la pointe, ces avancées et ces droits sont ainsi contestés et/ou dénigré.»

Au sein de l’association, une question demeure : «En quoi cela pose-t-il problème d’être visible dans l’espace public ?»

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